Mali : Karim Keïta, « Papa m’a pas dit »

Karim Keïta, le fils du président malien, veut faire carrière en politique. Oui, mais… son père IBK est réticent. Aux législatives du 24 novembre, le candidat devra donc faire ses preuves tout seul.

Né à Paris, Karim Keïta, 34 ans, a vécu en Belgique et au Canada avant de rentrer au Mali. © DR

Né à Paris, Karim Keïta, 34 ans, a vécu en Belgique et au Canada avant de rentrer au Mali. © DR

Publié le 22 novembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Il est jeune, né à Paris, il a vécu loin des terres familiales, il a le sens des affaires, des ambitions politiques… et son père est président. Mais ce Karim-là ne vit pas au Sénégal et n’est pas le fils d’Abdoulaye Wade.

À 34 ans, le fils d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) présente bien des similitudes avec celui qui croupit dans la prison du bord de mer de Dakar depuis plus de six mois.

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Pourtant, la comparaison lui paraît hors de propos. "Je ne vois pas le rapport", confie-t-il à Jeune Afrique, tout en assurant que les attaques dont il fait l’objet depuis plusieurs semaines le laissent de marbre.

Il devra se faire élire le 24 novembre

Il est vrai que, contrairement à Karim Wade, Karim Keïta n’a pas attendu d’être nommé par son père à un poste de conseiller pour faire son entrée en politique. Après l’élection d’IBK en août, la presse a évoqué cette possibilité, parlant de Karim Keïta comme d’un "conseiller officieux extrêmement influent" qui aurait notamment eu son mot à dire sur la composition du gouvernement. "C’est mal connaître mon père", rétorque l’intéressé, qui déclare voir rarement ce dernier depuis son installation au palais de Koulouba.

Avant de pouvoir prétendre à quoi que ce soit, il devra donc faire ses armes. Première étape : l’Assemblée nationale. Pour cela, Karim Keïta, qui a été investi par l’alliance au pouvoir, devra se faire élire le 24 novembre, jour des élections législatives, dans la circonscription de la commune II de Bamako. Là encore, rien ne lui a été donné. Il a d’abord dû batailler pour obtenir l’aval de son père. "Il s’y opposait. Il ne voulait pas que je me lance en politique. C’était une manière de me protéger. Il m’a fallu une grande persévérance et l’intervention de la famille pour le faire plier." Puis il a fait face à la fronde d’une partie des militants du Rassemblement pour le Mali (RPM) qui ne voulaient pas de lui comme candidat. "On ne l’a jamais vu sur le terrain. Il n’a même pas sa carte du parti !" déplore l’un d’eux.

Karim Keïta lui-même admet que son expérience politique est pour l’heure bien maigre.

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Karim Keïta lui-même admet que son expérience politique est pour l’heure bien maigre. Certes, cela fait plus de quatre ans qu’il pense à se présenter à une élection et il a accompagné son père lors des deux dernières présidentielles : en 2007, un an après son retour au pays, il avait mis sur pied des comités de soutien dans la capitale ; cette année, il s’est occupé de la logistique et a fait l’interface avec l’agence chargée d’assurer la communication d’IBK. Mais entre ces deux scrutins, il ne s’est guère fait remarquer, trop occupé à se lancer dans la location de voitures et le conseil aux investisseurs (deux sociétés qu’il a baptisées à l’identique, Konijane, en couplant les noms de ses grands-mères).

"Fils à papa", "flambeur qui aime l’argent" : ses adversaires n’hésitent pas à forcer le trait. Mais, comme pour son aîné sénégalais, c’est surtout sur ses années passées à l’étranger que ses détracteurs insistent – il a vécu en Belgique à partir du lycée puis au Canada pour suivre des études de commerce international. "Confions la commune II à ceux qui la connaissent, ceux qui y vivent au quotidien, et non à des intrus qui s’en réclament pour les besoins des législatives, alors qu’ils n’y habitent même pas", entend-on persifler dans les meetings. Bienvenue en politique !

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