Angolagate: Paul Anselin, ancien maire UMP de Ploërmel, s’explique

Paul Anselin, ex-maire UMP controversé de Ploërmel (Morbihan), a défendu au procès de l’Angolagate son rôle de « lobbyiste » au Mexique pour expliquer les quelque 485. 000 euros qu’il est accusé d’avoir reçu indûment de la part de la société de Pierre Falcone.

Publié le 20 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

Collier de barbe, pantalon gris et blazer, cet ancien maire de 77 ans est habitué aux critiques pour avoir érigé, partiellement sur fonds publics, une statue géante de Jean-Paul II sur sa commune rurale, qu’il a équipée de caméras de surveillance.

Mais celui qui a servi dans une dizaine de cabinets ministériels risque cinq ans de prison pour recel d’abus de biens sociaux.

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En 1997, l’alternance politique l’a bouté du ministère des Affaires étrangères quand il rencontre Pierre Falcone, l’un des principaux prévenus dans ce procès de commerce d’armes de guerre vers l’Angola.

"Il m’a demandé si j’étais intéressé par un travail au Mexique", où il prospectait dans le pétrole et la sécurité, raconte cet ancien militaire et préfet.

Certes, l’un de ses co-prévenus souligne qu’il ne parle pas espagnol, mais Paul Anselin justifie ses compétences : "j’y étais allé lors de la visite officielle du ministre des Affaires étrangères Hervé de Charette. Je connaissais l’ambassadeur. . . J’avais un carnet d’adresses", dit ce proche de Jacques Chirac.

"Il m’a donné des indications sur le Mexique en général. . . ", dira aux enquêteurs Pierre Falcone, absent mardi.

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Pierre Anselin signe en octobre 1997 un "contrat de lobbyiste". "Pierre Falcone m’avait dit, vous avez carte blanche pour ouvrir des portes à très haut niveau et j’ai entamé des relations d’amitié avec les trois candidats aux élections présidentielles, dont le gagnant Vincente Fox", en décembre 2000.

"Vous avez des traces de votre travail ?", demande le président Jean-Baptiste Parlos.

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"Il n’est pas dans ma culture de faire des comptes-rendus écrits".

"Y-a-t-il eu des résultats concrets de votre action?", insiste le juge.

"A ma connaissance, non, mais je n’étais pas un agent commercial (. . . ) Je n’avais pas d’obligation de résultats", dit Paul Anselin qui donne des exemples de son action : un rendez-vous obtenu avec le ministre mexicain de l’Economie, ou encore un projet inabouti de dîner avec George W. Bush, alors Bush Junior.

Pour son action, il touchera 25. 000 francs hors taxe par mois. "Un consultant international de haut-niveau, c’était à l’époque 8 à 10. 000 francs jour", se défend-il.

L’accusation lui reproche de s’être fait payer des voyages sans relation avec son travail, dont l’un à Bogota avec sa compagne et son fils.

"C’était un cadeau de Pierre Falcone sur sa cassette personnelle", assure l’ancien maire.

Il y a encore la voiture avec chauffeur que Brenco, la société de Pierre Falcone, a mis à sa disposition pendant trois ans pour une facture totale de 1,9 MF. Cela faisait partie du "standing nécessaire", avait-il assuré à l’enquête.

A la barre, il juge la somme "exorbitante" et souligne qu’il "n’avait pas l’exclusivité" de ce véhicule, alors qu’élu breton, il n’était que deux ou trois jours par semaine à Paris.

Foulards, cravates et parfums des grands designers français : Paul Anselin partait au Mexique avec des "cadeaux" pour ses contacts. Ce qui lui valut le surnom de "Père Noël", raconte l’un de ses co-prévenus, Xavier Cazaubon, l’accusant de s’être servi au passage.

"Cela ne fait pas partie de mon éthique de vie", rétorque l’ancien maire.

"Il règne un certain flou" sur votre travail, résume le procureur Romain Victor.

"Je crois avoir rempli ma mission", répond-il.

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