Corruption au Maroc : le « sniper de Targuist » poursuit son combat à visage découvert

Agissant dans l’anonymat, le « sniper de Targuist » filmait et diffusait depuis six ans des vidéos de fonctionnaires pris en flagrant délit de corruption. Mounir Agueznay vient de révéler son identité à la presse, tout en confiant vouloir poursuivre son combat « à découvert ».

Mounir Agueznay, à Rabat le 11 février 2013. © Fadel Senna/AFP

Mounir Agueznay, à Rabat le 11 février 2013. © Fadel Senna/AFP

Publié le 4 mars 2013 Lecture : 2 minutes.

Son arme ? Une caméra, avec laquelle le "sniper de Targuist", du nom d’un petit village du nord du Maroc, filmait, caché, des gendarmes et des fonctionnaires pris en flagrant délit de corruption. Mounir Agueznay a finalement accepté la semaine dernière de livrer son identité à la presse marocaine, « le personnage du sniper est devenu très connu, mais sans visage. Il est temps qu’il en ait un, mais je continuerai à dénoncer la corruption à découvert », affirme le jeune homme.

Dans sa première vidéo, postée sur Youtube le 8 juillet 2007 (voir ci-dessous), deux gendarmes acceptent, sans un bonjour, le bakchich des conducteurs qui veulent passer sans contrôle. Des dizaines d’autres séquences tout aussi compromettantes suivront au fil des années.

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La première vidéo du "sniper de Targuist"

Mounir Agueznay était fortement soupçonné d’en être l’auteur mais avait trop peur des représailles pour avouer. « Avec des amis du quartier, nous avons été convoqués par les autorités locales et par la gendarmerie. Ils nous interrogés longuement et j’ai dû nier tout en bloc ». Impuissantes, les autorités s’en prennent même à ses proches, selon lui. « Pour se venger de moi, ils ont arrêté mon frère Radouane en octobre dernier et l’ont accusé de trafic de drogue. Il a été condamné à un an de prison ferme ».

Sous la bannière du PJD

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Surnommé également le « Zorro marocain », Mounir Agueznay s’était présenté à Targuist sous l’étiquette du parti Justice et développement (PJD) aux élections législatives anticipées de novembre 2011, faisant suite au soulèvement des Printemps arabes. Le parti islamiste avait axé sa campagne sur la lutte contre la corruption. Mais il ne sera pas élu, malgré la large victoire du PJD au plan national.

« J’y croyais vraiment. Je pensais qu’après les slogans électoraux du PJD contre la corruption et pour une vraie transparence, les choses allaient changer…Malheureusement, jusqu’à présent, ce gouvernement n’a pris aucune mesure concrète allant dans ce sens », estime-t-il aujorud’hui. En octobre 2012, Transparency International a publié une importante enquête dans laquelle elle considère que le Maroc se situe à un niveau « élevé » de l’échelle de corruption dans le monde, derrière la Turquie, l’Afrique du Sud ou encore le Sénégal.

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Selon cette ONG, 55% des dirigeants d’entreprises marocains sondés jugent la corruption « courante » et 53% estiment que la politique du gouvernement est « inefficace ». Une loi dépénalisant la dénonciation des actes de corruption a cependant été adoptée récemment. Un petit pas dans la bonne direction…

(Avec AFP)

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