Maroc : à Rabat, un projet qui réconcilie la vallée

Depuis l’arrivée au pouvoir de Mohammed VI, Rabat sort de sa torpeur. Et entend devenir aussi dynamique que Marrakech.

Le tramway de Rabat a été inauguré mi-2011. © Hassan Ouazzani pour J.A

Le tramway de Rabat a été inauguré mi-2011. © Hassan Ouazzani pour J.A

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Publié le 9 décembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Le maréchal Lyautey en était amoureux. Du temps du protectorat, il y avait fait planter des pins majestueux et aimait à se promener sur ses avenues, où les immeubles Art déco éclairaient la ville de leur blancheur. Mais, pendant les années 1950, Rabat s’est endormi sur ses lauriers. La capitale administrative a pris des allures de ville de province. Raillée pour son calme, elle a peu évolué, sourde à l’explosion démographique et à la modernité. Il a fallu attendre l’arrivée au pouvoir de Mohammed VI, en 1999, pour que s’engage une grande réflexion sur l’organisation de la ville aux cigognes.

Premier constat : Rabat tournait désespérément le dos à son environnement. À la mer d’abord, et à sa voisine ensuite, la frondeuse Salé, dont elle est séparée par le fleuve Bouregreg. En dix ans, cette dernière a vu sa population passer de 630 000 à 825 000 habitants, la plupart d’entre eux se jetant chaque jour dans les embouteillages pour quitter leur banlieue devenue dortoir et rejoindre leur bureau à Rabat.

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Après cinq plans qui, en cinquante ans, se sont tous soldés par un échec, le projet d’aménagement de la vallée du Bouregreg s’est engagé en 2006. Portant sur une superficie de 6 000 hectares et d’un coût de 6 milliards de dirhams (530 millions d’euros), il donne un nouveau souffle à l’agglomération du Grand Rabat (Rabat-Salé-Témara), qui compte désormais 2 millions d’habitants. Objectifs : faire en sorte que la région de la capitale renoue avec son histoire, créer des emplois (déjà près de 100 000 depuis 2005) et améliorer l’attractivité touristique d’une agglomération à laquelle les visiteurs préfèrent souvent la flamboyante Marrakech.

Continuité

Au cœur du projet, le pont Moulay-el-Hassan, qui rétablit la continuité urbaine entre Rabat et Salé, et sur lequel court désormais le tramway, dont le chantier a été lancé en 2007 pour plus de 3 milliards de DH. Il a demandé de véritables prouesses techniques. « Pour établir certaines fondations, nous sommes descendus jusqu’à 36 mètres ! » explique Omar Benslimane, directeur de communication de l’Agence pour l’aménagement de la vallée du Bouregreg (AAVB), établissement public placé sous la tutelle de l’État et jouissant de l’autonomie financière. Inauguré mi-2011, le tramway relie, sur une vingtaine de kilomètres, les quartiers périphériques de Rabat et de Salé aux ministères, universités et hôpitaux. Ses rames et stations ont été dessinées par le designer Hicham Lahlou.

Aujourd’hui, les changements opérés dans l’agglomération se lisent dans le regard fier des Rbatis, pourtant peu démonstratifs : devant le tunnel des Oudayas, la marina ou encore le luxueux quartier de Bab al-Bahr… La capitale administrative s’est également dotée d’un dynamique quartier d’affaires à Hay Riad, et ses tours de l’avenue Annakhil n’ont rien à envier aux plus grands buildings casablancais. Après sa Bibliothèque nationale à l’architecture époustouflante, ouverte en 2008, elle acquiert de nouveaux équipements culturels, dont un parc zoologique (l’un des plus modernes du continent) et un musée d’art contemporain qui devrait ouvrir ses portes en 2013.

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Leïla Slimani, envoyée spéciale

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