Du nouveau sur les ondes

L’une, Shems FM, est généraliste, l’autre, Express FM, à vocation économique. Toutes deux vont bientôt faire leur apparition dans le paysage audiovisuel national. Qui en avait bien besoin.

Dans les studios de Shems FM. © Nicolas Fauqué/www.imagesdetunisie.com

Dans les studios de Shems FM. © Nicolas Fauqué/www.imagesdetunisie.com

Publié le 4 octobre 2010 Lecture : 4 minutes.

Deux stations de radio viennent enrichir le paysage audiovisuel tunisien : Shems FM et Express FM. La première, qui a commencé à émettre, couvre pour l’instant le Grand Tunis, Bizerte, le cap Bon, le Sahel et Sfax, et devrait prochainement s’étendre aux autres régions. La seconde, qui devrait démarrer en ce début du mois d’octobre, émettra, pour commencer, sur le Grand Tunis et Sfax, ainsi que sur le web, avant de couvrir progressivement la totalité des régions et les services du téléphone mobile.

La Tunisie compte déjà treize radios publiques et privées. Les nouvelles venues porteront à cinq le nombre de stations FM privées, avec Mosaïque FM, la « pionnière », lancée en 2003, Jawhara FM et Radio Zitouna, une chaîne thématique à vocation religieuse et non commerciale.

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Le contenu d’Express FM et de Shems FM s’annonce prometteur. Tirant les leçons de l’expérience des autres radios privées, les deux stations ont été prises en main par des professionnels et disposent de ressources humaines expérimentées. Elles devraient apporter une valeur ajoutée sur le plan de la qualité et de la diversité des programmes, dans un paysage audiovisuel jusque-là dominé par la recherche d’un sensationnalisme frisant parfois la vulgarité, sinon l’obscénité. Seul grief que les puristes de la langue ne manqueront pas de leur opposer : le recours, pour attirer le plus grand nombre d’auditeurs, à l’instar de Mosaïque et de Jawhara, à un dialecte parlé improprement qualifié de « tunisien » et qui n’est ni de l’arabe ni du français.

Express FM a adopté un modèle encore rare dans les pays du Sud. « Nous voulons être une station généraliste à vocation économique. Par ailleurs, nous sommes aussi une station commerciale, mais nous considérons que nous avons une mission », explique Naoufel Ben Rayana, cogérant de la station avec Mourad Gueddiche.

« Populaire et non populiste »

Le profil des deux fondateurs de Maghreb Production et Communication, une société de production multimédia et de communication, suffit à rassurer quant au sérieux du projet. Ben Rayane a créé, en 1999, Tustex, premier site internet tunisien d’informations financières, en association avec Smart Finance, société de conseil spécialisée dans l’ingénierie financière et les investissements boursiers. Depuis, Tustex s’est imposé à force de rigueur et d’indépendance, devenant la référence en matière d’information économique. « Je suis engagé dans Express FM à titre personnel, mais il y aura une synergie entre les deux médias à travers un partenariat », explique cet enseignant universitaire de 43 ans.

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Mourad Gueddiche, 39 ans, fils du professeur Mohamed Gueddiche, médecin personnel du chef de l’État, apporte, quant à lui, son expérience d’ingénieur diplômé de l’École centrale de Lyon et de l’École nationale des ponts et chaussées, à Paris. Financier et consultant de réputation internationale, il a notamment travaillé dix ans chez L’Oréal. Tous deux veulent faire d’Express FM une station « populaire et non populiste, loin du sensationnalisme et de la polémique ». Les programmes auront pour ambition de mettre l’économie à la portée du plus grand nombre de Tunisiens avec des informations sur la Bourse, l’emploi, la macro et la microéconomie. Le tout sera agrémenté de « bonne musique » et même de chroniques humoristiques. Parmi les animateurs figure Karim Benamor, l’un des anciens piliers de l’excellente radio publique Radio Tunis Chaîne Internationale (RTCI), qui animera une émission quotidienne et héritera de la direction de la programmation.

Shems FM part avec l’avantage d’avoir de gros moyens financiers. Sans doute figurera-t-elle dans les services fournis aux utilisateurs d’Orange Tunisie, nouvel opérateur privé de téléphonie depuis mai dernier. Car sa promotrice n’est autre que Cyrine Ben Ali Mabrouk, fille du chef de l’État et propriétaire du fournisseur d’accès internet Planet Tunisie, actionnaire principal d’Orange Tunisie avec France Télécom. Figurent à ses côtés dans le capital de 1,5 million de dinars (780 000 euros) de Tunisia Broadcasting, société créatrice de Shems FM, des hommes d’affaires célèbres, dont l’ex-banquier Chékib Nouira. La chaîne veut ratisser large. Ce sera une radio généraliste grand public, précise Fethi Bhouri, directeur général de la station, qui a longtemps dirigé Planet Tunisie. Information, sport, culture, émissions pour enfants, jeux, musique… La programmation sera variée de manière à retenir l’attention du Tunisien.

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Pourquoi, à l’ère de la télévision par satellite, un tel engouement pour la création de radios FM dans un pays où le taux d’écoute de toutes les radios confondues est de deux heures par jour ? La manne publicitaire, répondent en chœur les spécialistes. En 2009, selon les estimations, les annonceurs ont investi entre 21 et 22 millions de dinars (10,9 et 11,4 millions d’euros) dans les messages radiophoniques. Les deux chaînes privées Mosaïque FM (11,7 millions de dinars) et Jawhara (6,6 millions de dinars) se sont taillé la part du lion. Mais la naissance des deux stations devrait marquer la fin du quasi-monopole détenu par Mosaïque, dont le principal actionnaire est le groupe Karthago, de Belhassen Trabelsi. Le gâteau devrait cependant encore s’agrandir avec l’arrivée de nouveaux venus qui vont attirer d’autres annonceurs. Les spécialistes estiment que les dépenses publicitaires radio devraient, à court terme, atteindre 30 millions de dinars.

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