Mali : la success-story africaine de Mossadeck Bally
Pour faire connaître sa marque à l’international, le fondateur de la chaîne hôtelière Azalaï agrandit son parc dans la sous-région.
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C’est une figure du monde des affaires au Mali et dans toute la sous-région. À 52 ans, le PDG de la chaîne Azalaï peut se vanter d’avoir bâti de ses mains un groupe hôtelier 100 % africain, qui compte aujourd’hui sept luxueux établissements : quatre à Bamako, un en Guinée-Bissau, un au Burkina Faso et un au Bénin. Tous (excepté l’hôtel Nord-Sud de Bamako) affichent quatre ou cinq étoiles à leur porte. Ce haut niveau, ainsi que le respect des standards internationaux les plus exigeants, fait des 700 chambres proposées une halte privilégiée pour la clientèle d’affaires. C’est d’ailleurs avec cet objectif que Mossadeck Bally s’était lancé dans l’hôtellerie. « Lorsque je travaillais dans l’entreprise familiale, nos fournisseurs se plaignaient de la qualité des hôtels chaque fois qu’ils séjournaient à Bamako », se souvient-il. Il a donc remédié à cette situation quand l’occasion s’est présentée.
Le fondateur des hôtels Azalaï est issu d’une famille de commerçants où « entreprendre est une seconde nature », dit-il. Après des études à l’université de San Francisco (Californie), le jeune homme revient en 1985 au Mali pour faire ses classes dans l’entreprise familiale, en tant que directeur financier. Et ce n’est que huit ans plus tard, fin 1993, que l’aventure d’Azalaï commence. Apprenant qu’un appel d’offres a été lancé par le gouvernement malien pour le rachat du Grand Hôtel de Bamako, il convainc son banquier de lui prêter 1 milliard de F CFA (1,5 million d’euros) grâce à sa réputation de bon gestionnaire – et à celle, non moins excellente, de son père. « Comme on dit, l’occasion fait le larron », sourit l’entrepreneur. Pourtant, au départ, il n’avait que 12,5 millions de F CFA à engager, soit le strict minimum pour créer une société anonyme.
Avec l’argent emprunté, il crée la Société malienne de promotion hôtelière (SMPH) et rénove le Grand Hôtel de fond en comble. Le pari se révèle gagnant. « La clientèle a tout de suite été au rendez-vous », se félicite-t-il. Au point qu’en 1997 il engage la construction d’un deuxième établissement : l’hôtel Salam de Bamako. « Pour le public que nous visons, il est important d’être très bien situés. C’est pour cette raison que nous avons depuis racheté plusieurs établissements afin de les transformer. » C’est le cas de l’Indépendance à Ouagadougou ou de l’hôtel 24 de Setembro à Bissau.
Et le développement du groupe se poursuit. Fin 2014, un nouvel établissement entrera en service à Abidjan, rejoint en 2015 par deux autres, à Dakar et à Conakry. Trois fois 155 chambres – soit une augmentation de la capacité totale de plus de 40 % en deux ans. « Notre but, c’est d’être présents dans les huit pays de l’UEMOA [Union économique et monétaire ouest-africaine, NDLR], puis de nous étendre au Ghana, en Mauritanie et évidemment au Nigeria », explique le patron, qui refuse cependant de brûler les étapes. Chaque projet représente 30 millions d’euros d’investissements, financés pour un tiers en propre et pour deux tiers par la dette. Avec sa famille, Mossadeck Bally reste largement majoritaire dans le capital du groupe, même s’il a fait entrer en décembre 2012 le fonds Cauris puis, en avril, la Société financière internationale (SFI, filiale de la Banque mondiale), qui ont chacun apporté 6 millions d’euros.
L’avenir est radieux, les besoins d’infrastructures vont croissant.
Année difficile
En raison de la guerre au Mali, qui a provoqué la fermeture de deux établissements à Bamako pendant plus de six mois, l’année 2012 a été difficile pour Azalaï. Mais l’homme d’affaires – avec l’optimisme caractéristique des entrepreneurs – prédit une reprise nette dès 2013. « L’avenir est radieux, assure-t-il, les besoins d’infrastructures hôtelières vont croissant. »
Aujourd’hui propriétaire et gérant de tous ses établissements, le patron se donne une dizaine d’années pour asseoir définitivement sa notoriété et proposer à des gestionnaires extérieurs de s’installer sous sa marque, à l’instar de ses plus grands concurrents internationaux. Il aura alors rempli un des objectifs les plus chers à son coeur : « Prouver qu’en Afrique aussi les success-stories sont possibles. »
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