10 janvier 1989 Les Cubains quittent l’Angola

Publié le 5 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

Nous sommes le 10 janvier 1989, le mur de Berlin n’est pas encore tombé, mais la guerre froide est pratiquement terminée. Sur le tarmac de l’aéroport de Luanda, un premier contingent d’environ 300 Barbudos s’apprête à rejoindre La Havane à bord de trois Iliouchine, et les soldats ne dissimulent pas leur émotion. Les adieux chaleureux et les grandes accolades entre frères d’armes cubains et angolais montrent que la « solidarité révolutionnaire » n’est pas qu’un simple argument de propagande. Quelque 50 000 hommes vont ainsi, peu à peu, regagner leur île. En treize ans, près de 310 000 soldats cubains sont venus combattre en Angola, au moins 5 000 d’entre eux ont trouvé la mort.

Indissociable du contexte de guerre froide, l’aventure cubaine en Angola commence le 5 novembre 1975 alors que l’indépendance n’est pas encore officiellement proclamée – elle le sera le 11 novembre. Trois mouvements de guérilla anticolonialistes revendiquent alors le pouvoir : le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) d’Agostinho Neto, soutenu par l’URSS ; le Front national de libération de l’Angola (FNLA) de Holden Roberto, soutenu par les États-Unis (ainsi que par plusieurs milliers de soldats zaïrois) et l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita) de Jonas Savimbi, liée à l’Afrique du Sud raciste et blanche de l’apartheid.

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C’est sur demande de Neto, pour contrer une intervention militaire sud-africaine, que Fidel Castro déclenche l’opération Carlotta. Le déploiement de soldats cubains est massif – il dépasse rapidement 15 000 hommes –, mais ne garantit pas au MPLA une victoire décisive dans la guerre civile qui commence. L’opération cubaine permet néanmoins au parti de Neto de se maintenir dans l’ouest du pays et de garder la mainmise sur les ressources pétrolières.

Pour Castro – qui espère s’affranchir en partie de la tutelle de Moscou grâce aux richesses du sous-sol angolais –, c’est un triomphe… En se posant en libérateur du Tiers Monde, le Líder Máximo se donne toutes les chances d’accéder à la présidence triennale du Mouvement des non-alignés, qui doit justement tenir son cinquième sommet à La Havane, en septembre 1979. Mais les ambitions internationalistes de La Havane restent largement tributaires du soutien de l’URSS.

Avec l’arrêt de l’aide soviétique à Cuba – de l’ordre de 4 milliards de dollars annuels – à partir de l’arrivée de Gorbatchev au pouvoir en 1985, Cuba se trouve dans l’incapacité de maintenir son imposante présence en Angola. D’autant que l’économie du pays ne décolle pas et que la situation militaire est dans l’impasse, comme l’atteste la bataille de Cuito Cuanavale (décembre 1987-avril 1988), qui s’achève sans qu’aucun des camps ne remporte la victoire. Les protagonistes retournent donc à la table des négociations, cette fois avec succès.â©Le 22 décembre 1988, l’Angola, Cuba et l’Afrique du Sud signent à New York, sous l’égide des Soviétiques et des Américains, un accord aboutissant au retrait des troupes cubaines d’Angola. En échange, les Sud-Africains s’engagent à se retirer du Sud-Ouest africain, qui prendra son indépendance, le 21 mars 1990, sous le nom de Namibie. En juillet 1991, quelques mois avant l’effondrement définitif de l’URSS, le dernier soldat cubain quitte le sol angolais. La guerre civile angolaise n’est pas pour autant finie. Il faudra attendre 2002 et la mort au combat de Jonas Savimbi pour que le pays retrouve enfin la paix.

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