Le nombre de jihadistes européens dans les rangs de l’EI est-il en baisse ?

Pour la première fois, six Français, dont le départ vers la Syrie semblait imminent, ont été privés de leurs passeports. Une décision qui illustre le renforcement de l’arsenal législatif des pays européens pour contrer le phénomène des candidats au jihad. Mais avec quel réussite ?

Un drapeau de l’EI en Libye © J.Lopez/AFP

Un drapeau de l’EI en Libye © J.Lopez/AFP

Publié le 23 février 2015 Lecture : 3 minutes.

C’est une première. Les autorités françaises ont annoncé lundi 23 février avoir confisqué les passeports, pour une durée de 6 mois renouvelables, de six hommes soupçonnés de vouloir rejoindre la Syrie.

Leurs cartes d’identité – suffisante pour se rendre en Turquie, principal point de passage pour rejoindre l’EI – ont également été saisies.

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Une quarantaine de dossiers de confiscation en France

Une quarantaine d’autres dossiers de confiscation seraient à l’étude selon les autorités françaises qui ont inscrit, en novembre 2014, dans la loi anti terroriste, l’interdiction administrative de sortie de terriroire afin de freiner les départs pour le jihad au Proche-Orient.

Quelque 400 Français sont en actuellement Syrie, estiment les autorités. Par ailleurs, 180 personnes sont rentrées en France et 200 autres seraient quelque part en Europe en train d’essayer de rejoindre les rangs de l’EI.

Annonçant un plan de lutte qui devrait coûter 736 millions d’euros sur trois ans, la France a décrété fin janvier la "mobilisation générale" contre le terrorisme, après les attentats qui ont fait 17 morts à Paris. Ailleurs en Occident, la présence de combattants étrangers dans les rangs de l’EI a également suscité une attention particulière depuis l’an dernier.

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Lois de confiscation en Angleterre et en Allemagne

Plusieurs pays européens ont procédé récemment à des arrestations de personnes recrutant pour l’État islamique et ont voté des textes autorisant la confiscation des papiers d’identité des candidats au jihad.

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La police britannique est désormais autorisée à saisir pendant une période de 30 jours les passeports de ses ressortissants tentant de quitter le pays. Elle peut aussi empêcher les Britanniques soupçonnés d’être liés à l’EI de rentrer au Royaume-Uni. Londres chiffre à 600 le nombre d’Anglais partis au combat ; 300 seraient rentrées.

En Allemagne, où 550 Allemands ont rejoint la Syrie, selon les autorités qui estiment à 180 le nombre de ceux qui sont revenus, un projet de loi prévoit une confiscation des papiers d’identité pendant une période pouvant atteindre trois ans.

L’impact de cette baisse est limité sur le champ de bataille, dans la mesure où les combattants européens ne représentent qu’une petite partie des forces de l’EI en Syrie et en Irak.

Renforcement des contrôles à la frontière turque

Le gouvernement turc, qui s’est vu reprocher par les pays occidentaux son laxisme dans le contrôle de sa frontière avec la Syrie, a lui aussi renforcé ses contrôles. Ce mois-ci, l’armée turque a annoncé avoir interpellé près de la frontière 19 personnes, dont 13 étrangers, qui auraient eu l’intention de rejoindre l’EI.

Moins de combattans étrangers dans les rangs de l’EI ?

Résultat de ces mesures plus stricte de surveillance : le flot de combattants européens venus rejoindre l’EI serait en train de se tarir, explique l’agence Reuters qui s’est entretenue avec des combattants du groupe fondamentaliste sunnite. Une baisse non vérifiable de source indépendante, et dont l’impact est de toute façon limité sur le champ de bataille, dans la mesure où les combattants européens ne représentent qu’une petite partie des forces de l’EI en Syrie et en Irak.

Selon les jihadistes interrogés par Reuters, le groupe terroriste disposerait de 60 000 combattants en Irak et en Syrie, pour la plupart des musulmans sunnites du cru "Actuellement, la plupart des combattants (étrangers) viennent des pays d’Asie, comme le Tadjikistan et l’Ouzbékistan. Ce sont de durs combattants", a ainsi déclaré à Reuters via internet un membre de l’EI ayant combattu avec le groupe en Syrie et en Irak.

Encouragements pours les "loups solitaires" ?

Certains membres de l’EI affirment aussi que les restrictions mises en place pourraient se retourner contre les pays européens, les candidats au djihad privés de Proche-Orient pouvant être encouragés à agir à l’intérieur de leurs pays.

L’organisation terroriste, qui vise l’Europe depuis sa création, ne s’y trompe pas et redouble d’encouragements pour susciter les vocations de ce qu’elle appelle les "loups solitaires", afin que ceux-ci mènent des attentats en territoire européen, sans passer par la case Moyen-Orient.

(Avec AFP)
 

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