Burkina : le CDP et ses alliés suspendent leur participation à la transition
Contestant ouvertement l’adoption du nouveau code électoral et les arrestations d’anciens proches ou soutiens de Blaise Compaoré, le CDP et les partis de l’ancienne majorité présidentielle ont annoncé jeudi qu’ils suspendaient leur participation au Conseil national de transition et à la Commission nationale de réconciliation et des réformes.
L’adoption du nouveau code électoral n’en finit plus de susciter des remous à Ouagadougou. Jeudi 10 avril, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti de Blaise Compaoré, et ses alliés de l’ancienne majorité présidentielle ont annoncé qu’ils claquaient la porte des organes du régime de transition dans lesquels ils étaient représentés. Dans une déclaration commune transmise aux médias, ils indiquent qu’ils "suspendent leur participation au Conseil national de transition (CNT), ainsi qu’à la Commission nationale de réconciliation et des réformes, jusqu’à relecture du texte adopté, jusqu’à la mise en œuvre d’une vraie politique inclusive, jusqu’au respect total de la Constitution".
Mardi soir, les députés du CNT, l’assemblée intérimaire burkinabè, ont adopté un nouveau code électoral très controversé. Ce texte rend "inéligibles" les personnes ayant "soutenu un changement inconstitutionnel portant atteinte au principe de l’alternance démocratique" et exclut les partisans de Blaise Compaoré des élections présidentielle et législatives prévues le 11 octobre prochain. Ce vote s’est accompagné d’une série d’arrestations de proches ou soutiens de l’ex-président, parmi lesquels trois anciens ministres, accusés de "malversations présumées" mais aussi d’"atteintes à la sûreté de l’État" ou de "troubles à l’ordre public".
La transition pointée du doigt
Le vote de cette loi exclusive, ainsi que ces différentes interpellations, ont provoqué la colère des membres de l’ancienne majorité, qui dénoncent une opération de purge politique menée par leurs adversaires. Dans une interview accordée jeudi à Jeune Afrique, Djibrill Bassolé, ex-ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré, ne mâchait pas ses mots contre ces actes "gravissimes", estimant qu’il s’agissait "de manœuvres politiciennes visant à éliminer des adversaires dont on redoute qu’ils gagnent les élections".
De leur côté, le CDP et ses alliés ne sont pas beaucoup plus tendres. "La transition ne conduit pas une politique neutre, inclusive, pacificatrice (…) Nous constatons que la transition, en complicité avec des forces qui lui sont inféodées, mène le pays à la dérive et expose les burkinabés à des fractures irréversibles (…) Nous remettons en cause la conduite partisane et insécurisée du processus électoral et rendons la transition responsable de la crise ouverte et des conséquences qui pourraient en découler", peut-on notamment lire dans leur communiqué.
Alors que le climat politique était jusqu’à présent globalement serein au Burkina, la guerre est désormais ouverte entre les anciens soutiens de Blaise Compaoré et leurs adversaires. Le tout sous l’oeil attentif des partenaires étrangers, qui ont toujours exigé la mise en place d’un processus inclusif et qui sont des soutiens financiers de poids en vue de l’organisation des élections d’octobre prochain.
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