Santé : le savon de virginité, plebiscité mais dangereux
Il ne coûte pas cher et promet de resserrer les muqueuses grâce à ses vertus astringentes. Mais les médecins contestent l’efficacité du « savon de virginité » et s’inquiètent de ses effets secondaires.
C’est un petit savon qui, à première vue, ne paie pas de mine. Au Caire, il trône au rayon hygiène de certains magasins de cosmétiques, coincé sur une gondole entre déodorants et gels douche. À Accra ou à Nairobi, il est dissimulé au fond du plateau ou du panier que transporte sur sa tête le vendeur ambulant.
Sa notice promet assez platement d’éliminer les mauvaises odeurs et de procurer "une sensation agréable de fraîcheur et de confort toute la journée". Jusque-là, rien d’extraordinaire. Sauf que ce savon est particulièrement astringent et qu’il présenterait, selon ses utilisatrices inconditionnelles, l’avantage de resserrer les muqueuses… D’où son nom, en forme de promesse : savon de virginité.
La cote sur le continent
Importé de Dubaï ou de Chine, vendu entre 2 et 14 euros, il a de plus en plus la cote sur le continent et auprès de la diaspora. Raymonde Maninga, la propriétaire d’origine congolaise d’un magasin de cosmétiques afro à Lille, dans le nord de la France, confirme la tendance. Persuadée de ne plus satisfaire son partenaire, Sidonie y a eu recourt. Elle se dit bluffée par les résultats, après seulement trois semaines d’utilisation.
À terme, l’utilisation de tels produits peut endommager la paroi vaginale, rendre les rapports sexuels douloureux et même exposer les utilisatrices à des risques de cancer.
Fatma, elle, explique vouloir faire un "cadeau à [son] mari resté trop longtemps au bled". Le produit se décline en plusieurs parfums, le citron étant généralement plébiscité, car jugé plus… énergisant. Et les hommes, remarquent-ils un quelconque changement ? À peine. Et la plupart de ceux que nous avons interrogés disent ne pas saisir l’intérêt de la manoeuvre.
Nocifs pour les muqueuses
Pour ce qui est des effets secondaires, les utilisatrices régulières affirment n’en ressentir aucun – ce dont doutent les médecins. "Mis à part ceux qui ont un PH doux, les savons sont nocifs pour les muqueuses et doivent être évités, explique Serge Noumbissi, gynécologue à l’hôpital de Provins, en région parisienne. Ils agissent au détriment des lactobacilles, ces agents qui, en maintenant une bonne acidité vaginale, évitent la prolifération d’organismes indésirables."
À terme, l’utilisation de tels produits peut endommager la paroi vaginale, rendre les rapports sexuels douloureux et même exposer les utilisatrices à des risques de cancer. Quant au resserrement intime escompté, il est illusoire. Il n’existe à ce jour pas de produit miracle. Un médicament destiné à combattre les infections intimes, appelé Négatol, avait bien été détourné de sa fonction première en raison de son pouvoir astringent, mais il a été retiré de la vente en 2005 à cause de ses effets secondaires.
Les médecins insistent sur le fait que seules des techniques médicales comme l’hyménoplastie (des points de suture) ou l’hyménorraphie (chirurgie réparatrice plus lourde) permettent de reconstruire l’hymen.
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