Algérie : lourdes condamnations dans l’affaire de l’autoroute Est-Ouest

Six ans après l’ouverture de l’enquête sur le scandale de l’autoroute Est-Ouest en Algérie, la justice a rendu son verdict ce jeudi 7 mai. Des peines allant jusqu’à 10 ans de prison ferme ont été prononcées contre les principaux protagonistes de l’affaire.

Seize personnes et 6 entreprises étrangères étaient poursuivies dans l’affaire de l’autoroute Est-Ouest en Algérie en 2015. © Wikimedia Commons

Seize personnes et 6 entreprises étrangères étaient poursuivies dans l’affaire de l’autoroute Est-Ouest en Algérie en 2015. © Wikimedia Commons

FARID-ALILAT_2024

Publié le 7 mai 2015 Lecture : 2 minutes.

Le tribunal criminel d’Alger a rendu, ce jeudi 7 mai, son verdict dans l’affaire de l’autoroute Est-Ouest. Chani Medjdoub, consultant international et homme d’affaires algéro-luxembourgeois poursuivi pour corruption présumée, a été condamné à 10 ans de prison ferme ainsi qu’à une amende de 3 millions de dinars (environ 30 000 euros). Sa condamnation est assortie d’une demande de saisie de ses comptes bancaires au Luxembourg, de son véhicule ainsi que de sa villa, située sur les hauteurs d’Alger.

Intervenant pour le compte de l’entreprise chinoise CITIC en charge de la réalisation d’une partie de l’autoroute Est-Ouest, Chani Medjdoub est soupçonné d’avoir empoché 30 millions de dollars de commissions. Devant le juge, ses avocats ont plaidé la relaxe arguant que leur client a subi des sévices corporels lors de l’enquête préliminaire menée entre septembre et octobre 2009 par le DRS (Département du renseignement et de la sécurité).

la suite après cette publicité

>>>> Voir aussi – Algérie : une autoroute nommée scandale

Comptes en Suisse

Poursuivi dans le cadre de la même affaire, Addou Tajedine, homme d’affaires proche du ministre des Transports, Amar Ghoul, a écopé lui de 7 ans de prison ferme et d’une amende de 3 millions de dinars. La justice a ordonné la saisie de ses comptes en Suisse.

Directeur au ministère de la Pêche entre 1999-2002, Addou Tajedine a utilisé ses réseaux pour décrocher des contrats au profit d’entreprises étrangères, notamment dans le cadre de la réalisation de cette autoroute, contre de fortes rémunérations. Sur la base de commissions rogatoires internationales, la justice a ainsi découvert l’existence de plusieurs virements d’un montant total de 4,2 millions de dollars sur ses comptes en Suisse. Poursuivi également, son neveu, Addou Sid Ahmed Tajedine, a été condamné à 3 ans de prison dont un an ferme.

la suite après cette publicité

Mohamed Khelladi, ex-directeur à l’agence nationale des autoroutes (ANA), est condamné à 10 ans de prison ferme et à une amende de 7 millions de dinars (70 000 euros). Lors de son procès, cet ancien haut cadre de la marine et de la gendarmerie a expliqué aux juges que le montant de la réalisation de l’autoroute dépasse 17 milliards de dollars dont 5 milliards détournés en pots-de-vin aux différents intermédiaires.

Ex-secrétaire général du ministère du Travaux publics, Mohamed Bouchama est relaxé. Mohamed Ouazzane, dit Khaled, ex-colonel Khaled du DRS, a été condamné à 3 années de prison ferme. Il intervenu auprès des responsables chargés de ce projet pour faciliter le travail de son ami Chani Medjdoub monnayant des avantages financiers et en nature.

la suite après cette publicité

Fella et Radia Ghrieb, filles de l’ex-ambassadeur d’Algérie au Mali, actuellement membre de l’organe national de prévention et lutte contre la corruption ont écopées respectivement d’une année avec sursis et une amende de 500 000 dinars d’amende (5000 euros).

Les entreprises étrangères poursuivies dans le cadre de cette affaire – Citic-CRCC (Chine), Cojaal (Japon), Isolux Corsan (Espagne), Pizarotti (Italie), Garanventas (Suisse) et Coba (Portugal) – ont été condamnées, en tant que personnes morales, à payer au Trésor public cinq millions de dinars chacune.

Inachevé

Lancée en 2006 et confiée à des entreprises chinoises et japonaises l’autoroute est-Ouest a officiellement coûté 11 milliards de dollars. Non encore totalement achevé, le projet connait déjà des contrefaçons tant et si bien que plusieurs tronçons ont été refaits ou doivent être refaits en partie ou totalement. Depuis l’ouverture de l’enquête du DRS en septembre 2009, il a fallu attendre presque six ans pour que le procès se tienne.

L'éco du jour.

Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.

Image

Contenus partenaires