Nigeria : Buhari dissout le conseil d’administration de la compagnie pétrolière NNPC
Le nouveau président du Nigeria Muhammadu Buhari a dissous le conseil d’administration de la compagnie pétrolière nationale NNPC le vendredi 26 juin. Une décision perçue comme un premier pas dans la restructuration d’un secteur pétrolier marqué par la mauvaise gouvernance et des scandales de corruption.
« Le président [Buhari] a dit qu’il allait nettoyer le secteur pétrolier. Ceci est le début de ce nettoyage ! ». C’est ainsi que Femi Adesina, porte-parole de Muhammadu Buhari a commenté la décision prise par le nouveau chef de l’État nigérian de dissoudre l’actuel conseil d’administration de la Nigerian National Petroleum Corporation, l’entreprise publique chargée de la gestion du secteur pétrolier. Selon Reuters, qui a rapporté cette décision le vendredi 26 juin, la direction de NNPC répond désormais directement au président Buhari, en attendant la nomination d’un nouveau conseil d’administration. Mais selon l’agence, qui cite des source proches de la présidence, l’équipe directrice de l’entreprise publique devrait être elle-même remerciée au cours des prochaines semaines.
Si Muhammadu Buhari, qui a fait campagne sur l’éradication de la corruption, n’a pas encore nommé de gouvernement, il pourrait conserver pour lui le poste de ministre du Pétrole.
Restructuration
Alors que la première économique africaine est dépendante du pétrole pour les deux tiers des revenus publics et la quasi-totalité de ses recettes d’exportation, l’administration des revenus du pétrole a été au coeur de nombreuses controverses. La NNPC, fondée par Muhammadu Buhari, lorsqu’il était ministre du Pétrole dans les années 70, est à la fois la régulatrice de l’industrie pétrolière, mais participe également à la production, gère les raffineries et la commercialisation du carburant au Nigeria.
NNPC accumule pourtant des milliards de dollars de dettes auprès de ses partenaires (voir l’illustration ci-dessous). L’entreprise publique est incapable de mettre fin aux fraudes dans l’attribution des subventions aux carburants et à la disparition sans cesse croissante des revenus pétroliers qui doivent revenir à l’État. Selon un audit des comptes de la NNPC conduit par PwC, entre 2012 et 2013, les détournements ont représenté une perte de 1,48 milliard de dollars. Le cabinet britannique avait appelé urgemment à sa restructuration.
Commentant la dissolution du conseil d’administration de la NNPC, Femi Adesina a déclaré : « On ne peut pas avoir le même conseil d’administration en place alors même que l’entreprise est sous investigation et que notre intention est de changer la façon dont elle est gérée ». Bismarck Rewane, économiste en chef et directeur général du cabinet de conseil Financial Derivatives, basé à Lagos, a déclaré à Reuters que la décision du président Buhari était « remarquable ». « Toute la structure de la NNPC est complètement et profondément dysfonctionnelle », a-t-il ajouté.
Subventions
La chambre basse du parlement nigérian a décidé le mercredi 24 juin d’ouvrir une enquête sur la gestion par le gouvernement précédent, conduit par le président Goodluck Jonathan, a été floué par NNPC dans le cadre d’un programme d’échange de pétrole brut contre des produits raffinés. Un comité chargé d’assurer la transition entre les deux administrations a recommandé au président Buhari la suppression du programme de subventions au carburant, qui accumule des centaines de millions de dollars de déficit et a amené les importateurs de produits raffinés à interrompre leurs livraisons, entraînant de nombreuses pénuries à travers le pays.
Ce comité a également recommandé la privatisation des quatre raffineries du Nigeria, dont la production est bien souvent en dessous de ses capacités alors que le Nigeria, premier producteur africain de pétrole, importe l’essentiel de son carburant.
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