Tunisie : un état d’urgence pour une situation très précaire
Le 4 juillet, une semaine après la tuerie de Sousse, le chef de l’État tunisien, Béji Caïd Essebsi a décrété l’état d’urgence dans le pays.
L’annonce, en fin de matinée samedi 4 juillet, de l’instauration d’un état d’urgence en Tunisie a été perçue comme un énième coup de tonnerre par les Tunisiens. Pourtant, depuis l’attentat à Port El Kantaoui, dans le complexe hôtelier au nord de Sousse, qui a fait 38 victimes parmi des touristes le 26 juin, ils savaient que le pays était dans une situation critique.
Avec son annonce, le président de la République en a donné confirmation. La voix blanche, Béji Caïd Essebsi, dans une brève allocution, a annoncé la mise en place de l’état d’urgence, rendu nécessaire par « la situation exceptionnelle que traverse le pays après le dernier attentat terroriste et la persistance de menaces qui font que le pays est en guerre d’un genre spécial ». Il a surtout souligné que la Tunisie ne pouvait supporter la moindre action terroriste et que s’il y en avait encore une, ce serait l’effondrement de l’État. Pas moins.
Les autorités avouent donc implicitement être dépassées par les événements d’autant que la situation socio-économique ne vas pas en s’améliorant.
Les partenaires internationaux de la Tunisie ne cachent pas leur inquiétude et ne manquent pas de pointer les défaillances sécuritaires. Des proches du palais laissent également entendre que les autorités algériennes ont été très fermes mercredi dernier avec Rached Ghannouchi, président du parti islamiste d’Ennahda, mandaté par Caïd Essebsi pour aplanir les dissensions entre Alger et Tunis suite à la signature d’un accord octroyant à la Tunisie un statut privilégié auprès de l’Otan. Les Algériens auraient ainsi demandé aux Tunisiens de ne pas interférer dans la situation en Libye. C’est la condition posée par l’Algérie pour apporter son soutien en matière de renseignement à la Tunisie.
La Tunisie n’était plus en état d’urgence depuis mars 2014
Depuis la chute de Ben Ali en 2011, la Tunisie a vécu plusieurs périodes d’état d’urgence mais les espoirs suscités par la révolution se sont éteints et n’en rendent que plus grave cette nouvelle annonce. Promulgué par décret, l’état d’urgence consiste essentiellement à donner des pouvoirs d’exception à la police et à l’armée (couvre-feu, interdiction des rassemblement ou des grèves, etc.). C’est une manière aussi pour le gouvernement d’obtenir une trêve sociale puisque les mouvements de contestation syndicale n’ont pas levé leur pression. Une manière aussi de mettre au pas les médias qui devront être attentifs à ne pas divulguer d’informations susceptibles de susciter des remous.
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