Burkina : situation figée entre l’armée et le RSP, dans l’attente d’une décision de la Cedeao

Alors que la crise burkinabè est une nouvelle fois au menu des discussions au sein de la Cedeao, réunie en sommet extraordinaire à Abuja, au Nigeria, la situation est de plus en plus tendue à Ouagadougou. L’armée loyaliste encercle la capitale alors que le général Diendéré et les putschistes semblent décidés à se défendre. Tous semblent attendre une décision de la Cedeao.

Des manifestants anti-putschistes à Ouagadougou, le 17 septembre © Theo Renaut / AP / SIPA

Des manifestants anti-putschistes à Ouagadougou, le 17 septembre © Theo Renaut / AP / SIPA

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Publié le 22 septembre 2015 Lecture : 8 minutes.

L’armée loyaliste encercle la capitale Ouagadougou, tenue par les putschistes de la garde présidentielle. Elle exige du Régiment de sécurité présidentielle (RSP)  et de Gilbert Diendéré qu’ils déposent les armes. Elle avait pris le chemin de la capitale pour en déloger les putschistes lundi 21 septembre dans l’après-midi et avait intimé à ces derniers de « déposer les armes » avant 10h (locales). Aucune offensive n’a toutefois débuté, le RSP ayant déclaré qu’il se défendrait s’il était attaqué.

Cette offensive de l’armée loyaliste survient alors qu’un projet de sortie de crise a été présenté dimanche 20 septembre par la médiation ouest-africaine. Ce plan doit être examiné lors d’un sommet extraordinaire de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ce mardi 22 septembre à Abudja. Une déclaration des chefs d’État de la Cedeao est ensuite attendue.

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Les événements de la journée du 22 septembre, minute par minute

17h31 : Première déclaration au sommet extraordinaire de la Cedeao, à Abuja. « Les récents développements au Burkina Faso vont à l’encontre de ce que nous attendions et des efforts déployés pour la restauration de l’ordre constitutionnel et démocratique », a déclaré le président nigérian, Muhammadu Buhari, sans préciser davantage.

17h16 : Les chefs d’État de la Cedeao sont réunis à Abuja.

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16h32 : Monseigneur Laurent Dabiré, évêque de Dori, a accusé le chef des putschistes, le général Gilbert Diendéré, d’étouffer toute forme de liberté. « La population a été humiliée, profondément blessée par une rébellion qui a éclaté pour des motifs qui ne sont pas clairs. Les burkinabés en ont assez des embrouilles et des imposteurs, ils en ont assez d’être réprimés par la force », a-t-il déclaré sur Radio Vatican. 

Mgr Dabiré lance un appel en faveur de son pays et surtout des jeunes qui n’ont plus confiance et qui sont tentés d’émigrer. « Si cela continue, il sera difficile de freiner l’exode », a-t-il assuré.

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16h16 : Le général Zagré a déclaré sur France 24 être en contact avec la Cedeao, réunie en sommet extraordinaire à Abuja et attendre une déclaration de la médiation régionale. Le chef d’état-major des armées burkinabè a avoué vouloir éviter l’affrontement avec le RSP.

16h13 : Tous les accès à la place de la Révolution et au camp Guillaume sont verrouillés par des militaires des unités loyalistes.

16h07 : Selon notre envoyé spécial, la situation est calme devant le camp de l’armée loyaliste Sangoule Lamizana. Les militaires postés à l’entrée empêchent toute entrée aux journalistes et refusent de parler. En centre-ville, les rues se sont vidées en début d’après-midi, comme la veille.

15h58 : Le Premier ministre de la transition, Yacouba Isaac Zida devait s’exprimer prochainement. Alors qu’il avait annoncé une déclaration dans la journée, il semble désormais vouloir prendre la parole demain.

15h55 : La situation semble figée à Ouagadougou entre les membres du RSP et les troupes de l’armée loyaliste. Gilbert Diendéré, qui s’en est remis aux décisions de la Cedeao, dont on attend une déclaration dans les heures qui suivent, et les chefs des corps armés n’envisagent l’affrontement qu’en dernier recours.

15h51 : Selon plusieurs sources, le vice-président du CDP, Achille Tapsoba, aurait été arrêté à la frontière avec le Ghana. Il aurait été confié à la gendarmerie.

15h22 : Nouveau venu sur Twitter, le Congolais Moïse Katumbi n’a pas manqué de s’exprimer sur la situation au Burkina.

14h54 : Sur RFI, Smockey, leader du Balai Citoyen estime que « le RSP est pris à la gorge ». « Il ne peut pas gagner », estime-t-il. Il affirme par ailleurs que des éléments du RSP se sont rendus à l’armée loyaliste, ce qu’a nié le général Diendéré.

14h28 : Les membres de l’unité d’infanterie loyaliste de Bobo Dioulasso, partis lundi 21 après-midi de la seconde ville du pays, sont entrés cette nuit dans Ouagadougou. Ils ont rejoint des militaires de l’armée de terre dans le camp Guillaume, adjacent à la place de la Révolution. Ce haut lieu de l’insurrection populaire contre Blaise Compaoré, tenu depuis le coup d’État du 17 septembre par les putschistes du RSP, est désormais contrôlé par des soldats loyalistes. Mardi matin, les rares soldats de la garde présidentielle aperçus en centre-ville étaient postés devant le siège de la télévision nationale et bloquaient la route menant au domicile de Gilbert Diendéré. Les militaires loyalistes de la garnison de Fada N’Gourma auraient quant à eux gagné le camp Sangoulé Lamizana dans la nuit.

14h26 : La situation est plutôt calme en centre-ville ce mardi. Quelques personnes étaient présentes aux abords de la place de la Révolution, acclamant les militaires loyalistes. « Gilbert Diendéré va devoir partir, qu’il le veuille ou non. Et si les militaires ne veulent pas le déloger, qu’ils nous donnent leurs armes et nous irons nous mêmes. C’est le peuple qui a chassé Blaise Compaoré, pas l’armée. Nous ferons pareil avec Gilbert », s’exclamait Nassirou, la trentaine, au milieu d’un petit groupe hostile aux putschistes.

14h23 : Lors de sa conférence de presse au palais présidentiel de Kosyam, le général Gilbert Diendéré a affirmé qu’il n’y avait eu aucune désertion au sein du RSP. Un message également relayé depuis hier par différents officiers du RSP joints par Jeune Afrique. Le général putschiste a en outre indiqué qu’un soldat du RSP avait été tué hier soir à un poste de garde lors d’échanges de coups de feu.

14h21 : Passé depuis plus de deux heures, l’ »ultimatum » posé par les militaires loyalistes n’est pour le moment pas suivi d’effets dans Ougadougou. Les discussions – portant principalement sur le désarmement du RSP et l’amnistie accordée aux putschistes – se poursuivaient ce matin entre les deux camps. Pour le moment, aucun ne semble vouloir basculer dans un rapport de force à l’issue très incertaine. Les militaires loyalistes sont cantonnés dans des casernes ou postés à l’entrée de la ville. De leurs côtés, les soldats du RSP ont sécurisé l’accès au palais de Kosyam et se tiennent, selon plusieurs sources au sein du régiment, prêts à toute éventualité.

14h08 : On ne sait quelle valeur prendra ce « décret » mais Chérif Sy continue de se comporter en « président de la Transition par intérim ». Mardi, il a pris un décret « portant dissolution du RSP ». Le document est détaillé comme suit :

Article 1 : Le Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP) est dissous. Article 2 : Les Officiers, les Sous-officiers et les Soldats du RSP sont mis à la disposition du Chef d’état-major général des Armées.

14h01 : La place de la Révolution étant bouclée par l’armée loyaliste, des rassemblements de faible ampleur ont tout de même lieu dans la capitale. Une cinquantaine de personnes se sont ainsi retrouvées devant la résidence du Mogho Naba, qui conserve une grande influence au Burkina.

13h49 : Roch Marc Christian Kaboré, qui était l’un des favoris à la présidentielle du 11 octobre, a une nouvelle fois pris la parole, via son compte Facebook. « Il est des peuples dont le quotidien s’identifie à une cause, à un combat, des pionniers porteurs d’espoir qui bousculent la réalité et agissent au nom des valeurs qui les animent. Le peuple burkinabè est de ceux-là », a-il déclaré.

« Vous vous êtes engagés avec ténacité, et en dépit des obstacles, vous êtes restés fermes. Certains d’entre nous sont tombés en héros, les armes à la main et je leur rends l’hommage qu’ils méritent. D’autres sont en train d’être soignés dans des hôpitaux et je leur souhaite un prompt rétablissement », a continué le candidat.

Et de conclure : « Je salue le dynamisme de nos militants, sympathisants, ceux des autres partis engagés dans la lutte, les acteurs des OSC, les syndicats, les responsables des institutions de la transition et l’armée républicaine qui a pris ses responsabilités. Au moment où les prochaines heures s’annoncent décisives pour notre pays, redoublons d’ardeur et de vigilance. »

13h34 : Selon des journalistes sur place, des chars de l’armée loyaliste se préparent à l’action, en périphérie de Ouagadougou, notamment au camp Lamizana. Des manifestants hostiles au coup d’État acclament les éléments de l’armée, tandis qu’une offensive semble se préparer. Plusieurs sources font état de défections dans les rangs du RSP, malgré la déclaration du général Diendéré, qui affirme vouloir se défendre en cas d’attaque.

13h32 : Le général Gilbert Diendéré, qui espère éviter l’assaut de l’armée loyaliste contre les troupes du RSP, dit s’en remettre aux conclusions de la médiation régionale menée par la Cedeao. Celle-ci se réunit aujourd’hui à Abuja, au Nigeria, en sommet extraordinaire.

13h10 : Les vols vers Ouagadougou sont annulés, selon l’ambassadeur de France, Gilles Thibault.

13h07 : Sur RFI, le général Diendéré a déclaré que la seule solution face à une offensive de l’armée loyaliste serait de « se défendre ». Au cours d’un point presse à Ouagadougou, il a également affirmé ne pas vouloir de « bain de sang » mais vouloir se défendre en cas d’attaque. « Nous n’avons pas envie de nous battre mais nous nous défendrons éventuellement », a-t-il déclaré. Auparavant , le général Diendéré avait déclaré négocier avec les chefs de l’armée pour faire partir les unités de province arrivées dans la nuit à Ouagadougou, dans une interview accordée à l’AFP. « On continue les discussions pour les faire partir », a indiqué le général.

13h04 : Selon notre envoyé spécial sur place, les rares militaires du RSP aperçus dans le centre-ville de Ouagadougou tiennent les points stratégiques tels que la radio-télévision nationale. Ils sont également postés sur la route menant au domicile du général Gilbert Diendéré.

13h02 : La société civile burkinabè a appelé les populations de Ouagadougou à rentrer chez elles, alors que l’ultimatum de l’armée a expiré et que le RSP ne semble pas disposé à rendre les armes sans conditions.

13h00 : Alors que la situation burkinabè sera au menu des discussions au sommet extraordinaire de la Cedeao à Abudja, le président du Conseil national de transition, Chérif Sy a déclaré, au micro de BBC : « Ce qui se passe à la Cedeao ne nous intéresse pas ».

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Le général Gilbert Diendéré, au palais présidentiel, le 17 septembre. © AHMED OUOBA/AFP

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