Burkina : l’étau se resserre autour du RSP et de Gilbert Diendéré
Des tirs ont résonné mardi soir aux alentours du camp du régiment de sécurité présidentielle (RSP), où plusieurs dizaines de soldats putschistes et le général Gilbert Diendéré, encerclés par des unités de l’armée, refusaient de se plier au processus de désarmement.
Les longues heures de discussions n’ont pu empêcher le bruit des armes. Mardi 29 septembre, en fin d’après-midi, des tirs à l’arme lourde ont été entendus dans les environs du palais présidentiel de Kosyam et du camp Naaba Koom, où est cantonné le RSP. Quelques heures plus tôt, des unités de l’armée, dont des blindés, s’étaient déployées autour du fief des derniers putschistes pour les contraindre à se rendre.
Après avoir entamé vendredi dernier un processus de désarmement, une partie des militaires de la garde présidentielle refusent désormais de déposer leurs armes, estimant qu’ils n’ont reçu aucune garantie sur leur sécurité et celle de leurs proches en échange de leur reddition.
D’après une source au cœur de l’exécutif transitoire, qui évoque une nécessaire « preuve d’autorité » face aux putschistes, environ 300 soldats du RSP seraient toujours retranchés dans leur camp. Le général Gilbert Diendéré, qui a pris la direction du coup d’État contre les autorités de transition, est à leur tête. D’après notre source, il aurait refusé sa réaffectation, qui lui a été notifiée par l’état-major général des armées, au sein de l’armée de terre.
« Nous essayons de calmer les jeunes »
De leur côté, plusieurs officiers et sous-officiers de ce régiment d’élite auraient au contraire accepté leurs nouvelles affectations et quitté le camp. Mais aucun chiffre précis, ni leur localisation exacte, n’étaient disponibles dans l’immédiat. « Nous faisons tout pour éviter que la situation dérape, confie un gradé du RSP. Quelques personnes, surtout des jeunes, refusent toujours de désarmer. Mais nous essayons de les calmer et de les ramener à la raison. » Selon différents médias locaux, plusieurs tauliers du régiment, tels le colonel-major Boureima Kéré (chef d’état-major particulier du président), le commandant Abdoul Aziz Korogo (chef de corps par intérim) ou encore le capitaine Abdoulaye Dao (un des meneurs du putsch), seraient sortis de Naaba Koom et tenteraient désormais de convaincre leurs hommes.
Dans un communiqué diffusé à la mi-journée, le gouvernement de transition a invité la population « à vaquer à ses occupations » mais à éviter « tout mouvement dans la zone de Ouaga 2000 ». Il y affirme également avoir pris ses dispositions pour « poursuivre le processus de désarmement de l’ex-RSP et la reddition de la poignée d’irréductibles retranchés au camp Naaba Koom ».
Arrestation de Djibrill Bassolé
Outre le dispositif militaire resserré autour des soldats irrédentistes du RSP, le gouvernement de transition a aussi procédé, ce mardi 29 septembre, à l’arrestation de Djibrill Bassolé, accusé la veille par un communiqué gouvernemental d’« appuyer » le général Gilbert Diendéré et les putschistes qui refusent de se soumettre. L’ancien ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré, exclu de l’élection présidentielle à laquelle il souhaitait se présenter, a été interpellé dans la matinée à son domicile ouagalais. « Nous avons un certain nombre d’éléments contre lui », glisse une source au sein de la transition, sans en dire plus.
Suspecté d’être en lien avec les auteurs du coup d’État, Djibrill Bassolé fait aussi partie de la liste des 14 personnalités dont les avoirs ont été gelés samedi par la justice burkinabè. Parmi elles figurent aussi le général Diendéré et son épouse Fatoumata – une des baronnes du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti de Blaise Compaoré – ainsi que Sidi Paré, ex-ministre délégué à la Sécurité limogé vendredi en raison de sa complicité supposée avec les putschistes.
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