Togo – Kodjovi Obilalé : « Je n’en veux plus à mes agresseurs »

Le 8 janvier 2010, son destin a basculé. Ce jour-là, le bus qui conduisait l’équipe de football du Togo à un match de la CAN était attaqué par des hommes armés non-identifiés, dans l’enclave angolaise de Cabinda. Handicapé depuis l’attentat, le gardiens des Éperviers, Kodjovi Obilalé, vient de publier « Un destin foudroyé », où il raconte son cauchemar. Interview.

Kodjovi Obilalé raconte son calvaire dans son livre « un destin foudroyé ». © Page Facebook

Kodjovi Obilalé raconte son calvaire dans son livre « un destin foudroyé ». © Page Facebook

ProfilAuteur_EdmondDalmeida

Publié le 15 octobre 2015 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Comment vous est venue l’idée d’écrire ce livre, qui est paru en librairies le 7 octobre ?

Kodjovi Obilalé : Lorsque j’étais allongé dans mon lit d’hôpital à Johannesburg, il m’arrivait de revivre à haute voix les événements et je n’arrêtais pas de me plaindre. Un aide-soignant qui s’appelle Isaac m’a conseillé de mettre sur le papier tout ce que je ressentais. Pour lui, il s’agissait d’une autre manière de me soigner.

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Votre destin a certes basculé lors du drame. Pourquoi utilisez-vous le terme « foudroyé » ?

Parce qu’il est approprié à ce que j’ai vécu. Je me suis focalisé toute ma vie sur le foot. J’ai fait tout ce qu’il faut pour devenir footballeur professionnel. J’ai traversé des périodes difficiles mais j’ai tenu. Même ma mère n’était pas d’accord pour que j’embrasse ce métier mais puisque c’était ma passion, je lui ai tenu tête. Aujourd’hui, regardez le résultat. À mon avis il n’y a aucun autre terme pour qualifier ce qui m’est arrivé, au vu de la gravité des faits.

Comment vivez-vous aujourd’hui, au quotidien ?

Je vis comme un citoyen normal. Je sors le matin travailler et je reviens le soir. Après ma rééducation, j’ai fait un travail de remise à niveau pour passer mon diplôme d’éducateur spécialisé. Aujourd’hui j’officie auprès de jeunes en réinsertion avec l’association « Remise en Jeu » à Lorient.

Ce que je déplore, c’est que l’enclave de Cabinda n’ait toujours pas eu son indépendance après tant de pertes en vies humaines

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La rééducation a été longue et coûteuse. Quels sont les soutiens dont vous avez bénéficiés ?

J’ai bénéficié de l’aide de la Fédération française de foot (FFF) que je remercie. J’ai également bénéficié de l’aide de la Fifa, ceci suite à une lettre que je leur avais envoyée. La Fifa a donc payé mes frais d’hospitalisation. J’ai aussi bénéficié du soutien du chef de l’État togolais. La seule institution qui ne m’a pas aidé, c’est la Confédération africaine de football (CAF).

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Avez-vous pardonné à vos agresseurs ?

Je ne leur en veux plus. Ce que je déplore, c’est que l’enclave de Cabinda n’ait toujours pas eu son indépendance après tant de pertes en vies humaines.

Comment entrevoyez-vous votre avenir ?

Comme tout être humain, j’aspire au bonheur. J’ai une famille, des enfants merveilleux et je compte veiller sur eux. Avoir le minimum pour subvenir à leurs besoins. Les voir grandir et évoluer comme tout parent aimerait le faire. Bref, je compte VIVRE !

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