Ranya Gnaba : « Une nouvelle recapitalisation de la Société tunisienne de banque n’est pas exclue »

Ranya Gnaba, analyste du cabinet AlphaMena, revient pour « Jeune Afrique » sur la dernière recapitalisation de la Société tunisienne de banque, conclue fin octobre.

STB parie sur une forte hausse de ses résultats d’ici à 2019. © Nicolas Fauque / www.imagesdetunisie.com

STB parie sur une forte hausse de ses résultats d’ici à 2019. © Nicolas Fauque / www.imagesdetunisie.com

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Publié le 6 novembre 2015 Lecture : 2 minutes.

L’augmentation de capital de la Société tunisienne de banque (STB), approuvée par le parlement en août dernier, a été finalisée le 30 octobre. Selon une note publiée par la Bourse de Tunis, l’État a souscrit directement et indirectement un total de 116 959 576 actions sur les 130,5 millions de nouvelles actions émises, pour un montant d’environ 678 millions de dinars (308,6 millions d’euros).

Suite à cette opération, la participation directe et indirecte de l’État dans cette banque publique est passée de 50,42 % du capital à 83,34 %.

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Ranya Gnaba, spécialiste du secteur bancaire au sein d’AlphaMena, un cabinet indépendant d’analyse financière basé à Tunis, a répondu aux questions de Jeune Afrique sur la faible participation des opérateurs privés à cette recapitalisation et sur les perspectives du programme de restructuration de la STB.

Jeune Afrique : Comment expliquez-vous la faible participation du secteur privé à cette levée de fonds ?

Ranya Gnaba : La situation du secteur touristique, en net recul au second semestre, a affecté cette recapitalisation de la STB de deux manières.

Directement, parce qu’elle a fait douter des capacités de rebond de la banque, qui accumule non seulement des créances douteuses du secteur touristique mais dont 17 % du portefeuille de prêts est alloué à cette industrie.

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Indirectement, l’opération a souffert du climat général de la place tunisienne, refroidi par la crise touristique du pays et la croissance en recul.

Mais les faiblesses du plan de restructuration de la STB ont certainement joué un rôle important.

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Qu’entendez-vous par là ?

Nous avons été très sceptiques vis-à-vis de cette recapitalisation avant sa réalisation. Les faits nous donnent raison.

L’État se trouve exposé à un risque encore plus important qu’auparavant, avec une participation qui dépasse désormais 80 %. Donc, d’un côté l’État apporte de nouveaux capitaux, mais dans le même temps la STB reste actionnaire d’El Wifack Leasing, qui devrait bientôt passer du crédit-bail à une structure de banque islamique… et venir la concurrencer.

La participation publique dans le secteur bancaire tunisien n’est pas rationnelle.

Le plan de relance de la STB mise sur des gains en efficacité et une forte croissance du total de bilan (+54 % d’ici à 2019). Vous paraît-il adéquat ?

Il semble extrêmement optimiste vu le contexte actuel. Le vrai problème reste d’ailleurs la gestion et la gouvernance de l’établissement. La séparation des postes de président du conseil d’administration et de directeur général est un pas dans la bonne direction. Mais la question de l’efficacité opérationnelle reste posée.

Le plan de relance présenté en juillet prévoit par exemple de nouveaux recrutements alors que cette banque est déjà l’une des plus sur-staffées de la place…

Une nouvelle recapitalisation dans un horizon de deux à trois ans n’est donc pas à exclure.

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