L’Etat du Sénégal a annoncé, le 26 octobre dernier, la sortie d’Advens (groupe contrôlé par Abbas Jaber) du capital de Suneor, le leader local de l’arachide qu’Advenus détenait majoritairement depuis la privatisation conclue il y a un peu plus de dix ans. Alors qu’il y a quelques semaines, les travailleurs de l’entreprise ont émis le vœu de voir le secteur privé local s’impliquer dans le processus, Cheikh Amar a affirmé auprès du quotidien sénégalais l’Observateur être « prêt à racheter Suneor si l’Etat décidait de la vendre ». Il est le premier patron du secteur privé national à se porter publiquement candidat au rachat de l’ancien fleuron.

« La Suneor occupe une place de choix dans notre économie. Si ce n’est pas la première, c’est sûrement la deuxième entreprise la plus importante du Sénégal », a-t-il expliqué à nos confrères. Habile, il ne manque pas de jouer sur la fibre nationaliste. « C’est déplorable qu’on n’ait jamais mis la Suneor entre les mains d’un Sénégalais », a-t-il ajouté, feignant d’ignorer qu’Abbas Jaber est né à Thiès et possède la nationalité sénégalaise…

Convoitises

Patron du groupe Tracto Service Equipement (TSE Afrique), Cheikh Amar est actif dans la distribution et le service après-vente de matériels agricoles (tracteurs et outils agricoles), d’équipements d’irrigation et de transformation, de matériels de récolte et post-récolte et de distribution d’engrais, mais aussi dans les phosphates, l’immobilier, les médias…. Il est réputé proche des Mourides, une confrérie influente dans le domaine de l’arachide. Son guide religieux, le défunt khalife général des mourides Serigne Saliou Mbacké,  était un grand exploitant agricole. Le chiffre d’affaires exact de son groupe est mal connu, mais il dépasserait selon nos informations les 150 millions d’euros.

Pour Cheikh Amar, seule l’agriculture parviendra à mener le Sénégal vers le développement et ses acteurs y ont, par conséquent, un rôle essentiel à jouer. C’est la raison pour laquelle, promet-il, une partie du capital de l’entreprise leur sera réservée. « Je donnerai des parts aux opérateurs [les Opérateurs privés stockeurs (OPS), collecteurs des graines d’arachide auprès des cultivateurs avant de les acheminer à l’usine, NDLR] qui le souhaiteraient ». De même,  « les paysans seront les gagnants, assure-t-il, car je vais leur octroyer des actions sur mes propres fonds, à titre gracieux ».

Une fois le rachat des parts d’Advens dans Suneor finalisé, l’Etat devrait vraisemblablement lancer un appel d’offres international. Plusieurs noms sont pressentis.