La Côte d’Ivoire proteste officiellement contre le mandat d’amener français visant Guillaume Soro
Est-ce un début de crise diplomatique entre la Côte d’Ivoire et la France ? Mardi, Abidjan a émis une protestation officielle contre le mandat d’amener de la justice française visant Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale, selon le ministre des Affaires étrangères, Charles Koffi Diby.
Abidjan hausse le ton et convoque l’ambassadeur français, laissant augurer de retombées sur les relations diplomatiques entre la Côte d’Ivoire et la France. « J’émets une vive protestation contre le mandat d’amener émis dans le cadre d’une plainte du fils de l’ex-président Laurent Gbagbo« , a affirmé le ministre Charles Koffi Diby. « Le président de l’Assemblée est en mission officielle de représentation à travers un mandat que lui a donné le président de la République. Il bénéficie d’une immunité absolue. Nous exigeons que le mandat soit annulé », car il « viole complètement les accords de coopération, la convention de Vienne et les traités pour les immunités », a conclu le ministre.
L’ambassadeur français en Côte d’Ivoire, Georges Serre, était attendu en fin de matinée au ministère des Affaires étrangères. Un courrier adressé au ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et reprenant les arguments du ministre, lui a été remis. Quant à Guillaume Soro, qui était en France pour la COP21, il n’était pas possible de savoir dans l’immédiat s’il était rentré dans son pays ou pas.
Michel Gbagbo s’est plaint des conditions de son arrestation (…) Aucune preuve de violences physiques n’a pu être établie, plaident les avocats de Soro
Les avocats français de Soro avaient déjà protesté lundi soir contre ce mandat d’amener, estimant qu’il avait été délivré en méconnaissance des pratiques et usages diplomatiques admis et reconnus. La juge d’instruction parisienne Sabine Khéris cherche à entendre Soro dans le cadre de la plainte déposée en 2012 par Michel Gbagbo, fils de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, pour enlèvement, séquestration et traitement dégradant et inhumain, selon des sources concordantes.
Plainte en dénonciation calomnieuse
Selon une source proche du dossier, des policiers se sont présentés lundi au domicile français de M. Soro qui était absent. Les policiers ont entendu les personnes présentes et ont informé la juge, a-t-elle précisé. « Ceci est d’autant plus choquant que les avocats de M. Soro avaient pris contact à plusieurs reprises avec la juge d’instruction pour s’interroger sur le cadre dans lequel il pouvait et devait coopérer avec la justice française. Celle-ci dispose dorénavant de tous les documents nécessaires qui pouvaient lui manquer », écrivaient les conseils du président de l’Assemblée nationale.
« Les faits allégués, minimes, restent à prouver. Michel Gbagbo s’est plaint des conditions de son arrestation (…) Aucune preuve de violences physiques n’a pu être établie lors de cette arrestation », ajoutaient-ils. À l’époque des faits, M. Soro était Premier ministre, ministre de la Défense. C’est à ce titre qu’il est abusivement visé par une plainte, indiquent ses avocats assurant qu’il coopérera avec la justice française qu’il saisit de son côté d’une plainte en dénonciation calomnieuse contre Michel Gbagbo.
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