Infrastructures : les projets africains les plus marquants de l’année 2015

Entre mastodontes continentaux et initiatives locales, du Maroc à Djibouti, de Suez à Abidjan, dans des secteurs aussi divers que les industries lourdes (pétrole, transport), la consommation et la culture, découvrez les projets d’infrastructures qui ont marqué l’actualité économique de l’Afrique en 2015.

Vue du Canal de Suez, en août 2015. © Amr Nabil/AP/SIPA

Vue du Canal de Suez, en août 2015. © Amr Nabil/AP/SIPA

Publié le 24 décembre 2015 Lecture : 6 minutes.

Pour célébrer la fin de l’épidémie meurtrière d’Ebola en Sierra Leone, le pays s’est trouvé un hymne : la chanson « Bye bye Ebola ». © DR
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Rétro : l’Afrique en 2015

Retrouvez la rétrospective de l’année 2015 en Afrique réalisée par la rédaction de « Jeune Afrique ».

Sommaire

Suez : le chantier pharaonique du nouveau canal bouclé en un an

Des écoliers saluent le passage d'un porte-conteneurs par le nouveau canal de Suez inauguré début août 2015. © Hassan Ammar/AP/SIPA

Des écoliers saluent le passage d'un porte-conteneurs par le nouveau canal de Suez inauguré début août 2015. © Hassan Ammar/AP/SIPA

Initialement prévu sur une durée de trois ans, le chantier d’élargissement du canal du Suez aura été bouclé en un an. Pari tenu donc pour le président Abdel Fattah al-Sissi : l’ex-chef de l’armée qui a destitué Mohamed Morsi en 2013 et qui avait fait du nouveau canal de Suez un symbole du redressement économique national. Les travaux ont été lancés le 5 août 2014, et l’inauguration en grande pompe n’a pas manqué au rendez-vous, le 6 août 2015, douze mois plus tard. Les 60 milliards de livres égyptiennes nécessaires au financement du projet ont été levées en six jours, dont 80 % par souscription nationale auprès des particuliers.

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Un chantier pharaonique, de creusement d’une nouvelle voie navigable et d’élargissement du passage existant de la Méditerranée à la Mer Rouge, mené au pas de charge, qui permettra de doubler le trafic d’ici à 2020 (100 navires par jour) et d’assurer au pays des redevances annuelles de 13,2 milliards de dollars, uniquement en droits de passage, contre 5 milliards actuellement.

Accessoirement, la rapidité d’exécution côté égyptien permet à Suez de damer le pion au canal de Panama, dont la version élargie sera, elle, inaugurée en avril 2016.

Ouverture du premier Carrefour au sud du Sahara

Vue de l'entrée du premier centre commercial PlaYce de CFAO à Marcory, dans la capitale économique de la Côte d'Ivoire, Abidjan. © CFAO

Vue de l'entrée du premier centre commercial PlaYce de CFAO à Marcory, dans la capitale économique de la Côte d'Ivoire, Abidjan. © CFAO

Lumière sur la première implantation des nouveaux centres commerciaux prévus en Afrique subsaharienne par CFAO et Carrefour : l’hypermarché et les 51 magasins et boutiques de services ont ouvert au public le 19 décembre dans la commune de Marcory, à Abidjan (Côte d’Ivoire). CFAO espère y attirer trois millions de visiteurs par an dans les 20 000 mètres carrés du mall.

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Situé sur le boulevard VGE, l’une des principales artères d’Abidjan (où se trouvent plusieurs autres centres commerciaux), fait 20 000 mètres carrés.

L’hypermarché Carrefour, le premier du numéro deux mondial de la distribution alimentaire en Afrique subsaharienne, s’étend sur 3 200 mètres carrés, avec 20 lignes de caisses. 550 emplois directs ont été créés.

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Carrefour et CFAO entendent répliquer ce modèle dans « plusieurs dizaines » de centres commerciaux dans huit pays au cours des prochaines années.

Chine et Union africaine signent “l’accord du siècle”

Zhang Ming et Dlamini-Zuma, en janvier 2014 à Addis Abeba. © Ministère des affaires étrangères chinois.

Zhang Ming et Dlamini-Zuma, en janvier 2014 à Addis Abeba. © Ministère des affaires étrangères chinois.

L’Union africaine (UA) et la Chine ont signé le 27 janvier 2015 à Addis Abeba un protocole d’accord pour un vaste projet d’infrastructures destiné à relier les capitales africaines au moyen d’autoroutes, de trains à grande vitesse et de liaisons aériennes.

Si aux dires de la présidente de la Commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, le projet mobilise déjà des équipes sino-africaines dans plusieurs pays, peu de détails ont été donnés sur les projets visés, leur financement ou leur calendrier. L’accord prévoit notamment que la Chine participe à la mise en place de liaisons aériennes en Afrique, « afin d’éviter de devoir transiter par Paris ou par Londres pour se rendre d’une capitale africaine à l’autre », comme c’est encore très souvent le cas, a expliquait en janvier le vice-ministre des Affaires étrangères chinois, Zhang Ming.

Côté UA, la coopération de large échelle conclue à Addis Abeba est présentée comme le coup d’envoi de l’agenda 2063, échéance fixée par l’organisation politique panafricaine pour la mise en œuvre d’une Afrique unifiée et prospère.

Le canadien Bombardier associé à la construction d’un monorail au Caire

Un consortium composé de Bombardier et de deux entreprises égyptiennes va construire d’ici à 2018 un train urbain au Caire. L’entreprise québécoise Bombardier, qui fabrique notamment des avions et des trains, a été retenue par le gouvernement égyptien pour la construction au Caire d’un monorail (train circulant sur une poutre rigide) dont le montant d’investissement s’élève à 1,5 milliard de dollars.

La livraison de ce tronçon de 52 kilomètres est prévue pour le deuxième semestre de 2018. Les travaux devraient débuter en 2016. Objectif : désengorger la capitale égyptienne peuplée de plus de 20 millions d’habitants qui souffre depuis des années d’infrastructures vieillissantes et peu entretenues.

L’américain Blackstone investit dans un oléoduc entre Djibouti et l’Éthiopie

Des membres du gouvernement du Soudan du Sud visitent le champ pétrolier de Paloich en février 2012. © Pete Muller/AP/SIPA

Des membres du gouvernement du Soudan du Sud visitent le champ pétrolier de Paloich en février 2012. © Pete Muller/AP/SIPA

Un oléoduc de 550 kilomètres entre la côte de Djibouti et le centre de l’Éthiopie d’une capacité de 240 000 barils par jour, voilà l’objet de l’accord-cadre qui a été signé fin septembre par un fonds américain (Black Rhino contrôlé par le Blackstone Group), une société sud-africaine (MOGS Oil & Gas Services, spécialisée dans la construction d’infrastructures pétrolières, gazières et minières) et les deux États.

Le projet, dont la livraison est attendue pour le dernier trimestre 2018 pour un coût de 1,55 milliard de dollars, fait partie d’un projet dénommé « Horn of Africa Pipeline » qui prévoit aussi la construction d’une unité d’importation et d’un centre de stockage de produits pétroliers à une trentaine de kilomètres de Djibouti. BRM, la co-entreprise détenue à égalité par Black Rhino et MOGS Oil & Gas Services, sera le maître d’oeuvre du chantier.

Le parc éolien de Tarfaya et le parc solaire de Noor au Maroc

Le chantier de Noor I à proximité de Ouarzazate le 24 avril 2015. Le parc solaire marocain devait être raccordé au réseau électrique du royaume quelques jours après la fin du sommet de Paris sur le climat. © Abdeljalil Bounhar/ AP/ SIPA

Le chantier de Noor I à proximité de Ouarzazate le 24 avril 2015. Le parc solaire marocain devait être raccordé au réseau électrique du royaume quelques jours après la fin du sommet de Paris sur le climat. © Abdeljalil Bounhar/ AP/ SIPA

C’est l’un des chantiers phares de l’ambitieuse politique du Maroc en matière d’énergies vertes. Le parc éolien de Tarfaya, sur la cote sud du pays, a nécessité plus de 450 millions d’euros d’investissements.

Sa capacité de 300 mégawatts (soit pas moins de 131 éoliennes) fait de lui le deuxième plus grand parc du continent à ce jour.

L’inauguration du parc solaire à concentration de Noor, un autre grand projet du royaume chérifien, était également attendue en décembre.

Infrastructures : Djibouti veut retrouver son lustre d’antan

Fort d’une croissance continue et d’un déficit budgétaire sous contrôle, le pays multiplie les projets. Objectif : devenir le hub est-africain de la logistique, des télécoms et de la finance. Jalon significatif de cette ambition : la réhabilitation des rails du chemin de fer qui relie Djibouti à Addis-Abeba, hors service depuis 2002.

Achevées la modernisation et l’électrification de la ligne, financées à hauteur de 440 millions d’euros par China Exim Bank, un premier convoi a de nouveau emprunté fin août un court tronçon des 784 km de la voie érigée en 1917.

La renaissance du train s’inscrit en effet dans celle, plus générale, de l’agglomération, qui doit répondre à son urbanisation galopante et chaotique. Et les projets ne manquent pas : nouvelles zones résidentielles en périphérie, édification de deux immenses centres commerciaux dont « l’œil de l’Afrique »,construit, à une échelle plus réduite, sur le modèle des fameuses palmes dubaïotes, ou encore l’aménagement de la corniche « de Venise », face au vieux port de commerce.

Peau neuve pour Constantine, capitale de la culture arabe 2015

Constantine, capitale de la culture arabe 2015 : la nouvelle salle de spectacle édifiée en amont de l'événement © © Capitale de la culture arabe 2015

Constantine, capitale de la culture arabe 2015 : la nouvelle salle de spectacle édifiée en amont de l'événement © © Capitale de la culture arabe 2015

Depuis le 16 avril, Constantine, à l’est de l’Algérie, est « Capitale de la culture arabe » : concerts, expositions, colloques, etc., ont été programmés pendant une année.

Pour accueillir cette manifestation, la ville des Ponts a fait l’objet d’une vaste opération de réhabilitation et a été dotée de nouvelles infrastructures culturelles. Grâce à l’enveloppe de sept milliards de dinars allouée à l’événement (environ 70 millions d’euros), une salle de spectacle de 3 000 places adossée à un pavillon des expositions a été édifiée avant le lancement.

Un nouveau viaduc est venu s’ajouter aux sept ponts de la ville rénovés pour l’occasion. Et les façades, bâtisses et monuments de la vieille ville ont été restaurés.

En 2016, c’est la ville de Sfax en Tunisie qui récupérera le flambeau de « Capitale de la culture arabe ».

Maroc : nouvelle impulsion pour le projet « Wessal Casablanca-Port »

Nichée sur la côte atlantique, au cœur du centre de Casablanca, la Marina de Wessal Casablanca Port ambitionne de créer une infrastructure attractive qui ancrera la ville comme destination régionale et mondiale privilégiée. © DR

Nichée sur la côte atlantique, au cœur du centre de Casablanca, la Marina de Wessal Casablanca Port ambitionne de créer une infrastructure attractive qui ancrera la ville comme destination régionale et mondiale privilégiée. © DR

La deuxième phase de réhabilitation de l’ancienne médina de Casablanca a été lancée par le roi Mohammed VI en mars. D’un coût estimé à 28 millions d’euros, elle constitue une part essentielle du projet « Wessal Casablanca-Port », initié en 2010 et censé renforcer l’attractivité touristique de la capitale économique du Maroc. Le 20 mars, il a donné le coup d’envoi de la construction de deux espaces artisanaux, de la réhabilitation de la synagogue Rabbi Ettedgui et de la restauration du mausolée El Karouani.

Ce second volet du Programme de réhabilitation de l’ancienne médina de Casablanca (PRAM) doit permettre d’ouvrir la ville vers la mer, par la création d’un circuit touristique culturel de 3,7 km au sein de la ville ancienne en connexion avec la Mosquée Hassan II.

Quelques jours plus tôt, Mohammed VI avait procédé au lancement de trois projets portuaires stratégiques, également inclus dans « Wessal Casablanca-Port » : la construction d’un nouveau chantier naval, l’aménagement d’un port de pêche et le développement d’un terminal de croisières.

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