Rétrospective : les dix flops de l’année 2015
Jeune Afrique dresse un bilan, non exhaustif et subjectif, des flops qui auront marqué l’année 2015. Beaucoup de perles politiques et quelques ratés économiques et culturels.
Rétro : l’Afrique en 2015
Retrouvez la rétrospective de l’année 2015 en Afrique réalisée par la rédaction de « Jeune Afrique ».
Le coup d’État manqué au Burkina
Surnommé le « coup d’État le plus bête du monde », si tant est qu’il en existe d’intelligents, le putsch raté du 16 et 17 septembre restera comme l’un des plus gros échec de l’année. Et c’est sans doute mieux ainsi pour le Burkina Faso. Tout commence le 16 septembre quand des éléments du Régiment de sécurité présidentiel (RSP) font irruption en plein Conseil des ministres et prennent en otages le Premier ministre, Isaac Zida, et le président de transition, Michel Kafando. Le lendemain, le général Gilbert Diendéré, l’ex bras-droit de l’ancien président Blaise Compaoré, était nommé à la tête du Conseil national de la démocratie (CND). Une instance à la durée de vie très limitée puisque les putschistes seront contraint de remettre le pouvoir aux autorités de transition une semaine plus tard. Mis aux arrêts, Diendéré a également été inculpé de complicité dans l’assassinat du président Thomas Sankara lors d’un autre coup d’État, le 15 octobre 1987. Un beau raté.
Les bourdes de Jacob Zuma
Le président sud-africain est un habitué des frasques en tout genre. Après les polémiques causée par les travaux entrepris dans sa résidence privée de Nkandla aux frais du contribuable, ou ses déclarations controversées sur le sida, Jacob Zuma aura clôturé l’année en nommant deux ministres en moins d’une semaine. Sa décision de remplacer Nhlanhla Nene, un homme respecté ayant gravi les échelons, par David van Rooyen, un quasi-inconnu sans aucune expérience, suscita une fronde populaire qu’il n’avait sans doute pas vu venir. Sous la pression, le président a été contraint de procéder à un second remaniement, en rappelant Pravin Gordhan, qui avait déjà assumé ces fonctions de 2009 à 2014.
L’omission d’Alpha Condé
On ne badine pas avec la loi. Réélu chef de l’État dès le premier tour en octobre, Alpha Condé, 77 ans, a été contraint de prêter serment deux fois. Lors de son premier essai devant la Cour constitutionnelle le 14 décembre, Condé a tout simplement oublié de lire le passage dans lequel il doit jurer « de respecter et de faire respecter la loi ». Des magistrats guinéens ont alors exigé qu’il la reprenne, en lisant toute la formule, ce qu’il a fait une semaine plus tard lors d’une cérémonie d’installation prévue au préalable. Au moins treize chefs d’État africains étaient présents à la première prestation de serment. Lors de la deuxième cérémonie officielle, c’est uniquement le chef de l’État gambien, Yahya Jammeh, qui a fait le déplacement.
Statu quo pour les gays sur le continent, même en Tunisie
L’article 230 du code pénal tunisien criminalise l’homosexualité, mais la loi était restée inappliquée de nombreuses années. En 2015, plusieurs condamnations ont été rendues suscitant l’indignation de la presse, de la société civile et du corps médical. « Ainsi, plus de quatre ans après la révolution qui a déboulonné le système Ben Ali, plus de vingt mois après l’adoption d’une Constitution « exemplaire », qui garantit les libertés individuelles, proscrit les discriminations et sanctifie la dignité humaine – au point de l’inscrire dans la devise de la République -, un citoyen tunisien peut être jugé et condamné à cause de son orientation (homo)sexuelle », a commenté notre journaliste Samy Ghorbal.
Quand Mugabe lit un vieux discours sans s’en rendre compte
Robert Mugabe se fait vieux. 91 ans. L’inamovible président du Zimbabwe, au pouvoir depuis l’indépendance en 1980, a relu mi-septembre pendant 25 minutes l’intégralité du texte déjà prononcé devant les députés lors de son intervention sur l’état de la nation un mois auparavant. Le chef de l’État, d’ores et déjà désigné candidat de son parti pour la présidentielle de 2018, ne s’est visiblement pas aperçu qu’il prononçait le mauvais discours.
La diplomatie internationale en Libye
Pour beaucoup d’observateurs, la responsabilité de l’échec des négociations inter-libyennes incombe en partie à la communauté internationale, qui a multiplié les maladresses. Si les discussions entre les deux autorités rivales ont finalement accouché d’un accord politique à Skhirat au Maroc, le texte, bien que signé par les vice-présidents des deux assemblées, a été rapidement été rejeté par les présidents des Parlements de Tripoli et de Tobrouk (Est). Ces derniers se disent en revanche en faveur d’un accord interlibyen, alternatif à celui de l’ONU, signé à Tunis, stipulant également la formation d’un gouvernement d’union nationale.
Les élections provinciales reportées sine die en RDC
Initialement prévue le 31 août puis reportée au 6 octobre, l’élection des gouverneurs dans les nouvelles provinces de la RDC a été finalement reportée sine die. Une décision justifiée par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) qui évoque « diverses contraintes » dans l’installation de ces entités nouvellement créées. Conséquence : des gouverneurs élus ont été remplacés par les commissaires spéciaux nommés par le gouvernement central.
Le passage manqué à la TNT
La migration de la télévision vers la TNT n’a pas eu le succès escompté sur tout le continent. À Madagascar, le contrat de StarTimes a été annulé pour des entorses à la procédure d’attribution. Idem en Zambie et au Ghana, les marchés attribués à StarTimes ont été annulés, la sincérité des offres ayant suscité des doutes, avant finalement d’être reconduits. Au Sénégal, Excaf Télécom, attributaire du marché de la mise en œuvre du passage à la télévision numérique, a été sommé par la justice sénégalaise de cesser la commercialisation de ses décodeurs pour violation de contrat. Le basculement vers la télévision numérique terrestre, ce n’est pas pour tout de suite.
Le bad buzz autour de la venue Messi au Gabon
C’est l’histoire d’un coup marketing raté. Invité par le président Ali Bongo Ondimba (ABO), le footballeur argentin Lionel Messi participe tout sourire, le 18 juillet, à la pose de la première pierre du nouveau stade de Port-Gentil, construit pour la Coupe d’Afrique des nations 2017. Mais le passage à Libreville du quadruple Ballon d’or tourne rapidement à la polémique. Le magazine sportif France Football annonce d’abord que Messi aurait reçu un chèque de 3,5 millions d’euros, avant que d’autres sources ne précisent que les deux tiers de la somme proviendraient des recettes fiscales. Les internautes gabonais crient rapidement au scandale et les opposants politiques d’ABO s’engouffrent dans la brèche, poussant Messi à affirmer, via Mundo Deportivo, ne pas avoir touché un centime et la présidence gabonaise à démentir « fermement avoir versé, voire promis de verser, une quelconque somme d’argent au footballeur international argentin ». Pas suffisant pour éteindre la polémique et redonner à la venue de Messi le succès escompté. Même si, au final, l’internaute distrait retiendra une seule chose : Messi a serré la pince d’Ali Bongo Ondimba au Gabon. Pour le meilleur ou pour le pire.
L’annulation de dernière minute du concert de Stromae à Kinshasa
C’est un demi-flop ou plutôt un flop pardonné. Particulièrement attendu le 13 juin à Kinshasa, l’une des dates phares de sa tournée africaine, le chanteur Stromae a annulé son concert la veille pour des raisons médicales. La star internationale avait directement regagné Bruxelles, sans se rendre à Kigali où il devait se produire le 20 du même mois. Ce n’est qu’en octobre que Kinois et Kigaliens ont pu assister au concert du chanteur belge d’origine rwandaise. Stromae a par ailleurs collectionné les mésaventures lors de ses différentes tournées : aux États-Unis, il a ainsi dû annuler au dernier moment une représentation à Minneapolis après avoir chuté d’une glissière de sécurité pendant le tournage d’une vidéo. Tout ceci n’a pas empêché Stromae de captiver son auditoire partout il a pu finalement se produire et de continuer à fasciner le monde entier pour sa réussite et sa modestie.
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