Exposition : quand l’URSS voulait séduire l’Afrique
À travers des images de propagande d’époque et des photos d’artistes contemporains, la Calvert 22 Foundation de Londres revient sur les liens entre le bloc soviétique et le continent à l’époque de la guerre froide. Et sur ce qu’il en reste.
Le temps des grandes idées a cédé la place à celui des petits individualismes. Aussi, un simple coup d’oeil dans le rétroviseur donne parfois l’impression d’un phénoménal bond en arrière. Est-il si loin, pourtant, le temps où le mur de Berlin séparait encore l’Est de l’Ouest, le bloc communiste du bloc capitaliste ? Non. Ils sont encore vivants, ces milliers d’étudiants africains qui partirent étudier en URSS et en revinrent parfois mariés à des beautés locales. Alors que les anciennes puissances coloniales cherchent à répondre aux défis économiques lancés par les Chinois ou les Indiens sur le continent, la Russie de Vladimir Poutine semble elle se désintéresser du continent africain. Pis, la presse se fait souvent l’écho des violences à caractère raciste fréquentes sur le sol russe. Ce ne fut pas toujours le cas, et c’est l’un des principaux mérite de l’exposition Things Fall Apart que de nous le rappeler.
Egalité d’un côté, oppression de l’autre?
Du 4 février au 3 avril 2016, la Calvert 22 Foundation propose, à Londres, une série d’oeuvres soulignant les liens forts qui existèrent entre l’URSS et les « colonies oppressées ». Evidemment, il y eut les soutiens diplomatiques et militaires à des pays comme l’Angola, le Mozambique, l’Égypte ou le Congo, mais différents accords de coopération permirent aussi à des Africains de passer de l’autre côté du mur. Des Africains-Américains firent aussi le pas : la propagande soviétique, à l’époque, faisait son miel de la discrimination raciale aux États-Unis comme du colonialisme européen et proposait une idéologie égalitariste. Artiste américain d’origine russe, Yevgeniy Fiks a rassemblé au sein du Wayland Rudd Archive une série de 200 images qui permettent de montrer comment l’imagerie communiste a représenté le corps noir pour les besoins de sa propagande.
Des années 1920 au Monument de la renaissance africaine de Dakar
Mais l’exposition organisée par le commissaire Mark Nash et qui emprunte son titre au célèbre ouvrage de Chinua Achebe ne s’arrête pas à cette production. Les photographes Jo Ractliffe et Kiluanji Kia Henda sont ainsi partis à la recherche des traces de cette imagerie toujours présentes en Afrique, tandis qu’Onejoon Chee s’est lui intéressé à une production beaucoup plus récente, celle du studio nord-coréen Mansudae qui a conçu le Monument de la Renaissance, à Dakar. Things Fall Apart, qui fait partie de la Red Africa Season de la Calvert 22 Foundation, est accompagnée d’une programmation cinématographique qui évoque la vie des étudiants africains en Russie, à l’instar d’Abderrahmane Sissako (Octobre (1993), Rostov-Luanda (1997)) et de Kara Lynch (Black Russians (2001), Moscow journal, (1994-2014)).
Les années rouges et sanglantes de l’Éthiopie sont évoquées par le film Teza (2008), de Hailé Guerima, tandis que le fameux Sans soleil (1993) de Chris Marker revient sur l’assassinat d’Amilcar Cabral. Conçue en collaboration avec l’Iwalewa-Haus de l’Université de Bayreuth, l’exposition y sera présentée en mai 2016.
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