Tunisie : levée du couvre-feu nocturne sur tout le territoire

Le gouvernement tunisien a décidé de lever le couvre-feu nocturne imposé le 22 janvier sur l’ensemble du territoire suite à une vague de contestation sociale inédite depuis la révolution de 2011, prenant ainsi acte du retour au calme dans le pays observé depuis une semaine.

En janvier 2016, les manifestations de Kasserine avaient provoqué des heurts avec les forces de l’ordre. © Moncef Tajouri/AP/SIPA

En janvier 2016, les manifestations de Kasserine avaient provoqué des heurts avec les forces de l’ordre. © Moncef Tajouri/AP/SIPA

Publié le 4 février 2016 Lecture : 2 minutes.

« Vu l’amélioration de la situation sécuritaire, il a été décidé à partir de jeudi (…) de lever le couvre-feu sur tout le territoire tunisien », a indiqué le ministère de l’Intérieur dans un communiqué, jeudi 4 février. Le dispositif avait déjà été allégé le 25 janvier. À la mi-janvier, un mouvement de contestation parti de Kasserine (Nord-Ouest) avait secoué le pays durant plusieurs jours d’une façon inédite, à la fois par son ampleur et par sa durée depuis la révolution de 2011.

La colère s’était propagée dans de nombreuses régions, les forces de l’ordre répondant dans certains cas à des jets de pierre avec du gaz lacrymogène. Dans la nuit du 21 au 22 janvier, des saccages de commerces avaient été enregistrés dans un quartier populaire de la banlieue de Tunis, Cité Ettadhamen.

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Profond marasme

Si la Tunisie, pionnière et unique rescapée du Printemps arabe, a réussi sa transition politique (élections libres, Constitution), elle est engluée dans un profond marasme socio-économique.

Le taux de chômage dépasse 15 %, et flirte avec les 30 % parmi les diplômés. Ces chiffres sont largement supérieurs dans l’intérieur du pays, délaissé durant des décennies.

Mardi, le ministre des Finances, Slim Chaker, a indiqué que le taux de croissance en 2015 n’avait pas dépassé 0,3 %, tout en disant espérer 2, 5% cette année.

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Le tourisme a été ravagé l’an dernier par les trois attentats revendiqués par le groupe État islamique (EI), notamment ceux du musée du Bardo et de Sousse (60 morts). Conséquence : les recettes touristiques, qui représentaient 7 % du PIB, ont chuté d’un tiers en un an, et des dizaines d’établissements sont actuellement fermés. Aucun plan de relance n’existe à ce jour.

« Pas de baguette magique, mais on peut faire beaucoup de choses »

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Malgré le soutien des pays européens notamment, les investisseurs étrangers boudent en outre la Tunisie, du fait de l’instabilité. Selon le quotidien La Presse, ils sont « plus de 300 » à avoir quitté le pays depuis 2011.

Le couvre-feu en lui-même n’a pas été sans impact pour certains commerçants et restaurateurs, d’autant qu’une mesure similaire avait déjà été prise le 24 novembre dans le Grand Tunis (2,5 millions d’habitants) après l’attaque suicide ayant tué 12 agents de la sécurité présidentielle.

Le pays est sous état d’urgence depuis ce dernier attentat, revendiqué par l’EI. « Le climat en Tunisie n’encourage pas à l’investissement », a reconnu le président Béji Caïd Essebsi lors d’une interview télévisée mercredi. « Il faut prendre la réalité comme elle est. Le chef du gouvernement a dit qu’il n’avait pas de baguette magique. C’est vrai, mais on peut faire beaucoup de choses », a-t-il toutefois assuré. Les Tunisiens attendent de voir.

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