RDC : opération ville-morte massivement suivie à Kinshasa

Le mot d’ordre a été diversement suivi en RDC mardi, jour de grève générale décrétée par une coalition d’opposition. Si Kinshasa a fait figure de ville-morte, Lubumbashi s’est montrée plus réticente.

Photo de Kinshasa, le 16 février. © Compte Twitter de Vital Kamerhe

Photo de Kinshasa, le 16 février. © Compte Twitter de Vital Kamerhe

Publié le 17 février 2016 Lecture : 3 minutes.

Les habitants de Kinshasa sont restés massivement chez eux, mardi 16 février, alors qu’une coalition d’opposition avait décrétée un jour de grève générale. Le mot d’ordre a en revanche été largement ignoré à Lubumbashi, la deuxième ville du pays, où, selon plusieurs témoins, la vie a été « pratiquement normale » avec une affluence dans les rues un peu moins forte que d’habitude.

La grève a en outre été globalement bien suivie à Bukavu (est) et moyennement à Goma sa ville jumelle, sur la rive nord du lac Kivu, où les Léopards, l’équipe de football nationale, ont défilé avec la coupe du Championnat d’Afrique des nations (CHAN) remportée le 7 février.

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Une victoire de l’opposition à Kinshasa

« Zéro faute au peuple congolais », s’est enflammé Joseph Olenghankoy, coordonnateur de la Dynamique de l’opposition, pour qui la journée a été un large succès. Au contraire, pour André Alain Atundu, porte-parole de la Majorité présidentielle, « l’appel de l’opposition a été, de toute évidence, un échec cinglant ».

À Kinshasa, il y a pourtant peu de doutes : le mot d’ordre a été globalement suivi. Écoles et universités ont été désertées, la circulation est restée extrêmement fluide et les piétons rares, alors que Kinshasa offre d’ordinaire le spectacle d’une mégapole de dix millions d’habitants bruyante, embouteillée et bouillonnante.

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« Le soir, les Kinois doivent vivre »

Après plusieurs heures de paralysie des transports publics, la ville s’est éveillée timidement vers 10h00 (09h00 GMT) mais la quasi-totalité des boutiques sont restées fermées. « Peut-être que ça va changer quelque chose dans le pays. Il faut que ça change, une meilleure gouvernance ne sortira que s’il y a la démocratie », espérait Mardochée Nsele, 30 ans, chauffeur de taxi-moto et gréviste.

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Les autorités avaient pourtant averti les fonctionnaires qu’ils seraient soumis à un pointage rigoureux mardi. Au comptoir de Congo Airways, la compagnie aérienne publique, les préposés à la vente des billets étaient à leur poste, mais on ne pouvait acheter son ticket : le guichet de la banque privée chargé de l’encaissement était fermé.

Les terrasses des cafés ont commencé à rouvrir en fin d’après-midi. « La ville était morte la journée, mais le soir les Kinois doivent vivre », expliquait tout sourire Christophe Milongo, en train de boire des bières avec des amis.

Une journée sans incidents majeurs

À l’échelle nationale, aucune violence notable n’a été rapportée, mais six personnes au moins ont été arrêtées. Dans la capitale, le signal de la radio RFI, qui avait été brouillé dès le matin, a été rétabli aux alentours de 17h00 (16h00 GMT).

Plusieurs habitants – des fonctionnaires surtout – ont expliqué avoir voulu s’assurer que la situation était « calme », dans une ville habituée aux violences à caractère politique, avant de se rendre à leur travail.

En janvier 2015, plusieurs dizaines de personnes avaient été tuées à Kinshasa dans des émeutes et leur répression. Les événements étaient partis d’un mouvement de contestation lancé par l’opposition mais ayant rapidement échappé au contrôle de ses organisateurs.

Six militants de la Lucha arrêtés

À Goma, les autorités ont tout de même arrêtés à l’aube six militants de la Lutte pour le changement (Lucha), selon le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, qui les a présentés comme des « bandits ». L’ONG Amnesty International a jugé ces arrestations « arbitraires » et a appelé à la libération immédiate des militants.

Lucha, qui soutenait l’appel à la grève générale, a dénoncé ces arrestations et celle de deux autres de ses militants à Kinshasa. Au Sud-Kivu, l’Union pour la Nation congolaise (UNC), un des trois grands partis de l’opposition, a également dénoncé l’arrestation d’un de ses cadres locaux.

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