À Malabo, les opérateurs financiers plaident pour l’unification boursière dans la Cemac
Ils étaient près de 500 participants ce mercredi matin à la salle internationale de conférence de la cité panafricaine de Sipopo, à Malabo, capitale de la Guinée équatoriale, pour le lancement du forum sur le développement financier de l’Afrique centrale.
Durant cette cérémonie, présidée par Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, chef de l’Etat équato-guinéen et président en exercice de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), plusieurs intervenants ont dressé un diagnostic sévère des limitations du marché financier d’Afrique centrale.
Lucas Abaga Nchama, gouverneur de la Banque des États d’Afrique centrale, a regretté « l’étroitesse du marché financier dans la région, le nombre très limité des transactions boursières et le faible nombre d’entreprises cotées dans la zone Cemac ». Seules quatre entreprises sont cotées dans les six pays de la Cemac. Leur capitalisation atteint à peine 0,4 % du PIB des pays de la région, contre 10 % au Nigeria, 11 % dans la zone UEMOA, 36 % au Kenya, 48 % au Maroc et près de 250 % en Afrique du Sud.
Si dans son allocution, Raphaël Tung Nsue, président de la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (Cosumaf), a mis en lumière les progrès réalisés récemment, avec 419 milliards de F CFA mobilisés sur le marché obligataire entre 2008 et 2015 et la reconnaissance accrue dont bénéficie la Cosumaf à travers son adhésion à l’Organisation internationale des Commissions de valeurs, il a également reconnu les retards pris dans « le chantier d’intégration financière dans la région ».
Le gouverneur de la banque centrale appelle à des mesures courageuses
Au premier rang des blocages, l’existence de deux bourses au sein d’une même communauté économique et monétaire : la Douala Stock Exchange et la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (BVMAC) de Libreville, basées au Cameroun et au Gabon, deux pays membres de la Cemac.
Pour Lucas Abaga Nchama, l’unique réponse qui respecte la « rationalité économique » serait la création d’une seule bourse commune, avec un seul régulateur et un seul dépositaire centrale ». Le gouverneur de la Cemac, à qui une mission de conciliation des bourses de Douala et Libreville avait été confiée en 2014, a appelé à « prendre très rapidement des mesures courageuses pour parvenir à cette unification ».
Cette recommandation est également l’une des propositions centrales du rapport remis par le cabinet Roland Berger après six mois d’investigation sur « le potentiel du marché financier régional de l’Afrique centrale et les mesures d’accompagnement », qui sera au cœur des discussions durant les deux journées du forum de Malabo.
Une période transitoire de trois ans
Signe du caractère sensible de cette question sur laquelle achoppent depuis plusieurs années les responsables publics et financiers de la région, Lucas Abaga Nchama a évoqué une solution « pragmatique et transitoire », qui prévoit de conserver les deux bourses durant une période de trois ans au cours de laquelle leurs réglementations seront harmonisées, les doubles cotations deviendront systématiques, les intermédiaires pourront opérer sur les deux places et les deux régulateurs fusionneront.
En conclusion de cette cérémonie d’ouverture, le président Obiang Nguema Mbasogo s’est félicité de la tenue de ce forum qui intervient « après des années de balbutiements » et qui est l’occasion « d’opérer un diagnostic rigoureux sur les blocages et les potentialités » du marché financier régional.
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