Cinq projets emblématiques du renouveau de la coopération germano-togolaise
Après quelque vingt années de brouille, la reprise des relations entre l’Allemagne et le Togo – son ancienne colonie – s’accélère. Pour preuve, la tenue du 4 au 6 avril à Lomé d’un forum dénommé « printemps de la coopération » entre les deux pays.
Hommes politiques, diplomates, banquiers et investisseurs allemands ont été au rendez-vous du Forum de la coopération germano-togolaise, du 4 au 6 avril à Lomé. Une première depuis le début des années 1990. De fait, les relations entre l’Allemagne et son ancienne colonie s’étaient refroidies en 1993 pour « déficit démocratique » suite à la violente répression de l’opposition lors de la présidentielle remportée par Gnassingbé Eyadema (96,42%). Depuis, l’Allemagne s’était limitée à apporter une aide directe aux populations dans les domaines de la santé publique, les services de santé de base, le développement rural et la promotion de l’artisanat.
À partir de 2012, les deux pays ont timidement repris leur coopération au niveau gouvernemental, avec un soutien financier et technique dans le cadre de la réalisation de projets de développement. Ce renouveau diplomatique s’est accéléré récemment avec les visites de responsables allemands de haut niveau (Gerd Müller, le ministre de la Coopération économique et du Développement, en janvier 2016 et Johannes Singhammer, le vice-président du Bundestag, invité d’honneur du dernier forum). L’occasion de revenir sur le réchauffement de l’axe Berlin-Lomé à travers cinq projets emblématiques.
Infrastructures : projet d’aménagement de la voie du Petit contournement de Lomé
L’Allemagne a financé, à hauteur de 16, 467 millions d’euros, le projet d’aménagement du Petit contournement de Lomé, dont le coût total est estimé à 18,467 millions d’euros. Les 2 millions d’euros restants proviennent de la partie togolaise. Long de 6,6 km, la nouvelle voie permet aux milliers de poids lourds qui quittent quotidiennement la zone portuaire de rejoindre les axes internationaux vers les pays voisins sans emprunter le centre ville de Lomé. C’est le ministre allemand de la Coopération économique et du Développement, Gerd Müller, qui a procédé début janvier 2016 à l’inauguration de ce « périphérique » qui doit également permettre de faire baisser le taux des accidents provoqués en ville par les véhicules de convoi de marchandises.
Énergie : amélioration de la production et de la distribution d’électricité
Le Togo bénéficie d’une enveloppe de 32,5 millions d’euros au titre du programme « Système d’échanges d’énergie électrique ouest-africain (EEEOA – WAPP) », qui vient soutenir les interconnections électriques respectueuses de l’environnement en Afrique de l’Ouest. Dans une sous-région exposée à des problèmes récurrents d’énergie, l’appui de l’Allemagne doit permettre l’amélioration des flux transfrontaliers de l’électricité dans les États membres de la Cedeao.
Et pour augmenter les capacités de production d’électricité du Togo, Berlin a accordé depuis 2012 une aide de 11,5 millions d’euros destinée à la réhabilitation de la centrale hydro-électrique de Nangbeto. Il s’agit là de renforcer les capacités de la principale source d’alimentation électrique du Togo et du Bénin dont la production annuelle est de 172 GWh aujourd’hui. L’objectif est de parvenir très rapidement à une production d’énergie électrique pour une moyenne de 150 millions de kWh par an.
Environnement : réserve de biosphère et adaptation au changement climatique
Les défis liés au changement climatique sont au cœur de la nouvelle coopération entre Lomé et Berlin. Ainsi le « Projet d’adaptation au changement climatique au Togo », financé à hauteur de 1,8 million d’euros provenant du Fonds spécial pour l’énergie et le climat doit permettre à Lomé de construire des infrastructures afin de faire face aux dégâts provoqués notamment par les intempéries. Le projet vise également à réduire l’impact du changement climatique sur les producteurs agricoles ruraux et sur les ressources naturelles pour faire face à l’insécurité alimentaire.
Le projet « Réserve de biosphère transfrontalière du Delta du Mono », financé par le ministère fédéral allemand de l’Environnement, de la Protection de la nature, de la Construction et de la sûreté nucléaire (BMUB), dans le cadre de l’Initiative internationale pour la protection du climat, vise quant à lui à soutenir le Togo dans ses démarches pour faire reconnaître le Delta du Mono comme réserve de biosphère par l’Unesco. L’objectif est de protéger et d’utiliser durablement la diversité biologique et les bénéfices de l’écosystème pour la population locale. Un engagement à cet égard a été pris par le BMUB à hauteur de 7,5 millions d’euros.
Santé : lutte contre l’insécurité alimentaire et le manque de centres de soins de base
Même pendant les deux décennies de rupture de la coopération entre les deux pays, l’Allemagne n’a pas cessé de financer directement des projets mis en œuvre par des partenaires non-étatiques, notamment dans le domaine de la santé. Avec la reprise de la coopération bilatérale, l’Allemagne finance à hauteur de 5 millions d’euros le renforcement des systèmes de santé de base au Togo. Le projet qui vise à garantir l’accès des populations à un système sanitaire de qualité, surtout dans les zones rurales vise la construction ou la réhabilitation de centres de santé.
Le ministre togolais des Affaires étrangères, de la Coopération et de l’Intégration africaine, Robert Dussey et l’ambassadeur d’Allemagne au Togo, Christoph Sander, ont signé le 16 février à Lomé un accord de coopération technique dans le cadre du projet « Un seul monde sans faim ». Pour un coût estimé à 9,40 millions d’euros, ce dernier vise à augmenter le revenu des petites exploitations agricoles, à créer des emplois dans la transformation des denrées alimentaires et à en améliorer l’approvisionnement au niveau local. Il doit également permettre d’améliorer l’alimentation et de diversifier la nourriture notamment des femmes en âge de procréer et des enfants en bas âge.
Social : « Plus de place au sport – 1 000 chances pour l’Afrique »
D’un coût total de 9 millions d’euros, le projet « Plus de place au sport – 1 000 chances pour l’Afrique », est destiné à plusieurs pays du continent dont le Togo. Début janvier, le ministre allemand de la Coopération économique et du Développement a inauguré un stade à Kara (450 km au nord de Lomé) équipé d’une piste d’athlétisme. Le ministre fédéral a également offert du matériel composé de ballons et d’équipements divers. À noter que l’Allemagne offre également des stages de formation à des entraîneurs togolais de diverses disciplines sportives.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Législatives au Sénégal : Pastef donné vainqueur
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Mali : les soutiens de la junte ripostent après les propos incendiaires de Choguel...