Économie : qui sont les hommes clés du nouveau gouvernement algérien ?
Le remaniement gouvernemental partiel en Algérie, annoncé le 11 juin, touche plusieurs portefeuilles liés aux arbitrages financiers et économiques de l’Algérie empêtrée, depuis deux ans, dans une crise pétrolière. Des Finances à l’Energie, de nouveaux ministres ont été installés pour tenter de sortir le pays de cette mauvaise passe, le plus vite possible.
Le si stratégique ministère des Finances passe aux mains de Hadji Baba Ammi. À 76 ans, cet ingénieur-économiste de formation cumule une longue expérience dans le secteur où il occupait le poste de ministre délégué au Budget et à la Prospective avant sa nomination à la place d’Aderrahmane Benkhalfa. Tour à tour directeur des statistiques à la Banque centrale, directeur général de la prévision et de la politique (DGPP), directeur général du Trésor et administrateur au Conseil de la monnaie et du crédit, ce technocrate originaire de Ghardaïa (est du pays) connaît bien les rouages nationaux ; mais aussi les instances internationales qu’il a fréquentées en tant qu’administrateur à la Banque africaine de développement (BAD) et président du conseil d’administration de la Banque de coopération du Maghreb arabe (Tunis).
Trio gagnant
Autant de précieux atouts pour le nouveau grand argentier algérien, qui est appelé à jouer un rôle central dans la mise en oeuvre du « nouveau modèle de croissance économique » tracé par le gouvernement lors de la réunion tripartite du 6 juin dernier et qui repose essentiellement sur le passage du financement budgétaire au financement tiré du marché.
Pour cela, Hadji Baba Ammi mise sur « le secteur bancaire » amené à financer la diversification de l’économie, comme il l’a annoncé lors de sa prise de fonction.
Le nouveau ministre des Finances algérien peut compter sur le soutien de deux personnalités fraîchement nommées pour réaliser son plan d’action : le nouveau gouverneur de la Banque d’Algérie Mohamed Loukal et surtout le tout neuf ministère délégué à l’Économie numérique et de la Modernisation des systèmes financiers confié à Boudiaf Mouatassem, ancien directeur général de l’Organisme de régulation de la monétique.
Changement de cap à l’Énergie
À la tête du ministère de l’Énergie, Nourredine Bouterfa a un rôle tout aussi crucial à jouer que son collègue des Finances.
L’ancien PDG de la Société nationale de l’électricité et du gaz de l’Algérie (Sonalgaz) aura fort à faire pour tenter de redresser un secteur en crise que son prédécesseur Salah Khebri n’a pas réussi à assainir.
Pour y parvenir, cet ingénieur de 68 ans, premier électricien à occuper un poste dominé jusqu’à présent par les pétroliers, devrait appliquer les méthodes défendues au cours de sa longue carrière à Sonalgaz – entré en 1974, il en était le PDG depuis 2004.
Nourredine Bouterfa milite depuis plusieurs années pour une révision des tarifs du gaz et de l’électricité, timidement entérinée dans la loi de Finances 2016. Il s’est aussi récemment illustré en annonçant que Sonelgaz était en négociations pour financer ses projets grâce à des prêts internationaux.
Enfin, le nouveau ministre algérien de l’Énergie aura à trouver la bonne formule pour relancer la production pétrolière en berne depuis plusieurs années, alors que la baisse du prix de l’or noir a dégradé la balance commerciale du pays (-5,62 milliards de dollars au premier trimestre).
Les Travaux publics et Transports regroupés
Boudjamaâ Talai devient à 64 ans le premier titulaire du nouveau ministère des Travaux publics et des Transports rassemblés en un seul département.
Outre son expérience en tant que ministre des Transports depuis mai 2015, cet ingénieur en génie civil dispose d’une grande maîtrise du secteur des travaux publics pour avoir occupé les postes de directeur des études chez le groupe de BTP public algérien Genisider et de PDG du groupe industriel national Batimetal.
Tout comme ses collègues des autres ministères, Boudjamaâ Talai aura à assurer une meilleure gestion des importantes dépenses de son département, pour tenter d’endiguer l’aggravation du déficit budgétaire.
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