L’armée ougandaise au Soudan du Sud pour évacuer ses citoyens, l’ONU craint de nouveaux combats

Un convoi militaire ougandais lourdement armé a pénétré jeudi en territoire sud-soudanais pour évacuer les Ougandais bloqués à Juba, alors que l’ONU craint une possible reprise des combats dans la capitale et leur propagation au reste du pays.

L’entrée d’un convoi militaire ougandais en territoire sud-soudanais, le 14 juillet 2016. © Isaac Kasamani/AFP

L’entrée d’un convoi militaire ougandais en territoire sud-soudanais, le 14 juillet 2016. © Isaac Kasamani/AFP

Publié le 14 juillet 2016 Lecture : 3 minutes.

Juba a été le théâtre, de vendredi à lundi, d’affrontements entre forces fidèles au président Salva Kiir et ex-rebelles aux ordres du vice-président Riek Machar, mettant gravement en péril un accord de paix signé en août 2015 et forçant au moins 36 000 habitants à se réfugier dans les installations de l’ONU, les églises et les écoles de la capitale.

Bien que le cessez-le-feu décrété lundi soir par MM. Kiir et Machar continuait jeudi d’être respecté à Juba, le patron des opérations de maintien de la paix de l’ONU, Hervé Ladsous, a assuré mercredi que l’organisation était « très inquiète » d’une possible reprise des combats, redoutant « qu’elle ne s’étende à d’autres parties du pays ».

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Mobilisation des troupes

M. Ladsous a signalé une « mobilisation » des forces gouvernementales et rebelles dans la région du Haut Nil (nord) autour de Malakal et Leer. « La situation actuelle est changeante et incertaine ».

Selon le responsable onusien, les forces loyalistes semblent contrôler Juba, tandis que les ex-rebelles sont cantonnés à l’ouest de la ville. La mission de l’ONU dans le pays (Minuss) a quant à elle dit avoir été informée mercredi « qu’il y a eu des combats à Leer ».

Le Soudan du Sud, indépendant depuis 2011, est déchiré depuis décembre 2013 par une guerre civile marquée par des massacres inter-ethniques et qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts et près de trois millions de déplacés.

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Groupes armés non identifiés

A Nimule, à 200 kilomètres au sud de la capitale, le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés estime à environ 20 000 le nombre de déplacés souhaitant passer la frontière vers l’Ouganda à la suite des récents combats. Mais l’armée sud-soudanaise les force à rebrousser chemin, selon des témoignages recueillis par l’AFP auprès des rares personnes ayant réussi à passer.

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C’est à Nimule, précisément, qu’une cinquantaine de camions ougandais, escortés par des centaines de soldats et des véhicules blindés équipés de mitrailleuses, ont franchi jeudi matin la frontière, pour sécuriser la route menant à Juba, a constaté un journaliste de l’AFP.

« Nous prévoyons d’aller à Juba pour évacuer 3 000 Ougandais bloqués par les combats, mais ce chiffre pourrait s’accroître car nous évacuerons quiconque veut partir, quelle que soit sa nationalité. Il pourrait même y avoir des Sud-soudanais », a déclaré à l’AFP le chef d’état-major de l’armée de terre ougandaise, Leopold Kyanda.

« Juba est totalement paisible et calme à présent et nous ne nous attendons à aucun problème. Les difficultés pourraient surgir sur la route, où il y a quelques bandits », a-t-il précisé.

La mission ougandaise est censée durer deux ou trois jours, mais du matériel de camping et de cuisine était aussi visible dans le convoi, laissant penser que l’armée est prête à rester plus longtemps, si nécessaire.

« Pourquoi pas ? », a d’ailleurs répondu, sous couvert de l’anonymat, un officier des services de renseignement interrogé.

« Nous avons la capacité de soutenir le gouvernement du Soudan du Sud et nous étions là avant », a-t-il ajouté. L’Ouganda avait envoyé des troupes en 2013 au Soudan du Sud pour soutenir le gouvernement du président Kiir, avant de se retirer à la fin 2015.

Reprise des vols commerciaux 

Aucun bilan des quatre jours de combats n’est disponible, mais la plupart des acteurs s’accordent à dire que « des centaines » de personnes, militaires et civils, dont deux Casques bleus chinois, ont été tuées à Juba.

Médecins sans frontières a indiqué y avoir installé des cliniques mobiles. Le directeur de la branche locale de l’ONG Save the Children avait décrit Juba, mercredi : « il y a des corps dans les rues, des magasins ont été pillés, des marchés ont fermé, les gens font la queue pour obtenir de la nourriture et des familles cherchent désespérément à quitter la ville ».

Des vols commerciaux vers et depuis Juba ont par ailleurs repris jeudi, notamment ceux de Kenya Airways à partir de Nairobi, tandis que l’évacuation de ressortissants étrangers par des charters s’est intensifiée.

Les Etats-Unis ont prévu deux vols jeudi tandis que le ministère indien des Affaires étrangères a publié sur son compte Twitter des photos de ressortissants remplissant des documents dans le cadre de leur évacuation.

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