France : un journaliste franco-marocain forcé de sortir d’une église en raison de ses origines

Alors qu’il effectuait un reportage dans une église bretonne, un correspondant local du journal « Ouest France », jugé « suspect » par les paroissiens en raison de ses origines marocaines, a été forcé de sortir au milieu de la messe, a rapporte mardi le quotidien régional.

Église Saint-Jean-Baptiste, à Locjean, en Bretagne, le 14 juillet 2011. © Hervé / Flickr

Église Saint-Jean-Baptiste, à Locjean, en Bretagne, le 14 juillet 2011. © Hervé / Flickr

Publié le 3 août 2016 Lecture : 2 minutes.

Cinq jour après l’assassinat de l’abbé Hamel, égorgé par deux jihadistes à Saint-Étienne-du-Rouvray, près de Rouen, le journal Ouest France envoie l’un des ses correspondants locaux assister à une messe, dimanche 31 juillet, à l’église Saint-Nicolas de Châteaubriant (Loire-Atlantique). L’objectif du reportage : « juste écouter » et « prendre le pouls de la communauté catholique », explique le quotidien le 2 août, sachant que la veille, le journaliste en question, un Franco-Marocain âgé de 46 ans, avait déjà rencontré le père Patrice Éon, curé d’une paroisse voisine.

Obligé de sortir de l’église accompagné de policiers

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Mais alors qu’il assistait à la messe dominicale de 10h30, heures locales,  le correspondant local a été obligé de regagner la sortie, au milieu de l’office et à la vue de tous, accompagnés de deux gendarmes. Quelques minutes plus tôt, deux femmes s’étaient avancées vers lui pour lui demander si son sac et son casque qui étaient au sol lui appartenaient. Un troisième paroissien avait également téléphoné à la gendarmerie pour signaler un homme « suspect » à l’intérieur de l’Église.

Les gendarmes, le maire et le curé…tous s’excusent

L’incident n’a pas duré longtemps, indique toutefois le quotidien régional. En effet, sitôt les vérifications achevées, les deux gendarmes, puis le maire de la commune de Chateaubriand et des paroissiens stupéfaits se sont confondues en excuses, rapporte le journal.

Le journaliste qui dit s’est confié à sa rédaction ne cache pas son « sentiment d’humiliation ». Mais il ne garde pas de rancœur à l’encontre des fidèles : « C’est tombé sur moi mais je pardonne. La peur n’est pas quelque chose de raisonné. Ce qui s’est passé servira peut-être de leçon et permettra à chacun d’être plus prudent et moins jugeant afin que ça ne se reproduise plus », a-t-il déclaré au journal.

Va-t-on se mettre à suspecter tout visage nouveau ? (Le curé)

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Le jour-même, le prêtre Patrice Éon a adressé un message rassembleur et de fraternité à ses paroissiens : « Va-t-on se mettre à suspecter tout visage nouveau qui entre dans notre assemblée sous prétexte que nous ne le connaissons pas ? Je sais que le climat est à la peur, mais justement parce que le climat est à la peur, Il faut raison garder ! Je suis sûr que le fidèle qui a alerté la gendarmerie a voulu le faire pour le bien de tous, mais je suis sûr aussi que nous ne pouvons pas continuer à agir ainsi : si chacun se met à suspecter son voisin, alors il n’y a plus de fraternité chrétienne possible », a-t-il affirmé sur le site internet des paroisses de Chateaubriant.

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