Tunisie : le parkour, une discipline peu connue qui tente de se faire une place au soleil
À travers le projet « Tunisia Explore », l’objectif de deux jeunes tunisiens est double : populariser leur passion, le parkour, et inviter les Tunisiens et les touristes étrangers à (re)découvrir la beauté du pays.
Même sous une chaleur écrasante, Taher Nouiri et Anis Boukhris ont de l’énergie à revendre. Certains disent même qu’ils ont des ressorts aux pieds. À les voir sauter de mur en mur, sur les toits, sur le sable ou le bitume, on pourrait effectivement se poser la question. Car le parkour, ou « art du déplacement », est une discipline sportive en pleine expansion internationale qui consiste à courir, sauter et grimper en s’adaptant à l’environnement urbain.
Montrer les beaux côtés du pays
Lancé début 2016, « Tunisia Explore » est un projet culturel visant à explorer et à faire découvrir la Tunisie « d’une nouvelle façon, artistique et spectaculaire, pour encourager le tourisme et faire connaître le parkour dans ce pays », explique avec entrain Taher Nouiri, un jeune homme de 23 ans diplômé de l’Institut supérieur de gestion de Tunis. Originaires de la banlieue sud de Tunis, amis et adeptes de cette discipline depuis six ans, lui et Anis Boukhris, 22 ans et détenteur d’une licence en communication et multimédia, forment aujourd’hui un duo de choc, sur terre et dans les airs.
Comme la plupart des « freerunners » (personnes pratiquant le parkour) tunisiens, Taher et Anis ont été inspiré par le cinéma (avec le film Banlieue 13), ont appris sur le net (vidéos, tutoriels), et évoluent en groupe. Un sport, une jeunesse, des monuments et des paysages que « Tunisia Explore » veut mettre en lumière via des vidéos tournées dans les quatre coins du pays. Un spectacle pas toujours vu d’un très bon œil par les autorités.
Artistes, pas terroristes
« Malheureusement, nous avons souvent eu des problèmes en tournant dans des endroits touristiques, les autorités considérant, à tort, que ce que l’on fait ne plaît pas aux touristes », déplore Taher Nouiri. « On nous a même dit que cela reflétait le terrorisme ! » Or la plupart des spectateurs, tunisiens ou étrangers, applaudissent au contraire le travail d’artistes, veulent en savoir plus sur cette discipline et prendre des photos, affirme le jeune homme. Des réactions qui poussent sa petite troupe à s’impliquer d’autant plus dans le développement du parkour en Tunisie. « Nous allons continuer à produire de magnifiques vidéos pour donner une meilleure image à ce loisir, devenu un mode de vie. Nous prévoyons aussi d’explorer au-delà des frontières, en commençant par le Maroc cet été… »
De plus en plus d’adeptes
En Tunisie, les « freerunners » se retrouvent, de plus en plus nombreux, sur des pages Facebook ou dans la rue. « Il y a même des filles qui bougent de façon impeccable », souligne Taher Nouiri. « Tunisian Parkour Girls » est d’ailleurs le premier groupe composé uniquement de filles. Mais malgré ce nombre important de pratiquants, « la discipline n’est pas encore reconnue en Tunisie. » Et ce manque d’encadrement n’est pas sans dangers et nécessite de longues heures d’entraînement ainsi qu’une concentration particulière.
Pourtant, ce n’est pas la première fois que ce genre de vidéos attire l’attention. Le projet « Explore Tunisia » n’est effectivement pas sans rappeler la campagne #MoveForTunisia lancée en décembre 2015 par l’Office national du tourisme tunisien (ONTT) pour promouvoir le tourisme en Tunisie. On y voyait des Yamakasi faire des acrobaties dans différentes villes du pays, de Kef à Tozeur en passant par Sidi Bou Saïd.
Et avant cela, un groupe d’Anglais connu sous le nom The Storror Team avaient également fait sensation en 2014 en partageant leurs aventures à travers la Tunisie.
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