Africa 2016 : enfin, ça bouge !

2 347 visiteurs avaient finalement confirmé leur venue aux Rencontres Africa 2016 à Paris. Plusieurs participants dans les travées du forum espèrent un changement d’état d’esprit et un regain français vis-à-vis du continent. Reportage.

À l’ouverture des rencontres devant le Conseil économique et social français, à Paris le jeudi 22 septembre 2016. © Africa 2016

À l’ouverture des rencontres devant le Conseil économique et social français, à Paris le jeudi 22 septembre 2016. © Africa 2016

Publié le 23 septembre 2016 Lecture : 3 minutes.

« Enfin ! », se réjouit au sujet de l’organisation d’Africa 2016 Joseph Bakima. Vendredi 23 septembre, ce franco-guinéen basé à Conakry et directeur de Watt Electrics, une société d’ingénierie électrique et de développement, a donné à Jeune Afrique un exemple très parlant des « préjugés » et des « freins » qui, reproduits à l’échelle de toute une économie, font perdre des parts de marché à la France en Afrique.

« Un de mes clients à Abidjan est prêt à régler comptant l’envoi d’un conteneur de viande française depuis la Bretagne. Ma commande pour son compte est restée sans réponse pendant trois semaines jusqu’à ce que l’on me dise que des clients asiatiques avaient eu la priorité et que je devrais, peut-être, avoir une réponse sous quelques jours. Mais d’ici là, je vais me tourner vers l’Allemagne ou l’Espagne », raconte-t-il.

Plutôt que la politique, concentrons-nous sur les liens entre entreprises françaises et africaines. Sur ce plan, cette rencontre pourrait ouvrir de nouvelles perspectives

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Des contrats pour les entrepreneurs africains

L’ambition d’Africa 2016 est de participer à mettre un terme au recul économique (relatif) de la France en Afrique. « Entre 2000 et 2011, la part de marché de la France au Sud du Sahara a décliné de 10,1% à 4,7% », notait déjà en 2013 le rapport remis par le quintette Hubert Védrine, Hakim El Karoui, Jean-Michel Severino, Tidjane Thiam et Lionel Zinsou.

Thierno Abdoulaye Diouf, ingénieur technico-commercial pour l’Afrique subsaharienne chez Controlab qui fait du test de matériaux dans le secteur du BTP confirme que « les entreprises françaises doivent être plus agressives en Afrique ». Un sentiment qui est partagé par plusieurs des dirigeants d’entreprises sondées par Jeune Afrique dans les travées du salon hébergé par le Conseil économique social et environnemental français (CESE) plus habitué aux joutes syndicales franco-françaises et aux doctes recherches.

« Plutôt que la politique, concentrons-nous sur les liens entre entreprises françaises et africaines. Sur ce plan, cette rencontre pourrait ouvrir de nouvelles perspectives », a analysé François Ekué Adade, le secrétaire général du Conseil national du patronat du Togo (CNP-Togo). Le son de cloche est le même chez Alassane Bâ, l’ancien patron par intérim du fonds Africa50, Alain Menann, analyste politique pour le Conseil économique et social de Côte d’Ivoire, ou encore chez Frédéric Alexis et Philippe Dépincé.

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Les deux représentants de l’école de management française Audencia, qui s’est rapprochée de l’Institut national polytechnique Houphouët-Boigny de Yamoussoukro en début d’année, entend accélérer encore en Côte d’Ivoire, et au-delà.

Une bonne occasion de « réseauter » donc en présence des incontournables grands groupes français et africains, tels que Bolloré, BNP Paribas, Royal Air Maroc ou Axa, qui avaient tous un stand. Et en termes de contrats pour les entrepreneurs africains ? On se montrait là aussi positif au sortir des quelque 3 700 rendez-vous d’affaires calés en amont.

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Une prochaine édition sur le continent ?

Ainsi, par exemple, d’Hugues et Thomas Zinsou, qui lancent Manz Group une activité de recyclage de déchets à Cotonou. Le voyage à Paris leur aura finalement coûté 3 500 euros pour deux. « Mais si nous parvenons à des accords de plusieurs milliards de FCFA, cela vaudra très largement le coût », disent-ils, reconnaissant le très grand nombre d’entreprises présentes et en précisant avoir reçu de bons conseils lors du forum.

Adèle Nikiema, gérante de Synovie, une SARL burkinabè, représentant du groupe pharmaceutique italien Menarini à Ouagadougou est, elle, plus directe et annonce des « promesses de contrats » qui resteront à convertir dans les prochaines semaines.

Seule l’Afrique anglophone semblait très maigrement représentée, dans des conférences en français, où des polémiques plutôt économiques classiques entre les pays africains et la France sont apparues.

On pouvait par exemple y entendre Jean-Baptiste Satchivi, le président de la Chambre de commerce et d’industrie du Bénin et du Comptoir de distribution des produits alimentaires (CDPA), un groupe agroalimentaire béninois, sonner la charge contre les exportations françaises qui nuisent aux filières de production africaines. 

Vincent Nshizirungu, le directeur rwandais d’ENV Ltd, une société active dans les services et les conseils dans le secteur du BTP, est l’un des rares entrepreneurs africains anglophones croisés sur le salon.

Dans l’entourage de Marc Bouteiller, le directeur général adjoint Afrique au Quai d’Orsay à l’initiative de la rencontre, on indique que les retombées économiques d’Africa 2016 feront l’objet d’études ultérieures plus poussées. Avant, peut-être, d’envisager une nouvelle édition sur le continent.

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