RDC : les « Lumumba papers » éclaboussent la BGFI-Bank et l’entourage de Kabila
Jean-Jacques Lumumba, un des petits-neveux du héros de l’indépendance congolaise, accuse plusieurs proches du président Joseph Kabila d’avoir détourné de l’argent par l’intermédiaire de la banque BGFI, dont il a longtemps été l’un des cadres. Ses accusations sont étayées par une série de documents remis au quotidien belge Le Soir.
C’est une petite bombe dans le microcosme politique kinois. Dans son édition du 29 octobre, le quotidien belge Le Soir accuse plusieurs proches du président Joseph Kabila d’avoir effectué des montages financiers douteux à partir de comptes ouverts dans la branche congolaise de BGFI-Bank. Celle-est dirigée par Francis Selemani Mtwale, un proche du président Kabila depuis ses années d’exil, dans sa jeunesse, en Tanzanie.
« J’ai pensé à mon grand-père »
L’homme qui l’accuse n’est autre qu’un des ex-cadres de la banque, Jean-Jacques Lumumba, par ailleurs un des petits-neveux de Patrice Lumumba, le héros de l’indépendance congolaise. Cet homme âgé de 30 ans a quitté son poste, emmenant avec lui des photocopies de documents compromettant auxquels il a eu accès.
« Ce que je voyais filer, c’était l’argent du peuple, a-t-il expliqué au Soir, à propos de son travail à la BGFI. J’ai alors pensé à mon grand-père, à son combat, à ses principes. Je ne veux pas traîner toute ma vie le boulet d’avoir été complice de ces malversations ».
Que montrent ces « Lumumba papers », ainsi que les ont baptisés les mouvements citoyens congolais ? Ils pointent notamment des mouvements suspects vers un compte appartenant à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Entre mai et septembre 2016, plusieurs chèques ont en effet été encaissés par cette dernière pour un montant total de quelques 7,5 millions d’euros, selon l’ancien banquier. Or la Ceni, organe chargée d’organiser les élections, se plaint régulièrement de manquer de fonds pour mener à bien ses missions…
Versements de la Banque centrale
L’autre volet de l’affaire vise Albert Yuma, le puissant président de la Fédération des entreprises du Congo (FEC) et président du Conseil d’administration de la Gécamines, l’entreprise minière d’État. Egal, une société de Yuma spécialisée dans le commerce agroalimentaire, a bénéficié en 2013 de quatre versements pour un total de 43 millions de dollars sur un compte logé à la BGFI. Or ces versements provenaient de la Banque centrale du Congo, institution publique dirigée par Deogratias Mutombo Nyembo. Un prêt direct à une entreprise est normalement interdit. D’autant que, selon le quotidien belge, la somme n’a jamais été remboursée.
Par ailleurs, des prêts contractés par la Gécamines auprès de la BGFI pour 30 millions de dollars auraient amené, entre octobre 2015 et mai 2016, à un double prélèvement des intérêts par la banque : une fois automatiquement, la seconde manuellement. Le préjudice s’élèverait ainsi pour la société publique à 2,7 millions de dollars. Yuma affirme toutefois qu’il s’agit d’une erreur de la banque, rectifiée par la suite.
Des « idioties », selon Yuma
Joint par Jeune Afrique, Yuma qualifie les accusations « d’idioties ». « Il faut ne rien comprendre au fonctionnement de l’économie pour écrire des choses pareilles, lance-t-il. Ce monsieur Lumumba, je ne le connais pas. Il a sans doute été payé. La BGFI va publier un communiqué prochainement et je répondrai personnellement au Soir« , se défend-il.
Également contacté par Jeune Afrique, Francis Selemani, le DG de la BGFI à Kinshasa, s’est quant à lui refusé à tout commentaire.
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