Heineken ferme sa brasserie de Boma pour limiter la casse en RDC
Le couperet est tombé la semaine dernière pour Bralima (Brasserie limonaderies et malteries africaines), la filiale congolaise d’Heineken depuis 1935 dont la valeur avait déjà été dépréciée de 233 millions de dollars en août.
Suite à une décision du 3e groupe mondial brassicole, la brasserie de Boma (dans la province de Kongo Central), l’une des cinq unités de production de Bralima dans le pays, va fermer à compter du 1er décembre prochain.
C’est désormais l’unité de brassage de Kinshasa de Bralima, numéro un de la bière et des soft drinks en RDC, qui prendra le relais pour continuer à desservir le marché local, explique la direction de la communication d’Heineken à Amsterdam.
Depuis 2013, Bralima fait face, au niveau national, à un profond ralentissement de ses performances financières. « L’entreprise subit de plein fouet la baisse constante du marché des boissons liée à un pouvoir d’achat des consommateurs de plus en plus faible, à une augmentation continue de la pression fiscale, qui est déjà très forte, à l’instabilité du taux de change et à l’augmentation très importante des tarifs d’eau et d’électricité », poursuit la direction du groupe.
Ventes en chute libre
Résultat, compte tenu de la baisse constante de la consommation, les ventes de Bralima se sont effondrées de plus de la moitié depuis 2014.
Les exportations de Bralima vers la province angolaise enclavée de Cabinda se sont par ailleurs taries en raison de la crise économique qui sévit dans cette région, tandis qu’à l’inverse le Kongo Central est aujourd’hui inondé par des importations frauduleuses provenant d’Angola et bradées à des prix inférieurs de 50 % à ceux des boissons locales.
Cette fermeture pourrait créer la polémique. En décembre 2015, 168 anciens employés de l’unité de brassage de Bukavu, qui estiment avoir été licenciés abusivement par Bralima entre 1998 et 2003, ont déposé une plainte au Point de contact national (PCN) de La Haye pour les principes directeurs de l’OCDE. Celle-ci a été jugée recevable en juin dernier.
Détenue à 95 % par le groupe Heineken, Bralima, qui commercialise la célèbre bière Primus, compte comme actionnaire minoritaire (5 %) Jean-Pierre Bemba, le chef de guerre reconnu coupable de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité en Centrafrique par la CPI de La Haye cette année.
Le chiffre d’affaires d’Heineken pour la zone AMEE (Africa, Middle East and Eastern Europe), dirigée par le Belge Roland Pirmez, était de 3,26 milliards d’euros en 2015. Cette zone englobe également la Russie et la Biélorussie, Heineken ne communiquant pas ses résultats pour la seule partie Afrique et Moyen-Orient.
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