Mauritanie : des militants anti-esclavagistes déposent une plainte en France

Une plainte visant de hauts responsables mauritaniens, accusés de tortures à l’encontre de militants anti-esclavage et actuellement jugés en Mauritanie, a-t-on appris auprès de leur ONG, Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA).

Marché à Nouakchott, capitale de la Mauritanie. © Candace Feit/AP/SIPA

Marché à Nouakchott, capitale de la Mauritanie. © Candace Feit/AP/SIPA

Publié le 14 novembre 2016 Lecture : 2 minutes.

La meilleure défense, c’est l’attaque. Alors que leur procès en appel s’ouvrait ce lundi 14 novembre à Zouerate, les treize militants anti-esclavagistes accusés de « rébellion, usage de la violence, attaque contre les pouvoirs publics, attroupement armé et appartenance à une organisation non reconnue » ont appliqué la maxime, en portant plainte contre X devant le tribunal de grande instance de Paris pour « torture et traitement cruel ».

Un procès controversé en Mauritanie

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En parallèle, lors de l’ouverture du procès, les avocats de la défense ont soulevé des exceptions de procédure « suffisantes pour annuler le dossier » selon eux, comme l’a affirmé Maître Bah Ould M’Bareck. Des militants de l’IRA étaient présents en nombre dans la salle d’audience, après avoir organisé dans la matinée un sit-in devant le tribunal afin de réclamer la libération de leurs camarades.

De son côté, la justice accuse ce groupe d’activistes d’avoir participé à des violences anti-policières en compagnie de sept habitants du bidonville de Ksar, un quartier du centre de Nouakchott. Le 29 juin, les autorités avaient voulu déplacer plusieurs habitants, mais la manœuvre avait viré à l’affrontement et une dizaine d’agents avaient été blessés selon les autorités. En première instance, ils avaient été condamnés à des peines de prison allant de trois à quinze ans.

Une plainte déposée à Paris pour mobiliser

Les activistes estiment avoir été victimes de torture et de mauvais traitements lors de la procédure judiciaire, justifiant ainsi la plainte déposée à Paris. Selon les avocats de l’ONG, cette plainte est recevable en vertu du principe de compétence universelle. En clair, un État peut légitimement et légalement poursuivre des personnes échappant habituellement à sa juridiction s’ils sont les auteurs des crimes les plus graves. Ce qui semblerait être le cas en l’occurrence, si les accusation des activistes venaient à se confirmer.

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L’affaire avait déjà poussé le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU à monter au créneau en octobre dernier. L’institution avait alors estimé que les poursuites judiciaires engagées à l’encontre des militants étaient « destinées à étouffer les groupes et individus qui favorisent les droits de l’Homme » dans le pays, soulignant que « l’activisme anti-esclavagiste ne peut pas être un crime ».

Même son de cloche du côté du bureau ouest africain de l’ONG Amnesty, dirigé par Kiné Fatim Diop : « Les autorités se servent de cette affaire dont la solution est évidente pour tenter de faire taire les militants anti-esclavagistes en Mauritanie. »

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L’esclavage touche 20% de la population 

L’esclavage a été officiellement aboli en 1981 en Mauritanie et est réprimé, depuis 2015, par des peines allant jusqu’à 20 ans de prison. Mais certaines pratiques d’asservissement perdurent, une situation dénoncée avec véhémence par l’IRA. « 20 % de la population est victime de travail forcé. Ils n’ont pas de pièce d’identité ni d’accès aux soins. Les femmes et les filles subissent régulièrement des viols », a déploré lundi 14 novembre le président de l’ONG, Biram Ould Dah Ould Abeid.

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