Côte d’Ivoire : comment le Conseil café-cacao joue la montre face à la chute des cours

Ce n’est pas encore de la panique, mais l’inquiétude est grande en Côte d’Ivoire avec la chute des cours du cacao. Sur le marché à terme, les ventes pour la campagne 2017-2018 n’ont pas commencé.

Unité de transformation du cacao dans l’usine de Choco Ivoire à San Pedro, dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire, en mars 2016. © Jacques Torregano/JA

Unité de transformation du cacao dans l’usine de Choco Ivoire à San Pedro, dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire, en mars 2016. © Jacques Torregano/JA

Publié le 28 novembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Que se passe-t-il au Conseil café-cacao (CCC) ? Selon des sources proches du régulateur ivoirien et chez les exportateurs, ces derniers ne trouvent quasiment pas de volumes à acheter dans le système ni pour la saison cacaoyère 2016-2017 ni pour celle de 2017-2018, dont les premiers lots sont pourtant attendus ces mois-ci. « Pour eux cela signifie arrêt de travail », confirme un fin connaisseur du secteur.

Mi-novembre, les agences de presse, citant des sources au sein du Conseil café-cacao et des ministères, affirmaient déjà que les ventes sur le marché à terme du cacao ivoirien, où 80 % de la récolte est vendue un an à l’avance, étaient suspendues jusqu’en janvier.

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Cours en recul

Le contexte est inquiétant : à la Bourse de New York, le cacao a perdu plus de 500 dollars depuis fin août, passant à 2 400 dollars (2265 euros) la tonne actuellement en raison de très bonnes prévisions de croissance.

Contactée par Jeune Afrique, la directrice du puissant organe de régulation de la filière, Massandjé Touré-Litsé s’emporte contre ces informations, arguant que les ventes sur 2017-2018 n’ont pas encore débuté.  « On ne peut pas arrêter ce que l’on a pas commencé », déclare-t-elle, sans préciser si d’autres volumes sont disponibles ni expliquer ce temps mort.

Sur les raisons de ce dernier les avis divergent. Selon un exportateur, le bras armé de l’État ivoirien, premier producteur mondial, cherche à « mettre la pression » pour faire remonter les prix tandis que d’autres experts ivoiriens estiment que le gendarme de la filière fait plus modestement le dos rond en espérant une remontée des cours.

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Pertes sur les cargaisons

Dans tous les cas, pour le CCC il est urgent d’attendre. Car dans les ports, les exportateurs perdraient actuellement plusieurs centaines de F CFA par kilo de cacao effectivement chargé sur les préventes de l’année écoulée : « Le prix CAF de référence est à 1 800 F CFA (2,74 euros) le kilo tandis que le prix mondial est équivalent à 1 600 F CFA environ. »

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Sans compter que certains opérateurs peu scrupuleux ont fait défaut sur leurs contrats, conclus l’année dernière au prix fort. Ces lots peuvent être remis sur le marché mais leur valorisation sera calquée sur le cours actuel déprimé. Or c’est sur la base des préventes de l’année écoulée que l’État a décidé en octobre de rehausser à 1 100 F CFA par kilo le prix minimum garanti au producteur  (+10 %).

Coût financier

Pour le Conseil, qui se pose en garant des intérêts ivoiriens (le budget de l’État prévoit par exemple 525 milliards de F CFA de recettes fiscales tirées du cacao), une baisse durable des cours pourrait avoir un très fort impact financier, avance l’une de nos sources.

Selon une récente note du hollandais Rabobank, un regain de la consommation asiatique devrait pousser les cours en 2017, mais, située autour de 2 600 dollars la tonne, cette reprise restera timide.

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