Mines : Frank Timis pourrait réclamer plusieurs milliards de dollars au Burkina Faso

Une société détenue par l’homme d’affaires australo-roumain accuse le gouvernement burkinabè de freiner le projet minier de Tambao et a adressé selon Reuters une demande d’arbitrage à la Chambre de commerce internationale à Paris.

Frank Timis. © Kalpesh Lathigra.

Frank Timis. © Kalpesh Lathigra.

Publié le 6 décembre 2016 Lecture : 2 minutes.

De gauche à droite : l’hommes d’affaires Frank Timis, Aliou Sall et Macky Sall, le président sénégalais. © Photomontage / Photos : K. Lathigra pour JA / Youri Lenquette pour JA /   Sylvain Cherkaoui/Cosmos pour JA
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Aliou Sall-Frank Timis : l’affaire qui secoue la présidence sénégalaise

Le Sénégal est-il frappé par la « malédiction du pétrole » ? Depuis bientôt cinq ans, l’attribution de concessions d’exploration gazière et pétrolière à l’homme d’affaires controversé Frank Timis fait polémique. En cause, le rôle joué en coulisses par Aliou Sall, le frère cadet du président sénégalais, qui alimente les soupçons de népotisme, de conflits d’intérêts et de corruption. Retrouvez ici nos articles sur le « PetroGazGate », cette affaire d’État sur fond d’hydrocarbures.

Sommaire

Trois filiales de Pan African Minerals Group, la compagnie détenue par Frank Timis, réclament 385 millions de dollars au Burkina Faso auprès de la cour d’arbitrage de la Chambre de commerce internationale, détaille Reuters ce 6 décembre, se basant sur une demande d’arbitrage vue par l’agence de presse. Le montant correspond à celui donné par Jeune Afrique en septembre dernier.

Dans une enquête sur la mine de Tambao, JA révélait alors le contenu d’une lettre datée du 9 septembre et adressée au ministre des Mines, Alfa Oumar Dissa. Dans ce document, Pan African Minerals précisait alors : « Nous avions obtenu des contrats de vente avec de prestigieux clients après la livraison, en décembre 2014, de 2 000 tonnes d’échantillons de minerai de manganèse d’une qualité unique sur le marché mondial. Les pertes pour ce préjudice sont à ce jour estimées à 380 millions de dollars ».

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Reuters cite également une source proche du dossier selon laquelle la compagnie détenue par Frank Timis pourrait aussi chercher à obtenir des dommages et intérêts, ce qui pourrait faire grimper la somme que le Burkina Faso serait condamné à payer à 4 milliards de dollars. Le même montant avait été cité dans l’article de Jeune Afrique de septembre dernier. Le chiffre n’apparaît toutefois pas dans la demande d’arbitrage adressée à la CCI.

Projet freiné

En 2012, Pan African Burkina Limited (PAB) , détenue par Frank Timis, avait fait l’acquisition du gisement de Tambao dans le nord du Burkina Faso, dont les réserves étaient estimées à 100 millions de tonnes de manganèse et dans lequel elle prévoyait d’investir 100 millions de dollars.

L’accord avait été validé par le président de l’époque Blaise Compaoré, chassé du pouvoir deux ans plus tard par une insurrection populaire. En janvier 2015, le nouveau gouvernement avait suspendu l’autorisation d’exporter de PAB en arguant que le contrat avait été attribué dans des conditions douteuses.

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Depuis, la suspension a elle-même été levée mais PAB et deux autres sociétés appartenant au même groupe Pan African Minerals Group et Pan African Tambao accusent le gouvernement burkinabè de continuer à freiner le projet et d’essayer de les en exproprier.

Médiation

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Frank Timis a débuté le 27 octobre dernier une procédure de conciliation après du Centre d’arbitrage, de médiation et de conciliation de Ouagadougou. La demande adressée à la cour d’arbitrage de la CCI est une procédure séparée, visant notamment selon Reuters à empêcher le Burkina de retirer à Pan African Minerals le permis. Si la médiation menée au Burkina échoue, précise Reuters,  Pan African Minerals demandera un jugement de la cour internationale.

Interrogé par Jeune Afrique (n°2917, du 4 au 10 décembre 2016) sur les demandes de Frank Timis, Paul Kaba Thiéba, Premier ministre du Burkina Faso, a simplement indiqué : « Le gouvernement est déterminé à défendre les intérêts nationaux, la société n’ayant pas tenu ses engagements contractuels dans cette affaire ».

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