Nigeria : une « dette cachée » de 7 milliards de dollars découverte dans les comptes publics

Le gouvernement nigérian a annoncé la découverte de l’équivalent de 6,9 milliards de dollars de créances supplémentaires dans les comptes publics. Selon Abuja, cette dette a été accumulée sous l’administration précédente.

Muhammadu Buhari en mai 2016 à Londres. © Dan Kitwood/AP/SIPA

Muhammadu Buhari en mai 2016 à Londres. © Dan Kitwood/AP/SIPA

Publié le 13 décembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Deux mille deux cent milliards de nairas. C’est le montant des créances « cachées » dans les comptes publics que l’administration du président Muhammadu Buhari a découvertes et dévoilées en fin de semaine dernière dans la presse nationale et sur les réseaux sociaux.

Selon le gouvernement nigérian, ces créances dues à des prestataires de services de l’État et au secteur privé ont été accumulées sous la précédente administration, menée par l’ex-président Goodluck Jonathan entre 2010 et 2015.

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Leur découverte aurait été réalisée, selon Abuja, dans le cadre de la mise à jour des pratiques comptables de l’administration publique, entreprise par le gouvernement afin de les mettre en conformité avec les Normes comptables internationales du secteur public (IPSAS).

La mise au jour de ces créances « cachées » n’est pas sans rappeler la mésaventure du gouvernement mozambicain, qui avait dû reconnaître en avril dernier l’équivalent de 1,4 milliard de dollars dette extérieure dissimulée (revue ensuite à 2 milliards). Ce qui a conduit à la suspension d’une partie de l’aide multilatérale reçue par le pays.

Transparence et incrédulité

Pourtant, les avis d’experts du secteur financier sont plus modérés dans le cas nigérian. « En brut, ces 2 200 milliards de nairas correspondent à environ 2 % du PIB du pays. En net, en tenant compte des haircuts [coupes] que les créanciers devront accepter, cela devrait ramener les montants à environ 1 % de PIB de dette supplémentaire. Celle-ci est estimée actuellement à 16,6 % du PIB », tempère Aurélien Mali, conseiller analytique senior pour l’Afrique chez Moody’s. Cette dernière a confirmé vendredi dernier la note souveraine du pays à « B1 », avec des perspectives stables.

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De plus, en affichant publiquement le montant de ces arriérés, « le gouvernement nigérian fait preuve de transparence », ajoute l’analyste. Même écho chez Ecobank qui dans une note transmise à Jeune Afrique estime que « la découverte et la divulgation faites par l’administration actuelle indiquent une évolution vers l’adoption d’un système de comptabilité publique plus transparent ».

Pour régler cette dette, « il est très probable que des obligations seront émises en direction de ces créanciers qui pourront les échanger contre du liquide auprès du système bancaire », prédit Aurélien Mali. Pour cet expert, « c’est un plus pour l’économie, qui recevra une injection de capitaux. C’est également positif pour les créanciers du gouvernement, qui obtiennent la garantie de récupérer une grande partie de ce qui leur est dû. »

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L’annonce du gouvernement nigérian a suscité des réactions d’incrédulité sur les réseaux sociaux – mais aucune réponse officielle sur les comptes Twitter de l’ex-président Jonathan ou de sa ministre des Finances de l’époque Ngozi Okonjo-Iweala, en déplacement cette semaine en Côte d’Ivoire.

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