Burkina Faso : qui est le colonel Barry, le bras droit de Zida ?

Très proche du chef du gouvernement, le colonel Barry a été nommé ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité. Il va donc jouer un rôle majeur dans les mois qui viennent au Burkina.

Le colonel Barry © Hippolyte Sama

Le colonel Barry © Hippolyte Sama

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Publié le 9 décembre 2014 Lecture : 3 minutes.

Sa petite silhouette à lunettes est apparue dès les premières heures de la transition, dans l’ombre de l’imposant lieutenant-colonel Zida. Aucun déplacement, aucune annonce du "boss" sans le colonel Auguste Denise Barry à ses côtés.

Bras droit et tacticien de Zida depuis la prise de pouvoir de celui-ci le 31 octobre, ce haut gradé de 50 ans s’est rapidement imposé comme une figure centrale de la transition burkinabè. Le 23 novembre, il a été nommé au poste stratégique de ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité d’un gouvernement de 26 portefeuilles où l’armée a aussi la haute main sur la Défense, les Mines et les Sports.

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Dans une équipe gouvernementale où le président Michel Kafando s’occupe des Affaires étrangères et le Premier ministre Zida de la Défense, le colonel Barry fait désormais office de "troisième homme" du pouvoir exécutif. Une place qui n’étonnera pas les observateurs tant ce militaire originaire de Ouahigouya (Nord) a été influent au cours des semaines qui ont suivi la chute de Blaise Compaoré. "C’est un homme déterminé et un fin stratège, confie un leader politique qui l’a beaucoup fréquenté pendant cette période incertaine. Tout ce qui s’est décidé, c’était lui. Zida était dans la lumière, mais lui était très actif en coulisses."

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Frères d’armes

Modeste, l’intéressé évoque plutôt une collaboration étroite née d’une relation de longue date avec le nouveau chef du gouvernement. Les deux officiers, tous deux protestants, ont fait leurs classes au Prytanée militaire de Kadiogo. Barry, d’un an plus âgé, était dans la promotion juste au-dessus de celle du jeune Yacouba Isaac Zida. "Nous n’avons jamais perdu le contact, se rappelle-t-il. Lorsque nous sommes arrivés aux affaires, cette proximité a fait notre force."

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À sa sortie de l’école, en octobre 1984, en pleine révolution sankariste, Auguste Denise Barry intègre l’infanterie. Il en gravit progressivement les échelons, jusqu’à devenir colonel en janvier 2011, date à laquelle il est nommé ministre de la Sécurité. Victime collatérale des mutineries qui agitent alors le pays, il est contraint de quitter son poste trois mois plus tard. Il atterrit alors au ministère de la Défense en tant que conseiller technique du ministre, qui n’est autre que… Blaise Compaoré.

Comme Zida, ancien numéro deux du régiment de sécurité présidentielle (RSP), cet homme marié et père de cinq filles est donc lui aussi issu du système "Blaise". Décrit par ses proches comme discret et intelligent, le colonel Barry, également amateur de football, affirme ne pas avoir hésité quand Zida a fait appel à lui pour former son gouvernement. "Nous assumons nos responsabilités sans nous défiler et sans intention de nous maintenir au pouvoir, affirme-t-il. Nous ne faisons qu’aider notre pays : la seule institution stable est l’armée et il faut lui laisser jouer un rôle dans la transition."

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Organisation des élections

Quant aux critiques d’une partie de l’opinion publique et internationale sur le maintien des militaires au pouvoir, le nouveau ministre n’en a que faire, arguant que lui et ses frères d’armes n’occupent que quatre ministères sur vingt-six et que "les civils ont eux aussi des postes très importants". Admettant être "plus à l’aise" sur les questions de sécurité plutôt que d’administration, Auguste Denise Barry aura pour délicate mission de restaurer l’autorité de l’État.

Surtout, et c’est aussi pour cela qu’il va jouer un rôle majeur dans les mois qui viennent, il participera à l’organisation des élections présidentielle et législatives de novembre 2015 aux côtés de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Un scrutin auquel il n’aura, tout comme ses collègues du gouvernement de transition, pas le droit de se présenter.

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Benjamin Roger

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