Prisons tunisiennes : le gouvernement tire la sonnette d’alarme

S’exprimant lundi sur la situation « catastrophique » au sein des prisons tunisiennes, le ministre de la Justice, Ghazi Jeribi, a présenté un bilan chiffré – et alarmant – de l’année écoulée.

Reportage sur la loi anti-cannabis en Tunisie. © Capture d’écran/YouTube/Spicee

Reportage sur la loi anti-cannabis en Tunisie. © Capture d’écran/YouTube/Spicee

Publié le 2 janvier 2017 Lecture : 2 minutes.

« Les établissements pénitentiaires tunisiens souffrent d’une surpopulation carcérale énorme », a-t-il regretté lors de son audition le 2 janvier par la Commission parlementaire de la Sécurité et de la Défense. « Les prisons tunisiennes comptent aujourd’hui plus de 20 000 prisonniers, parmi lesquels 14 343 primo-délinquants et 9 200 récidivistes », a-t-il ajouté

Pourquoi ?

La dégradation de certaines prisons pendant la révolution de 2011 expliquerait principalement cette surpopulation carcérale, selon Ghazi Jeribi.

la suite après cette publicité

Autre problème : des périodes de détention trop longues. Le ministre souligne que dans certains cas, les peines de prison pourraient être remplacées par d’autres alternatives. « Il faut limiter la période d’arrestation et ne plus s’en tenir aux peines privatives de liberté », a-t-il déclaré, selon l’agence TAP.

Selon les chiffres présentés lundi, 11 868 personnes ont été détenues en 2016, dont 358 femmes. Plus de la moitié de ces arrestations – 6662 – étaient liées à la consommation de drogues et autres stupéfiants, des motifs pour lesquels 2 680 personnes sont encore en attente de jugement.

Une surpopulation pouvant aller jusqu’à 217%

« Malgré les efforts déployés par le département de la Justice, les prisons tunisiennes sont encore loin des standards internationaux (4 m2 par prisonnier). En Tunisie, on compte moins de 2 m2 par prisonnier », déplore encore le ministre de la Justice. Dans certaines prisons du pays, la surpopulation a même explosé, comme à Kairouan, où la capacité d’accueil a été dépassée de 217%, à Houareb (216%), ou encore à Monastir (192%).

la suite après cette publicité

Comment y remédier ?

« Le département de la Justice est en train de restaurer les prisons vandalisées et d’accroître la capacité d’accueil de certaines autres », a indiqué Ghazi Jeribi. Il envisage également l’installation de « 7 265 lits supplémentaires dans les différentes prisons, d’ici 2020 », se penche sur une réforme du code pénal, et œuvre à la mise en place de « clubs culturels et activités sportives pour améliorer les conditions de vie dans les prisons. »

la suite après cette publicité

En 2014, un rapport de l’ONU avait déjà pointé du doigt la surpopulation dans les prisons tunisiennes, le mauvais état des infrastructures et les conditions de vie extrêmement pénibles des détenus. « Des étudiants arrêtés le week-end à cause d’un joint se retrouvent dans le même endroit que des tueurs et de dangereux criminels », avait dénoncé, entre autres, Mazen Shaqoura, du bureau de Tunis du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Contenus partenaires