Goodluck Jonathan dans le viseur de la justice italienne

Goodluck Jonathan, l’ancien président nigérian, et sa ministre du Pétrole d’alors, Diezani Alison-Madueke, figurent dans les documents d’une enquête de la justice italienne sur des soupçons de corruption lors de l’attribution d’un contrat pétrolier en eaux profondes aux géants pétroliers italien ENI et anglo-néerlandais Shell, en avril 2011.

L’ancien Président Goodluck Jonathan lors du Forum économique mondial à Abuja le 8 mai 2014. © Sunday Alamba/AP/SIPA

L’ancien Président Goodluck Jonathan lors du Forum économique mondial à Abuja le 8 mai 2014. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Publié le 11 janvier 2017 Lecture : 2 minutes.

Des procureurs italiens enquêtent sur un scandale impliquant l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan et sa ministre du Pétrole, Diezani Alison-Madueke — elle déjà sous le coup d’une enquête au Nigeria — soupçonnés d’avoir reçu des pots-de-vin pour conclure un contrat de 1,3 milliard de dollars avec les géants pétroliers italien ENI et anglo-néerlandais Shell.

Selon des documents judiciaires consultés par l’AFP, le parquet de Milan mène actuellement une enquête préliminaire visant 11 personnes. Goodluck Jonathan, qui a quitté ses fonctions en mai 2015, et Diezani Alison-Madueke, son ancienne ministre qui fut la première femme à présider l’OPEP, ne figurent pas sur la liste des 11.

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Toutefois, ils auraient joué un rôle central dans l’attribution d’un bloc pétrolier dans les eaux territoriales nigérianes à ENI et Shell pour 1,3 milliard de dollars en avril 2011. Cette enquête de la justice italienne fait écho à un rapport parlementaire nigérian de 2012 qui pointait déjà un vaste système de corruption au sein du programme de subventions des carburants au Nigeria.

Le directeur général d’ENI, Claudio Descalzi et son prédécesseur, Paolo Scaroni, ont rencontré Jonathan « en personne » pour discuter de la transaction, impliquant aussi d’anciens agents du renseignement britanniques qui travaillaient comme conseillers pour Shell, selon le parquet italien.

Les procureurs soupçonnent les dirigeants d’ENI et Shell d’avoir pour cela collaboré avec l’homme d’affaires nigérian Dan Etete, condamné à Paris en 2009 pour blanchiment aggravé de fonds versés par le pétrolier français Elf, qui fut ministre du Pétrole sous le régime militaire de Sani Abacha de 1995 à 1998.

Malabu, une société appartenant à Dan Etete, était « frauduleusement détentrice » du bloc OPL 245, une concession en eaux profondes, selon les documents judiciaires. Après des pourparlers à Milan et à Abuja, le bloc aurait été acheté illégalement par les majors pétrolières, « sans appel d’offres » et avec « une exonération totale et inconditionnelle de toutes les taxes nationales », poursuivent les procureurs.

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Un total de 801,5 millions de dollars (759 millions d’euros) aurait été transféré sur les comptes de la société Malabu, dont 466 millions convertis en espèces au Nigeria, et utilisés pour rémunérer des fonctionnaires du gouvernement, dont Goodluck Jonathan et Diezani Alison-Madueke, toujours selon le parquet italien.

Goodluck Jonathan a réagi mardi, affirmant qu’il n’avait pas été « accusé, mis en examen ni jugé pour avoir perçu de l’argent de manière corrompue » dans le cadre de cette affaire.

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Aucune accusation formelle n’a encore été formulée et les parties disposent généralement de 20 jours pour répondre à la conclusion du rapport d’enquête préliminaire avant toute poursuite judiciaire.

« À aucun moment, l’ancien président n’a tenu de réunions privées avec des représentants de l’ENI pour discuter des questions pécuniaires », ni envoyé d’intermédiaire pour collecter de l’argent « en son nom », a déclaré dans un communiqué son porte-parole, Ikechukwu Eze.

ENI et Royal Dutch Shell ont également nié toute responsabilité dans cette affaire.

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