RDC : 200 ex-combattants du M23 investissent une localité dans l’est
Plusieurs centaines d’ex-combattants de la rébellion congolaise du Mouvement du 23 mars (M23) ont investi dimanche une localité dans l’est de la République démocratique du Congo, après trois années d’exil en Ouganda où ils s’étaient réfugiés, ont affirmé les autorités de Kinshasa, des informations démenties par Kampala.
Dans la nuit de samedi à dimanche, deux colonnes de ces ex-combattants du M23 ont investi Ishasha, dans la province du Nord-Kivu (est) à la frontière avec l’Ouganda, a affirmé le gouvernement, précisant que les ex-rebelles étaient au moins deux cent.
Le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, a affirmé à l’AFP que les Forces armées de RDC (FARDC) se battaient dimanche « contre ces personnes venues de l’Ouganda et qui normalement devaient se trouver en Ouganda sous la responsabilité des autorités de ce pays ».
Le chef militaire du M23, l’ex-général des FARDC, Sultani Makenga, est accusé par Kinshasa d’être à la tête de l’un des deux bataillons qui ont pénétré dans Ishasha (155 km au nord-est de Goma, capitale du Nord-Kivu).
Aucun responsable militaire n’était toutefois disponible pour confirmer d’éventuels affrontements à Ishasha.
« Notre antenne à Ishasha confirme la présence des éléments du M23 dans cette cité (…) où ils contrôlent plusieurs axes (…), mais il n’y a pas encore de combats ou d’affrontements », a rapporté à l’AFP Omar Kavota, directeur du Centre d’étude pour la promotion de la paix, de la démocratie et les droits de l’homme (Cepadho), basé dans la ville de Beni (est).
Le ministre ougandais des Affaires étrangères, Henry Okello Oryem, a vivement réagi à ces affirmations.
« Le fait que l’Ouganda armerait ou autoriserait les rebelles du M23 à se baser ici (en Ouganda, ndlr) pour déstabiliser la RDC est le fruit de leur imagination. Pourquoi l’Ouganda devrait armer les rebelles du M23 ? », s’est exclamé le ministre, interrogé par un journaliste de l’AFP dans la capitale ougandaise Kampala.
Le gouvernement de Kinshasa devrait plutôt « se concentrer sur les problèmes de gouvernance dans leur pays », a ajouté le ministre.
« Une recette bien connue »
Dernier mouvement des rébellions à dominante tutsi soutenues par le Rwanda et l’Ouganda dans l’est de la RDC, le M23 avait été défait en novembre 2013 par l’armée congolaise, appuyée par les Casques bleus de la mission de l’ONU en RDC (Monusco), après dix-huit mois de guérilla au Nord-Kivu.
En décembre 2013 à Nairobi, le M23 et Kinshasa avaient signé des engagements, notamment pour ouvrir la voie au rapatriement de la plupart des combattants de l’ex-rébellion en vue de leur réinsertion dans la vie civile.
Mais depuis, selon Kinshasa, seuls 193 miliciens sur 1.500 ont été rapatriés d’Ouganda et 13 sont volontairement rentrés du Rwanda sur les centaines qui y étaient hébergés.
En février 2013, 11 pays africains (RDC, Angola, Congo, Afrique du Sud, Centrafrique, Burundi, Rwanda, Soudan du Sud, Ouganda, Zambie et Tanzanie) avaient signé l’accord-cadre d’Addis Abeba, selon lequel Kinshasa s’engageait à une réforme du secteur de la sécurité, tandis que ses voisins s’engageaient à ne soutenir aucune rébellion sur le sol congolais.
En novembre dernier, Kinshasa avait accusé certains de ses voisins, sans les nommer, d’être de « mauvaise foi » dans l’application des engagements pris en 2013. Kinshasa faisait allusion au Rwanda et à l’Ouganda qui refusent toujours d’extrader des personnes poursuivies par la justice congolaise et qui se sont réfugiées sur leurs sols respectifs.
De son côté, la RDC avait remis en octobre aux autorités rwandaises le chef des renseignements de la rébellion hutu des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Et en août, c’est le responsable de la sécurité du chef des FDLR Sylvestre Mudacumura qui était renvoyé à Kigali après son arrestation.
Mais pour le « Rassemblement », coalition de la majeure partie de l’opposition en RDC, les informations sur le retour du M23 dans l’est sont « une recette bien connue », a estimé dimanche un responsable du Rassemblement interrogé par l’AFP.
« Chaque fois que le président (Joseph) Kabila perd du terrain sur le plan politique, il réactive des groupes armés en vue de récréer la situation d’avant », a commenté cet opposant sous couvert d’anonymat.
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