Palestine : 13 novembre 1974, discours historique de Yasser Arafat à l’ONU
Alors que le monde entier célébrait le 11 novembre les dix ans de la mort de Yasser Arafat, le 13 novembre est une autre date importante de son destin politique. Il y a quarante ans, le leader palestinien prononçait son discours le plus célèbre, à la tribune de l’ONU.
Il y a quarante ans, le 13 novembre 1974, Yasser Arafat est invité à s’exprimer à la tribune de l’ONU. C’est la première fois qu’un représentant de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) va participer aux débats, non pas sur le conflit israélo-palestinien ou sur le problème des réfugiés mais sur "la question de la Palestine". Depuis octobre 1974, l’OLP est en effet reconnue comme la représentante légitime du peuple palestinien. Dans une longue allocution, Yasser Arafat évoque la souffrance des Palestiniens, les massacres, les bombardements et les expulsions dont ils sont victimes et compare le désir d’indépendance de la Palestine à celui de l’Afrique du Sud, de l’Indochine ou encore de Chypre. Il dénonce le néo-colonialisme et l’impérialisme dont, selon lui, les puissances occidentales font preuve et "qui ne sont que des manifestations d’agression et de terreur".
Dans la deuxième partie de son discours, Yasser Arafat expose une diplomatie nouvelle et distingue le judaïsme du sionisme. En dénonçant les persécutions dont les Juifs ont été victimes, il accuse le sionisme d’adopter une position antisémite, raciste et même terroriste : "Si cette immigration des Juifs en Palestine avait eu pour but de leur permettre de vivre à nos côtés, en jouissant des mêmes droits et en ayant les mêmes devoirs, nous leur aurions ouvert les portes, dans la mesure où notre sol pouvait les accueillir. Tel a été le cas pour les milliers d’Arméniens et de Circassiens qui vivent parmi nous en tant que frères et citoyens bénéficiant des mêmes droits. Mais que le but de cette émigration soit d’usurper notre terre, de nous disperser et de faire de nous des citoyens de deuxième catégorie, c’est là une chose que nul ne peut raisonnablement exiger de nous. C’est pour cela que, dès le début, notre révolution n’a pas été motivée par des facteurs raciaux ou religieux. Elle n’a jamais été dirigée contre l’homme juif en tant que tel, mais contre le sionisme raciste et l’agression flagrante."
Enfin, Yasser Arafat expose ses plans d’avenirs : un État palestinien souverain et démocratique, dans lequel les Juifs seraient invités à vivre en harmonie avec les musulmans et les chrétiens. Néanmoins, il rejette toute forme de reconnaissance d’un état israélien. Bien qu’ambiguë, il s’agit de la toute première offre de paix présentée par Arafat : "Aujourd’hui, je suis venu porteur d’un rameau d’olivier et d’un fusil de combattant de la liberté. Ne laissez pas le rameau d’olivier tomber de ma main. Je le répète : ne le laissez pas tomber de ma main."
Les observateurs et journalistes du monde entier reconnaîtront le talent politique d’Arafat qui a réussi en quelques jours à faire d’un drame ignoré un débat international, et à changer les mentalités. Alors que jusqu’ici les Palestiniens étaient représentés comme des fedayins barbares et terroristes, l’opinion mondiale se prend de sympathie pour la cause palestinienne et les soutiens se font nombreux. Le 22 novembre 1974, l’Assemblée générale de l’ONU vote à une majorité écrasante (75 pour, 35 contres et 32 qui s’abstiennent) la reconnaissance du droit des Palestiniens à l’autodétermination, à l’indépendance nationale et à la souveraineté. L’OLP se voit octroyer un statut d’observateur permanent aux Nations unies. En 1976, l’ONU accepte par vote le principe d’un État palestinien.
>> Lire aussi la transcription en français du discours de Yasser Arafat
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