Youssef Chahed rejette les propos d’Angela Merkel sur le rapatriement de Tunisiens expulsés d’Allemagne

Avant même sa rencontre avec Angela Merkel ce mardi, le Premier ministre tunisien a rejeté en bloc les remarques de Berlin concernant son manque de coopération en matière d’immigration clandestine et de rapatriement des Tunisiens déboutés du droit d’asile en Allemagne.

Youssef Chahed, chef du gouvernement tunisien, répond au questions des journalistes le 3 août 2016. © Hassene Dridi/AP/SIPA

Youssef Chahed, chef du gouvernement tunisien, répond au questions des journalistes le 3 août 2016. © Hassene Dridi/AP/SIPA

Publié le 14 février 2017 Lecture : 2 minutes.

La chancelière allemande a indiqué samedi 11 février à son homologue Youssef Chahed que la Tunisie devait arrêter de freiner les rapatriements de sans-papiers tunisiens d’Allemagne, en particulier s’agissant de personnes liées à la mouvance salafiste.

Tunis bloque depuis plusieurs semaines le retour en Tunisie d’Anis Amri, l’auteur présumé de l’attaque au camion-bélier d’un marché de Noël ayant fait douze morts le 19 décembre, et revendiquée par le groupe État islamique (EI).

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Dans une interview accordée au quotidien populaire Bild et publiée ce mardi, Youssef Chahed affirme qu’en la matière, « les autorités tunisienne n’ont fait aucune erreur ». Pour lui, les expulsions d’Allemagne évoquées par la chancelière concernent « un nombre très restreint de personnes », qu’il chiffre à 1 000. « Nous attendons des autorités allemandes des preuves limpides [permettant d’affirmer que] que ces personnes sont vraiment tunisiennes. Les migrants clandestins utilisent de faux papiers et ralentissent la procédure », a-t-il par ailleurs assuré.

Nous attendons des autorités allemandes des preuves limpides [permettant d’affirmer que] que ces personnes sont vraiment tunisiennes.

Il y a un an déjà, après que la police eut établi qu’une grande part des auteurs identifiés des centaines d’agressions sexuelles commises la nuit du nouvel an à Cologne étaient des ressortissants d’Afrique du Nord en situation irrégulière, l’Allemagne avait dénoncé la lenteur des rapatriements des auteurs des faits.

Pas de camps de réfugiés en Tunisie

Toujours dans Bild, le Premier ministre tunisien oppose aussi une fin de non-recevoir à Angela Merkel, qui a proposé d’implanter des camps en Tunisie pour accueillir les migrants sauvés au cours de leur traversée de la Méditerranée depuis la Libye, et empêcher leur arrivée en Europe. « Nous devons parler, calmement et respectueusement, des possibilités qui existent dans ce domaine », avait insisté dit la chancelière.

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« La Tunisie est une jeune démocratie, je ne pense pas que cela puisse marcher, et nous n’avons pas de capacités pour des camps de réfugiés. La solution doit être trouvée avec la Libye » où les passeurs profitent du chaos et de l’absence d’un État fonctionnel, a souligné Youssef Chahed.

Le sujet des rapatriements de ressortissants tunisiens est très sensible en Tunisie, pays gangrené par le chômage des jeunes. Nombre de familles vivent en effet de l’argent envoyés par des proches installés en Europe. Par ailleurs, fin 2016, dans la foulée de la polémique sur Anis Amri, les manifestations s’y étaient multipliées contre le retour des jihadistes tunisiens.

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Un sujet crucial pour Merkel

En pleine année électorale, la thématique est devenue brûlante pour la chancelière, attaquée jusque dans son camp pour sa politique d’accueil des migrants. Le parti populiste et anti-immigration AFD profite de la situation pour s’ancrer dans le paysage politique, accusant Angela Merkel d’avoir mis le pays en danger. Les statistiques relayées par l’AFP montrent pourtant que Tunisiens, Algériens et Marocains n’obtiennent le statut de réfugiés que dans respectivement 0,8%, 2,7% et 3,5% des cas.

Promettant de soutenir la Tunisie par sa politique de développement et d’investissement, Angela Merkel a semblé écarter la menace de conditionner l’aide à Tunis à ses progrès sur la question migratoire.

Face à Youssef Chahed ce mardi 14 février, la chancelière devrait aussi aborder le sujet des droits de l’Homme, à l’heure où Amnesty International s’inquiète du retour des « méthodes brutales » dont usait le régime déchu de Zine El Abidine Ben Ali.

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