Ligue arabe : un sommet pour recoller les morceaux
Contrairement à celui de juillet 2016 à Nouakchott, en Mauritanie, le sommet d’Amman, en Jordanie, qui ouvre ses portes mercredi 29 mars se distinguera par une forte affluence de chefs d’État. Objectif : réconcilier un monde arabe plus que jamais divisé.
C’est dans une station balnéaire aux abords de la Mer Morte que se tient à partir du 29 mars le 28ème sommet de la Ligue arabe. Seize chefs d’État ont confirmé leur participation, dont sept africains : le roi du Maroc Mohammed VI, le président tunisien Béji Caid Essebsi, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, le Soudanais Omar El-Béchir, le Libyen Fayez el-Sarraj, le Djiboutien Ismaïl Omar Guelleh, le Somalien Mohamed Abdullahi Farmajo, le Mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz et le Comorien Othman Ghazali.
Pour cause de maladie, le président algérien Abdelaziz Bouteflika se fera représenter par le président du Conseil d’État, Abdelkader Bensalah.
Daesh, Trump, Proche-orient…
C’est un sommet décisif durant lequel les pays membres tenteront de recoller les morceaux d’une Ligue arabe affaiblie par la rivalité des deux puissances régionales, l’Arabie Saoudite et l’Iran. La course au leadership de ces deux mastodontes divise plus que jamais le monde arabe et l’empêche de concentrer ses efforts sur la résolution des problèmes du moment (crises syrienne et palestinienne, guerre au Yémen, lutte contre Daesh…).
C’est aussi un sommet qui intervient alors que l’administration Trump s’évertue à faire passer un décret anti-immigration concernant plusieurs pays arabes, et songe à déplacer l’ambassade américaine en Israël de Tel Aviv à Jérusalem.
Les émirs du Golfe en force
Le roi Abdallah de Jordanie a voulu entourer ce sommet de toutes les conditions de la réussite, surtout après le fiasco de la précédente session tenue à Nouakchott qui n’a duré qu’une après-midi et à laquelle seule une poignée de pays arabes ont assisté. Ce fut le sommet le plus court et la participation la plus faible jamais enregistrés dans les annales de la Ligue.
Cette fois-ci, les émirs du Golfe vont se déplacer en nombre. Sont attendus : le roi Salmane d’Arabie saoudite, le prince du Qatar Tamim Ibn Hamad Al Thani, le roi du Bahrein Hamad Ibn Issa Al Khalifa, l’émir du Koweït Sabah Al Ahmad Al-Sabah. Pour cause de maladie, l’émir des Émirats Arabes Unis, Khalifa Ben Zayed Al Nahyane, se fera représenter par son fils, le Cheikh Mohammed Ben Zayed Al Nahyane, prince héritier de l’émirat d’Abou Dhabi.
Comme signe d’ouverture, la Ligue arabe a même invité d’autres organisations internationales à assister à son sommet : le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, la haute représentante de l’Union européenne (UE) pour les affaires étrangères Federica Mogherini, le président de la Commission africaine Moussa Faki Mahamat et l’envoyé personnel du président russe Vladimir Poutine, Michael Bogdanov.
Le seul absent reste le président syrien, Bachar al-Assad, dont la demande d’adhésion a été suspendue par la Ligue arabe depuis l’éclatement du conflit syrien en 2011.
Le discours de M6 très attendu
Le roi Abdallah de Jordanie a réussi à convaincre le roi du Maroc d’assister à ce sommet après que ce dernier avait déclaré qu’il ne voyait pas l’utilité de ce genre de meetings qui donne « une fausse impression d’unité et de solidarité dans un monde arabe qui traverse une période difficile ». Comme lors de ses précédents discours internationaux, Mohammed VI ne manquera pas d’appeler dans ce sommet à une réforme des pays arabes « par eux-mêmes et pour eux-mêmes ».
Le sommet d’Amman a été précédé de la réunion des ministres des Affaires étrangères, qui ont adopté l’ordre du jour à soumettre aux chefs d’État qui se réunissent les 29 et 30 mars. Leurs résolutions énoncent les nobles principes sur la question palestinienne, la lutte contre le terrorisme, le refus des ingérences iraniennes et le problème des réfugiés syriens. Reste à savoir si elles donneront lieu à des engagements forts ou si ce grand rassemblement arabe continuera, comme lors des éditions précédentes, d’entretenir une unité de façade.
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