Évasion fiscale : bras de fer entre la Tanzanie et Acacia Mining
Le président tanzanien John Magufuli a annoncé un audit contre l’évasion fiscale qui vise notamment la compagnie Acacia Mining. Depuis une semaine, sur décision du gouvernement, les exportations de cuivre et d’or sont par ailleurs bloquées dans le pays, quatrième producteur aurifère dans le monde.
Le président John Magufuli veut au travers de cet audit déterminer si les compagnies minières paient bien leur « juste part » au fisc, rapporte l’agence Reuters. Le quatrième producteur d’or au monde voudrait que le secteur minier, qui représente 3,5% de son PIB, soit un peu plus imposé qu’il ne l’est actuellement.
« Le gouvernement souhaite vérifier si les taxes déjà existantes sont bien payées », a par ailleurs déclaré le Premier ministre Kassim Majaliwa dans un communiqué rendu public le 28 mars dernier. Cette déclaration intervient à peine une semaine après que la Tanzanie a brusquement décidé d’interdire purement et simplement les exportations d’or et de cuivre pour éviter la fuite illégale des minerais.
Cette mesure impacte douloureusement Acacia Mining, la principale compagnie minière du pays, qui accuse une perte quotidienne de 1 million de dollars depuis son entrée en vigueur. La présidence tanzanienne a carrément ordonné qu’une surveillance policière soit mise en place 24/24 heures dans les ports pour empêcher le départ des bateaux transportant du minerai, jusqu’à ce qu’une inspection fiscale soit menée.
Au total, 250 conteneurs appartenant à Acacia Mining se retrouvent ainsi cloués au port de Dar es-Salaam, la capitale économique du pays, en attendant une enquête du fisc. Le président Magufuli est allé jusqu’à inspecter lui-même certains bateaux porte-conteneurs le 23 mars dernier.
Le fléau de l’évasion fiscale
Le chef de l’État s’en est par ailleurs pris à Acacia, qui prétend ne pas pouvoir construire de hauts fourneaux en Tanzanie pour fondre le cuivre qui y est extrait. « Cette méthode de séparation du cuivre, c’est de la chimie très simple », lui a opposé le président Magufuli, par ailleurs titulaire d’un doctorat en chimie lui-même.
Au moment de son accession au pouvoir en novembre 2015, John Magufuli avait promis de combattre l’évasion fiscale, la corruption et la mauvaise gestion dans son pays. Sur le continent, la fuite des minerais et l’évasion fiscale, notamment de grandes compagnies étrangères, restent des sujets sensibles.
En septembre dernier, une douzaine de compagnies pétrolières étrangères opérant au Nigeria, parmi lesquelles ENI, Chevron et Total, ont par exemple été accusées par l’État fédéral d’avoir sous-déclaré leur production entre 2011 et 2014. Montant réclamé par le Nigeria, qui venait par ailleurs d’entrer en récession : 12,7 milliard de dollars.
Quelques mois plus tôt sortait un rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) consacré aux fausses factures dans l’import-export de matières premières en Afrique. Il indiquait que les pays africains exportateurs de matières premières peuvent perdre jusqu’à deux tiers de recettes et de taxes du fait de fausses factures.
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