Niger : le président Issoufou remplace son ministre de l’Enseignement sous la pression des étudiants

Le président Mahamadou Issoufou a décidé de remplacer le ministre de l’Enseignement supérieur du Mohamed Ben Omar, comme en témoigne la publication d’un décret sur le sujet ce mardi 18 avril. L’objectif : faire dégonfler la crise qui règne dans le milieu universitaire.

Mahamadou Issoufou, le 29 mai 2015. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Mahamadou Issoufou, le 29 mai 2015. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Publié le 19 avril 2017 Lecture : 2 minutes.

Pour désamorcer un conflit qui dure depuis plus d’une semaine entre le gouvernement et les syndicats d’ étudiants, ces derniers avaient exigé un « préalable » : le départ du ministre de l’Enseignement supérieur du Mohamed Ben Omar. Ils ont été entendus. Mardi 18 avril, un décret a été signé par le président Mahamadou Issoufou prévoyant l’échange de portefeuille entre Mohamed Ben Omar et le ministre de l’Emploi et du Travail Yahouza Sadissou.

« Ce remaniement technique est le fruit d’un besoin ressenti par le président de la République de ramener la sérénité dans le secteur de l’Enseignement supérieur […] suite aux événements regrettables à tout point de vue du 10 avril », a précisé Gandou Zakara, secrétaire général du gouvernement qui a lu le communiqué à la télévision nationale.

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Débordements

L’origine de la crise qui agite actuellement les étudiants nigériens remonte au lundi 10 avril. Ce jour-là, plusieurs centaines d’étudiants décident de manifester sur le campus de l’université de Niamey pour réclamer de meilleures conditions de travail. Mais la situation dégénère rapidement.

Très vite, les manifestants bloquent la circulation à l’aide de pneus enflammés, de troncs d’arbres et de blocs de pierres, et des affrontements éclatent entre étudiants et forces de l’ordre. Un mort côté étudiant est à déplorer, selon les autorités nigériennes, deux selon la société civile.

D’après un bilan officiel des manifestations, rendu public le lendemain, 313 personnes ont été interpellées, dont 57 ont ensuite été libérées ; 109 blessés ont été recensés, parmi lesquels 88 manifestants et 21 policiers. Le campus universitaire de Niamey est resté fermé depuis.

3 préalables à toute discussion

Ainsi, pour calmer les esprits, le président du Niger, Mahamadou Issoufou, s’est entretenu samedi 15 avril avec des syndicats d’étudiants. « Nous avons rencontré le président de la République et des engagements ont été pris pour renouer le dialogue entre l’l’Union des scolaires nigériens (USN) et le gouvernement », a affirmé à la radio Ousseïni Sambo, le secrétaire général de l’USN.

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Toutefois, ce syndicat a posé trois conditions pour engager un dialogue avec les autorités. La première : le remplacement du ministre de l’Enseignement supérieur. Le syndicat accusait en effet Mohamed Ben Omar « d’avoir fait violer les franchises universitaires » par « les forces de l’ordre qui ont réprimé les étudiants » sur leur campus.

Le deuxième préalable était l’ouverture « d’une enquête indépendante » pour faire « la lumière sur la mort de l’étudiant » décédé le 10 avril dernier. Les autorités ont fait état du décès d’un « manifestant blessé suite à une chute », sans lien avec les « opérations de maintien de l’ordre ». L’USN a affirmé que la victime, Mala Bagalé, un étudiant en troisième année de sociologie, avait succombé après avoir été atteint par « une grenade lacrymogène ». Là aussi, les autorités ont bien annoncé l’ouverture de l’enquête.

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Le troisième préalable de l’USN était « la libération » de quatre dirigeants étudiants. Ces quatre étudiants ont tous été relâchés mardi 18 avril en début de soirée, selon une source syndicale et le responsable d’une ONG, qui ont assisté à leur sortie de la prison civile de Niamey.

Pour faire aboutir ces trois préalables, l’USN avait décrété « la suspension des cours dans tout le pays, jusqu’à nouvel ordre ».

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