Congo-Brazzaville : nouveaux accrochages, soldats tués… La traque du pasteur Ntumi s’enlise dans le Pool
Le gouvernement congolais a confirmé ce vendredi à « Jeune Afrique » qu’une embuscade tendue par les hommes du pasteur Ntumi en début de semaine avait fait « plusieurs morts » parmi les soldats dans le Pool. La traque de l’ancien chef rebelle, déclenchée il y a un an, piétine.
Le pasteur Ntumi et ses Ninjas Nsiloulous courent toujours ! Déclenchée au lendemain de l’attaque, le 4 avril 2016, des quartiers sud de Brazzaville par ses miliciens, la traque de l’ancien chef rebelle et de ses hommes s’enlise dans le Pool, département situé dans le sud du pays. Pis : l’armée y subit, parfois, d’importants revers sur le terrain.
Dans la nuit du 17 au 18 avril, « des miliciens Ninjas Nsiloulous de Frédéric Bitsamou alias Ntumi ont attaqué un détachement de la force publique dans le district de Kindamba, tuant des patriotes », a ainsi indiqué ce jeudi Serge-Michel Odzocki, porte-parole du Parti congolais du travail (PCT) dans une déclaration lue à la télévision publique congolaise. Des sources concordantes locales parlent d’au moins 18 éléments de l’armée tués. Des violences qui perturbent l’approvisionnement de carburant à Brazzaville depuis des mois.
« Plusieurs morts » dans le Pool, selon Brazzaville
Contacté par Jeune Afrique, Thierry Moungalla, ministre congolais de la Communication et Médias, n’a pas pu confirmer ces chiffres. « Pour l’instant, je n’ai pas à ma disposition un bilan exact du nombre de victimes », a expliqué le porte-parole du gouvernement congolais, qui a toutefois reconnu que cette embuscade attribuée aux « terroristes de pasteur Ntumi » − selon ses termes – avait fait « plusieurs morts » notamment parmi les forces publiques.
C’est un conflit asymétrique, à l’instar de ce qui se passe en France, selon Thierry Moungalla.
« Nos soldats pourchassent des individus lourdement armés qui se cachent dans la forêt. Il ne s’agit pas d’une guerre classique. Au contraire. C’est un conflit asymétrique, à l’instar de ce qui se passe en France, frappée hier encore [jeudi 20 avril] par un attentat en pleine avenue des Champs-Élysées, au cœur de Paris », poursuit le ministre qui refuse de parler d’un « enlisement » de la traque du pasteur Ntumi dans le Pool.
« Au Congo-Brazzaville comme ailleurs dans le monde, le terrorisme est lâche, sans visage. Il surgit, frappe et disparaît », avance encore Thierry Moungalla. Pour lui, « un travail de renseignement [militaire] est nécessaire pour mettre fin à ces actes de terrorisme dans le Pool ». En novembre, le président Denis Sassou-Nguesso avait appelé les populations et les autorités de ce département à se rassembler autour de lui afin d’ « isoler Ntumi et ses partisans (…) pour qu’on les mette hors d’état de nuire ».
Solution militaire ou négocier avec Ntumi ?
« Rien ne peut justifier la barbarie à laquelle se livrent Ntumi et ses hommes, tempête de son côté Serge-Michel Odzocki. Il arrive des moments où l’on ne peut plus tolérer que des situations d’insécurité, comme celle qui sévit dans le Pool perdurent ». Au nom de son parti, le député d’Ewo appelle le gouvernement congolais à rétablir la paix dans cette zone.
Au mois de novembre, le département comptait déjà plus de 5 000 réfugiés. « Des civils qui fuient par milliers les zones placées en insécurité par les terroristes de Ntumi pour se mettre à l’abri dans des secteurs contrôlés par les forces publiques », s’empresse de préciser Thierry Moungalla.
« Dans un délai raisonnable, le gouvernement s’emploie à tout mettre en œuvre pour un retour de tous ces déplacés chez eux », soutient le porte-parole, qui annonce par ailleurs que des dispositions sont en train d’être prises pour que des élèves déplacés du Pool passent également leurs examens scolaires.
En attendant, du côté de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads), on reste « convaincu que la paix réelle et durable dans le Pool ne peut résulter absolument d’une victoire militaire ».
L’upads invite l’armée à décréter unilatéralement l’arrêt des combats.
Dans une déclaration qui sera rendue publique samedi 22 avril et que Jeune Afrique a pu consulter, Pascal Tsaty Mabiala, candidat malheureux à la présidentielle de 2016 et secrétaire général du premier parti d’opposition au Congo-Brazzaville, « interpelle une fois de plus le pouvoir sur sa responsabilité ». Et renouvelle ses propositions de sortie de crise, laquelle passe selon lui par « un appel radio-télévisé au pasteur Ntumi, lui demandant de rentrer sans délai à Brazzaville ».
L’Upads invite également l’armée congolaise à « décréter unilatéralement l’arrêt des combats ». Elle demande par ailleurs au gouvernement d’envoyer des émissaires auprès du pasteur Ntumi avec un « message de paix et de réconciliation » et d’ « organiser une table ronde sur la paix dans le Pool ».
« Ntumi n’entend pas raison. Plusieurs appels lui ont déjà été adressés dans le passé sans qu’il revienne aux bons sentiments. C’est lui qui est, seul, à l’origine de cette insécurité, mais ce sont les paisibles citoyens qui en souffrent », rétorque Serge-Michel Odzocki.
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