Droits de l’Homme : le Kenya reconnu coupable d’avoir violé les droits de la minorité ogiek
La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) a jugé vendredi le gouvernement kényan coupable d’avoir violé les droits et libertés d’une minorité, les Ogiek, en les chassant de leurs terres ancestrales.
La Cour « ordonne » à l’Etat kényan « de prendre toutes les mesures appropriées dans un délai raisonnable pour remédier à toutes les violations jugées établies et d’en informer la Cour dans un délai de six mois à compter de la date du jugement », selon un communiqué.
Les Ogiek, qui constituent l’un des derniers peuples de chasseurs-cueilleurs d’Afrique de l’Est, reprochent au gouvernement plusieurs décennies de marginalisation, notamment l’expropriation de leurs terres ancestrales, dans le complexe forestier de la Mau, le principal du pays, et sur les contreforts du Mont Elgon (ouest).
Huit ans de bataille juridique
Dans leur décision, les neuf juges demandent par ailleurs aux représentants des Ogiek de déposer dans un délai de deux mois leurs demandes de réparations.
L’ONG Minority Rights Group International (MRG), basée à Londres, a salué le jugement après une bataille juridique qui a duré huit ans.
« De façon décisive, la Cour a reconnu que les Ogiek, et par conséquent beaucoup d’autres peuples indigènes en Afrique, ont un rôle important à jouer comme gardiens des écosystèmes locaux », a indiqué Lucy Claridge, directrice juridique de l’ONG, une des parties plaignantes, dans un communiqué.
Installée à Arusha, dans le nord de la Tanzanie, la Cour africaine des droits de homme et des peuples a été créée par les pays africains afin d’assurer la protection des droits de l’Homme et des peuples, des libertés et des devoirs en Afrique.
La Cour est compétente pour toutes les affaires concernant l’interprétation et l’application de la charte africaine des droits de l’Homme et des peuples. Mise en place en 2006, elle n’a pas de compétence criminelle, mais peut ordonner à un Etat de verser des dommages et intérêts. Ses décisions ne sont pas susceptibles d’appel.
Jusqu’à présent, seuls 29 Etats, dont le Kenya, ont ratifié le protocole établissant la Cour.
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