Sommet du G7 : urgence à résoudre la crise libyenne pour les présidents nigérien et tunisien
Sept pays parmi les plus riches du monde réunis en Sicile, l’île où s’échouent quotidiennement des centaines de migrants: le symbole est criant. Mais l’Afrique restera reléguée à quelques paragraphes dans le communiqué final du G7.
« Jamais un G7 ne s’est tenu aussi proche de l’Afrique, mais jamais l’Afrique n’a été aussi loin des préoccupations du G7 », se désole Friederike Röder, responsable de l’ONG One, qui suit les réunions des sept grands (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Italie, Allemagne, Japon et Canada) depuis des années.
Et pourtant, l’Italie, pays hôte du sommet, a fait de l’Afrique une de ses priorités et avait choisi à dessein la Sicile, « au coeur de la Méditerranée » et « pont entre l’Europe et l’Afrique », selon les mots du président du Conseil Paolo Gentiloni.
Un ou deux paragraphes consacrés à l’Afrique
Selon des sources diplomatiques italiennes, une déclaration séparée sur l’Afrique et la « mobilité humaine », une façon positive d’envisager les migrations, était en projet. Mais « les Américains ont tué le projet et ont fait savoir fin avril qu’ils refusaient toute déclaration séparée », selon Friederike Röder, déplorant que la vision sécuritaire constitue l’alpha et l’omega de la relation avec l’Afrique.
« Nous devons être durs et vigilants » sur l’immigration, a lancé cette semaine le président américain Donald Trump en tournée européenne, liant une nouvelle fois immigration et terrorisme: « des milliers et des milliers de personnes se répandent dans nos différents pays et se dispersent, et dans de nombreux cas, nous ne savons pas qui ils sont », a-t-il déclaré à Bruxelles.
« Le problème n’est pas tant Trump que les autres pays, qui n’ont rien fait pour sauver le projet italien et qui se laissent faire », déplore la responsable de One.
Résultat, la question des migrations et de l’Afrique en général devrait faire l’objet d’un ou deux paragraphes dans le communiqué final du G7, selon des sources italiennes.
« Éteindre le chaudron libyen »
Pourtant, cinq chefs d’Etat et de gouvernement africains étaient invités à Taormina. Le Niger, l’Ethiopie, le Kenya, la Tunisie et le Nigeria -d’où vient le plus gros contingent de migrants en Italie- ont participé samedi matin à une réunion avec les membres du G7.
« La lutte contre le terrorisme dans les pays du Sahel et du bassin du Lac Tchad exige que des mesures urgentes soient prises pour éteindre le chaudron Libyen », a déclaré le président nigérien Mahamadou Issoufou lors d’une réunion entre cinq pays africains et les dirigeants du G7 réunis à Taormina. Cet appel intervient alors que la Libye continue à s’enfoncer dans le chaos et que de violents combats ont secoué vendredi Tripoli, faisant 28 morts.
Mahamadou Issoufou, dont le pays frontalier avec la Libye est en première ligne, a réclamé une stratégie globale « sécuritaire, idéologique et socio-économique » pour lutter contre le terrorisme. Il a également appelé le G7 et l’ONU à « doter de moyens nécessaires » la force conjointe d’intervention rapide que veulent créer les pays du G5 Sahel (Niger, Mali, Mauritanie, Tchad, Burkina Faso) pour luter contre les groupes jihadistes dans la zone.
Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a également insisté sur « le défi sécuritaire » posé par la Libye lors d’une bilatérale avec son homologue français Emmanuel Macron, peu avant la rencontre Afrique/G7.
Les engagements pris en 2015 lors d’un précédent G7 en Allemagne restent encore à tenir. Les pays riches avaient alors promis d’allouer 0,7% de la richesse nationale à l’aide publique au développement, et s’étaient engagés à œuvrer pour sortir 500 millions de personnes de la faim et de la malnutrition d’ici à 2030.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- Au Mali, le Premier ministre Choguel Maïga limogé après ses propos critiques contr...
- CAF : entre Patrice Motsepe et New World TV, un bras de fer à plusieurs millions d...
- Lutte antiterroriste en Côte d’Ivoire : avec qui Alassane Ouattara a-t-il passé de...
- Au Nigeria, la famille du tycoon Mohammed Indimi se déchire pour quelques centaine...
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?