Comment la police technique et scientifique du Niger a fait sa révolution

Grâce au partenariat engagé en 2012 avec l’Union européenne dans le cadre de l’Eucap Sahel Niger, la police technique et scientifique (PTS) nigérienne a été réorganisée et modernisée. Son laboratoire et ses agents, qui bénéficient de formations de pointe, sont devenus une référence en Afrique de l’Ouest.

Au quartier général de l’Eucap Sahel Niger, en juin 2017. © Francois Xavier Freland pour JA.

Au quartier général de l’Eucap Sahel Niger, en juin 2017. © Francois Xavier Freland pour JA.

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Publié le 22 juin 2017 Lecture : 2 minutes.

Dans la salle de classe, une vingtaine de gendarmes et de policiers nigériens en uniformes écoutent avec attention les recommandations d’un de leurs compatriotes formateur. La plupart prennent des notes. Des questions sont posées, avec discipline. Nous sommes à Niamey, au quartier général de l’Eucap Sahel Niger, l’opération de formation et de conseil aux forces de sécurité menée en partenariat avec l’Union européenne (UE) depuis 2012 pour lutter contre le terrorisme et le crime organisé dans la sous-région.

Le commissaire Souleymane Daoura, responsable de la division identification au sein de la police technique et scientifique (PTS) nigérienne, a lui-même été formé par les instructeurs européens avant de pouvoir à son tour dispenser les cours. Car les autorités nigériennes ont tenu à ce que les formations, encadrées par les experts de l’UE, soient assurées par des Nigériens, pour faciliter la compréhension et la communication.

Les agents suivent une formation en droit judiciaire, ils apprennent à bien effectuer les recherches d’empreintes, font des prélèvements d’indices…

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Basée à Niamey, l’Eucap Sahel Niger dispose d’un budget de 26,3 millions d’euros pour la période allant du 16 juillet 2016 au 15 juillet 20170. « Dans un premier temps, avant celle de la PTS, les agents suivent une formation en droit judiciaire, précise le commissaire Daoura. Ils apprennent à prendre des photos des lieux, à bien effectuer les recherches d’empreintes, font des prélèvements d’indices qu’ils analysent ensuite sur ordinateur, etc. Puis on passe à la deuxième étape, celle de l’enquête terroriste, à partir de traces technologiques. Il s’agit par exemple de parler un téléphone ou un ordinateur. »

 © François Vavier Freland pour JA

© François Vavier Freland pour JA

Terminée, la culture de l’aveu

La plupart des élèves sont originaires des huit régions du Niger. Certain sont issus de la gendarmerie et retourneront dans leur ville d’origine, les autres, agents de la police nationale, sont affectés dans des services spécialisés à Niamey.

La PTS est composée de quatre divisions − celles des laboratoires de police scientifique, de l’informatique et des traces technologiques, de l’identification, et de la formation technique − et dispose d’un effectif total de 515 personnes. Pour le moment, les empreintes génétiques sont traitées en France, mais le Niger compte rapidement pouvoir assurer lui-même ces recherches extrêmement techniques.

Nous sommes passés de la culture de l’aveu à celle de la preuve scientifique

« Nous sommes passés de la culture de l’aveu, avec son lot d’abus, à celle de la preuve scientifique. Pour un État de droit c’est primordial », estime Franck Fortin, capitaine de police et expert en police technique et scientifique au sein de la mission Eucap Niger.

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Un nombre important de femmes

Chaque élève reçoit un kit de matériel d’identification, une prime de 45 000 F CFA (68,60 euros) et une attestation de stage. Tous les frais sont pris en charge par l’Eucap. « Nous sommes impressionnés par le nombre important de femmes, remarque le capitaine Fortin. La plupart d’entre elles sont animées par la conviction de faire quelque chose de positif pour leur pays, avec une forme d’engagement patriotique. »

La plupart des recrues féminines sont animées par la conviction de faire quelque chose de positif pour leur pays

Preuve que ces formations connaissent déjà un succès certain dans la sous-région : la police burkinabé a plusieurs fois demandé l’aide de la PTS nigérienne lors des attaques terroristes qui se sont déroulées au premier et deuxième trimestres sur son territoire.

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